SERMON MAGAL 2009

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Nous commençons nos propos par le Nom de notre Seigneur (SWT). Lui qui nous créé à partir du néant par Sa Volonté et par sa Bonté. Nous Lui renouvelons nos infinis remerciements pour les bienfaits et privilèges qu’Il nous a donnés et qu’Il ne cesse de nous gratifier.

Nous le prions afin qu’Il ne cesse de répandre Sa Lumière, Sa Miséricorde sur son Esclave et Envoyé Mouhammad (PSL). Nous formulons aussi ces prières pour son esclave et serviteur de son Envoyé, en l’occurrence Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul.

Nous Prions Allah (que Sa Grandeur soit louée) afin que Son Pardon et Sa Clémence se répandent sur tous les défunts musulmans ainsi que sur ceux qui sont encore en vie. Qu’Il nous guide sur Son Chemin, nous y maintienne et nous protège des malheurs et des catastrophes.

Nous remercions tous les frères et sœurs en la foi. Ce 18 Safar est une occasion pour remercier Allah (SWT) et Lui rendre grâce pour les bienfaits qu’Il nous a accordés. Que chaque individu sache que notre Seigneur connait parfaitement les bonnes intentions que nous formulons et les bons actes que nous accomplissons pour ce jour. Que chacun sache qu’il œuvre pour lui-même.

Sachons également que nos œuvres d’ici-bas nous attendent dans notre demeure éternelle. Celui qui vit sur terre est assimilable à un émigré qui envoie dans son pays d’origine de l’argent pour qu’on lui construise une maison et lui fasse l’ameublement. Cette maison sera construite et meublée proportionnellement à la somme d’argent qu’il aura envoyée. En revanche, celui qui est à l’étranger et qui dilapide tout ce qu’il y gagne ne trouvera rien à son retour, au pays natal.

 De même toute personne qui n’accomplit pas de bonnes œuvres et ne dépense pas dans le sentier d’Allah durant sa vie sur terre soit par négligence soit parce que Satan l’a convaincu qu’il s’appauvrirait ou l’a rendu égoïste en le faisant aimer sa fortune, celui-là n’aura ni demeure ni subsistance dans l’au-delà. Donc, chacun d’entre nous œuvre pour son propre compte. Celui qui se sera entièrement tourné vers son Seigneur et Lui aura tout donné n’aura évidemment pas la même récompense ou le même traitement que celui qui aura agit autrement.

Nous remercions tous ceux qui, bien qu’ayant la volonté de bien faire, n’ont pas eu les moyens de traduire leurs bonnes intentions en actes à l’occasion de cet évènement. Nous remercions bien, ceux qui ont mis les moyens traduisant ainsi leurs bonnes intentions pour la seule Face d’Allah. Qu’ils sachent qu’ils retrouveront le fruit de leurs actions dans l’Au-delà.

Concernant le zikr (wird) intitulé «Mussabbahatul Hasri» (l’expression signifie : dix choses à faire sept fois) que je vous ai recommandée, Serigne Souhaibou Mbacké  a dit dans son ouvrage  intitulé « Quratul haïni » où il a rassemblé beaucoup de prières et d’invocations que, celui qui le fait deux fois par jour c’est-à-dire juste après la prière de l’aube (Suba) et juste après celle de Asr (Takussan), le Seigneur lui pardonnera les fautes commises au cours de la journée.

Grâce à Allah (SWT), j’ai reçu ce wird des mains de Serigne Saliou Mbacké pour la première fois. En ce moment j’étais alors très jeune, néanmoins il avait constaté ma détermination dans l’adoration d’Allah. Même si notre Seigneur ne prend pas en compte avec rigueur les actes que nous faisons pendant notre jeune âge, selon la tradition, Il habitue très tôt certaines créatures aux actes de dévotion.Notre Seigneur nous a donné force et soutien dans la pratique de ce Wird jusqu’à ce qu’à ce que Cheikh Ahmadou Bamba nous renouvelle l’ordre de le pratiquer.

Ce livre que j’ai entre les mains intitulé « Ihya Ouloumu diine » (« revitalisation des sciences religieuses ») est de l’Imam Mouhamed Al Ghazali, un grand érudit de l’Islam. Certains disent même que son ouvrage intitulé « Min Haadjul haabidiine » a beaucoup inspiré Cheikhoul Khadim et l’a incité (bien sûr après qu’Allah l’ait préparé comme Il le fait pour ses Saints) à s’engager dans la voie que les anciens hommes de Dieu avaient empruntée. Cheikhoul Khadim lisait très souvent ce livre. Al Ghazali a écrit  beaucoup de livres  mais  celui intitulé « Ihya Ouloomu diine » est le plus volumineux et le plus complet. En effet, dans cet ouvrage, l’Imam Al  Ghazali a traité plusieurs domaines du savoir spirituel. Dans « Massalikal Jinan » (« Itinéraires du paradis »), Cheikh Ahmadou Bamba cite à plusieurs reprises Al Ghazali. Pour preuve il dit dès l’entame de l’ouvrage : « chaque fois que j’utilise l’expression « il dit », sachez que je fais allusion à l’Imam Al Ghazali même si je ne le cite pas nommément ».

Dans le Tome I de «Ihya Ouloomu diine », précisément à la page 422, vous trouverez un recueil de prières parmi lesquelles celle dite « Mussabbahatul Hasri ».

De même dans l’ouvrage de l’Imam Abu Talibi Mackiiyi intitulé « Khootul khulob », on retrouve ce qu’on appelle « iznul-abraar » et les différentes sortes de prières. Cet ouvrage est la source d’inspiration de beaucoup de Saints. Les prières ont longtemps existé. C’est pourquoi elles sont consignées dans l’essentiel des ouvrages des Saints. Cependant, la différence réside dans la personne assermentée pour donner ces prières. Par exemple, le wird  « Mankhouzul minalahi bi wassitir-rassoulillahi » que Cheikhoul khadim a reçu d’Allah (SWT) par l’intermédiaire du prophète (PSL), se trouve dans certains ouvrages d’homme de Dieu. Cependant, la différence est ésotérique. En effet, dans le wird « Mankhouz » on trouve « Asbunalahou wanihmal wakiilou », (« Bissmilahi laziyad la yadru wassi …) « Salatul fatiha » que les disciples de Cheikh Ahmed Tidiane attribuent à ce dernier. « Asbounalahi wa nihmal wakiilou » constitue la plus grande partie du wird  khadriya de Cheikh Abdoukhadre  Dieylani. Tout cela montre l’ancienneté et la constance des actes de dévotion.

Ceux qui appellent les gens vers Dieu sont nombreux, mais la différence se trouve au niveau de leurs prérogatives. Certains reçoivent de leur Seigneur un wird et l’ordre de le transmettre à leurs disciples ; de leur indiquer un chemin qui mène à Dieu. Par contre, d’autres n’ont pas cette faveur. Ceux qui appellent les gens vers Le Seigneur sont nombreux, mais en ont-ils reçu Son ordre? C’est là où se situe la différence. En effet, celui à qui son Seigneur a ordonné de montrer aux gens le chemin menant vers Lui est différent de celui qui n’a pas reçu l’autorisation.

Dans « Ihya ouloomu diine », l’Imam Al Ghazali a rassemblé beaucoup de prières, mais il précise  que celle nommée «Mussabbahatul Hasri » réuni tous les bienfaits contenus dans les autres prières. Un homme de Dieu parmi les Abdaal  (quelqu’un qui peut remplacer un calife en son absence) avait reçu cette prière d’un parent qui était aussi un homme de Dieu venu de Sham (Syrie). A la question de savoir où il avait pris cette prière, ce dernier répondit qu’il l’a reçue d’un autre homme de Dieu. Celui-ci lui aurait dit : « un jour je me trouvais près de la Kaaba en train de faire des zikr «lahi laha ilala», de louer mon Seigneur par Ses plus Beaux Noms et un homme d’une beauté extraordinaire et très pieux m’y trouva. Je n’eus jamais vu un homme si beau, si bien habillé et si pieux. Il me salua très chaleureusement et s’assit à ma droite. Je lui demandai qui était-il et quel était l’objet de sa visite. Il répondit que son nom était Qadir et qu’il était venu me saluer. Il ajouta qu’il m’aimait pour la face de Dieu aussi était-il venu me remettre un cadeau (à savoire la prière Mussabbahatul Hasri) ». « De quoi s’agit-il », lui demandai-je ? Et à lui de répondre : « il faut dire deux fois par jour (avant le lever du soleil et avant son coucher) 7 fois la sourate Al Fatiha, Ayatoul koursi, les sourates Kafiroun, Ihlass, Falaqi, Nasri, suivis des formules :

1       Subhanala, walhamdoulila, walahilaha ilala, walahou akbar, wala awla wala khouwata, ila bilahi aliyil azim

2        alahouma Sali ala seydina mouhamadine waala seydina Mouhamadine kama saleyta alaa Seydina Ibrahima wa ala Seydina Ibrahima wa barik alaa seydina Mouhamadine wa alaa seydina mouhamadine kama barakta ala seydina ibrahima wa ala seydina Ibrahima fil alaminina inaka hamidoune majidoune.

 Le bénéficiaire demanda à Qadr les bienfaits liés à la pratique de ce wird. Qadr répondit : « Je l’ai reçu du prophète et tu pourra lui en demander les bienfaits quand tu le verra. »

            En effet, la lumière du prophète se manifeste, à chaque époque, sur certaines personnes. C’est peut-être la possibilité de voir le prophète physiquement qui est sujet à discussion. Nous parlons des connaissances livresques qui sont accessibles à tous ; mais il y a des connaissances ésotériques que nous ne dévoilons jamais.

            Par la grâce de Dieu ce saint homme vit en songe des anges qui l’amenèrent au Paradis et lui firent visiter l’ensemble de ses endroits où il vit  des lits en or, des salons en or, des bibliothèques, des jardins, des fruits, des gâteaux succulents et des houroul ayni (les femmes du paradis). Le saint homme demanda aux anges le propriétaire de cette demeure. Les anges répondirent : « à celui qui récite quotidiennement Mussabbahatul Hasri ». L’homme qui a fait le songe a pu goutter à l’eau, aux aliments et fruits du paradis. Il a aussi vu le prophète accompagné de 70 autres prophètes et de 70 rangées d’anges, s’étendant chacune d’Est en Ouest. Le prophète le salua et lui tint le bras. L’homme de Dieu dit au prophète qu’il a reçu cette prière de Qadr qui la tient de lui. Le prophète dit : « je confirme ce qu’a dit Qadr. Tout ce qu’il dit est vrai. Il détient les connaissances qui sont sur terre et dans les cieux. C’est lui le maître de tous les Abdaal. Il fait partie des érudits ». L’homme poursuit : « Oh Envoyé de Dieu, celui qui pratique ce wird et qui ne voit pas ce que j’ai vu aura-t-il la même récompense ». Le prophète répondit : « Je jure au nom de Celui qui m’a envoyé et qui a fait de moi un prophète que celui qui pratique ce wird, même s’il ne me voit pas en songe ou ne se voit pas attribuer le paradis, verra tous ses péchés absous, sera épargné du courroux d’Allah et les anges chargés d’inscrire ses mauvaises œuvres auront l’ordre d’arrêter jusqu’à l’année suivante».

            On raconte que l’homme qui avait fait le songe est resté quatre mois sans manger ni boire grâce à l’eau qu’il avait bue et les fruits qu’il avait mangés au le paradis.

Donc ce Wird est complet et peut remplacer tous les autres wird. Ce que j’y ajoute comme recommandation c’est la lecture méditative du Coran. Même si on n’y ajoutait pas la lecture du Coran, ce wird peut suffire comme prière car il contient  des sourates du Coran. Cependant, il est souhaitable de l’associer à la lecture du Livre Saint

            Tout disciple qui pratique correctement ce wird aura tous les bienfaits que je viens de citer et continuera de les recevoir tant qu’il ne cesse de le faire. Je recommande à tous ceux qui ont conclu le pacte d’allégeance avec moi de s’astreindre à faire ce wird. Tout disciple qui avait reçu un autre wird peut se contenter de celui j’ai nommé « Fathul baaqil qafaar fii anwarril nabiyil moukhtar». Tout individu qui reçoit ce wird de nous et  s’y adonne convenablement aura les bienfaits susmentionnés.

            Avant de conclure je vous recommande de redoubler d’efforts dans les actes de dévotion, de bien suivre les recommandations d’Allah (SWT), de vous détourner de ses interdits et d’accepter volontiers son décret. Acquittez-vous vos devoirs envers Allah et envers vos semblables. Ayons de bonnes intentions envers tous les musulmans. Evitons la médisance et la calomnie. Evitons de causer du tort de par nos actes ou nos paroles à une quelconque personne. Souhaitons à autrui ce que nous souhaitons pour nous même. Que ceux qui habitent ensemble ou travaillent dans un même lieu s’unissent, se solidarisent, s’entraident  et soient des modèles dans l’adoration d’Allah, le respect mutuel et l’abnégation dans le travail. Soyons modestes et humbles dans ce que nous faisons pour la face d’Allah. Ne nous vantons pas de nos bonnes œuvres. Ne nous considérons jamais meilleur que qui que ce soit. Respectons les parents et soutenons les pour la face d’Allah. Efforçons-nous de travailler sérieusement mais aussi d’adorer constamment notre Seigneur et à œuvrer  pour Lui. Soyons déterminés, ambitieux et ayons de bonnes intentions dans la recherche de l’agrément d’Allah.

            Tout ce que nous avions souhaité développé, nous ne pouvons pas le faire parce que Notre Seigneur l’a voulu ainsi. Fait partie de notre enseignement tout ce qui est empreint du sceau de la Baraka (Prospérité). En effet, avant sa mort, un riche avait conseillé à son fils préféré, de ne pas hériter et de laisser l’ensemble de ses biens à frères et sœurs. A la mort de son père, il suivit le conseil. Quelques temps après, il vit en songe son père qui lui demande d’aller à un certain endroit prendre 2000 dirhams. Le fils lui demande si cette somme d’argent était porteuse de prospérité. Le père ayant répondu par la négative, le fils lui dit qu’il n’a pas besoin de ce qui n’est pas prospère. Quand il en parla à sa femme, celle-ci essaya en vain de le faire changer d’avis. Ensuite, il revit en songe son père qui lui indique un endroit où se trouvaient  1000 dirhams. Le fils lui reposa la même question. Il reçut la même réponse et déclina de nouveau l’offre.

Enfin, il revit son père en songe qui lui indiqua un lieu où il pourrait  trouver deux dirhams qui contrairement aux autres sommes était supposés être porteuse de prospérité. Le fils prit alors les deux dirhams, se rendit au marché et acheta du poisson. Lorsque sa femme éventra le poisson, elle y trouva deux pierres de diamants qu’elle remit à son mari. A cette période, il y eut un roi dont la fille s’apprêtait à rejoindre la demeure conjugale. Lorsqu’il finit de la parer, le roi fit venir les habitants de son royaume et leur demanda ce qui manquait à la parure de la jeune fille. Quelqu’un de la foule lui fit savoir qu’avec un diamant au front, la mariée serait plus belle.  Le roi ordonna alors qu’on lui trouve un diamant.

Ainsi, le fils put échanger l’une des pierres précieuses contre 40 chameaux chargés d’or pur. Quand le diamant fut attaché au front de la mariée, certains estimèrent que si elle en avait un autre derrière ce serait encore mieux. Le roi acheta la deuxième pierre de diamant au prix de 60 chameaux chargés d’or. La leçon qu’on peut tirer de tout cela, c’est l’intérêt qu’il y a à suivre une recommandation et à rechercher la Baraka. Cette dernière est très importante et chacun doit la chercher dans toute entreprise. Que chacun de nous redouble d’efforts et soit déterminé à tout moment.

Qu’Allah fasse que nous célébrons  plusieurs années encore ce Magal et que nous ayons tous les bienfaits que Sergine Touba en cherchait. Prions  aussi afin que nous soyons ses dignes représentants sur terre en appelant les gens sur le droit chemin pour qu’ils suivent les recommandations d’Allah et se détournent de ses interdits. Sachons que ce qui est à l’origine  de cet évènement c’est le fait d’accepter le décret de Dieu, d’adorer Allah, l’Unique sans L’associer à personne ni avec rien d’autre. Désormais, à cette occasion, les fidèles affluent vers Touba. Cela aurait été très bénéfique pour tous si les fidèles savaient le fondement de cet évènement et le comportement à adopter pour en tirer profit.

Que chacun de nous ait à l’esprit les enseignements du Prophète PSL à savoir la justice, la droiture et la vérité. Ces enseignements étaient d’inciter les hommes à suivre les recommandations divines, à se détourner des interdits, à cultiver de bonnes habitudes, à se rappeler sans cesse le caractère éphémère et des mirages de la vie terrestre et de les exhorter à bien préparer l’au-delà par les meilleurs actes, paroles et intentions. Que chacun de nous se maintienne sur le droit chemin en ayant toujours de bonnes intentions et en étant endurant. Cherchons uniquement l’agrément d’Allah, n’ayons pas peur des dénigrements, ne nous laissons pas flattés par les louanges des autres. Que seul l’agrément d’Allah compte pour nous. Je recommande tous d’être déterminés, de renouveler les bonnes intentions et les objectifs pour la Face d’Allah (SWT).

Je vous exhorte à bien préparer le Gamou et le Leylatoul qadr. En effet, un mouride ne doit cesser d’œuvrer que lorsque son âme se sépare de son corps pour quitter ce bas monde qui est très insignifiant, éphémère et trompeur pour aller rencontrer son Seigneur (afin qu’Il le récompense) et vivre éternellement auprès de Lui dans la paix, la quiétude et le bonheur.

Je vous recommande de renouveler les bonnes intentions, de rehausser les ambitions religieuses, d’unir vos forces et de vous entraider pour la Face d’Allah.

Dieu a déjà décidé et a agi selon sa Volonté de sorte que nous savons avec certitude que quiconque n’est pas prédestiné au salut ne me connaîtra. C’est moi qui suis le point de ralliement de tout le monde. Cette assemblée est constituée de jeunes à l’exception S. Cheikh Fall (il s’agit d’un disciple vieux d’environ soixante dix ans). Dans quelques années, les hommes afflueront vers cette place et cela jusqu’à ce que nous irons à Janatul Firdaws.