Serigne Touba

Cheikh Ahmadou Bamba MBACKE (KHADIMOU RASSOUL)

AU NOM DE DIEU, LE CLEMENT, LE MISERICORDIEUX
Que Dieu accorde Son Salut au Prophète Mouhammad et lui assure la Paix
Introduction
« Je jure par La Grandeur d’ALLAH que je suis le bien-aimé de l’Envoyé de DIEU (Paix et Salut sur Lui), son véritable ami dont ses intentions et aversions sont miennes. »
« L’amour que j’ai envers Le Prophète (Paix et Salut sur Lui) a fait disparaître dans mon cœur celui des biens, de la famille et l’amour de mes enfants. »
« ALLAH (Que Sa Grandeur soit exaltée) m’a octroyé des faveurs qu’Il n’a jamais accordées et qu’Il n’accordera plus à  personne. »
SERIGNE TOUBA (Khadimou Rassoul)
Il est établi selon la Sagesse que :

  1. Celui qui sollicite une chose dans la persévérance finira par l’impétrer
  2. Celui qui frappe à une porte avec obstination finira par la franchir
  3. Celui qui se retranche loin des vanités est du nombre des intelligents
  4. Celui qui ne soumet pas son âme à l’épreuve, jamais il n’accédera à l’Agrément du Seigneur
  5. Celui qui fait ce qu’il veut n’en retirera que désagrément
  6. Celui qui s’applique avec assiduité au combat contre son âme charnelle sera bienheureux dans sa tombe
  7. Quiconque obéit scrupuleusement à l’Envoyé obtiendra la meilleure satisfaction des vœux
  8. Quiconque observe l’abstinence des vices obtiendra des qualités éminentes
  9. Le règne de l’erreur est d’un instant, celui de La Vérité perdurera jusqu’à l’Heure

Cheikh Ahmadou Bamba, le Serviteur du Prophète.
Les parents du Cheikh

Dans son livre intitulé « Minanoul Baaxil Xadiim » ou « Les Bienfaits de l’ÉTERNEL » Serigne Bachir MBACKE, fils du Cheikh Ahmadou Bamba, nous enseigne que le Cheikh Ahmadou MBACKE, connu également sous le nom de Khadimou Rassoul (Le Serviteur du Prophète), est le fils de Muhammad, fils de Habîballah, fils de Muhammad Al Khayr. Il naquit vers l’an 1270 de l’Hégire (1853).
Son père fut un noble savant jurisconsulte agréé par les musulmans en tant qu’imâm. Princes et rois l’aimaient également parce qu’ils avaient réalisé l’étendue de sa science, la grandeur de sa rigueur morale, son caractère véridique et l’équité de son jugement. Il était chargé de l’exécution du droit à l’intérieur du royaume du  Cayor en tant que Cadi du roi Lat Dior.
Sa mère, Mariama Bousso, grâce à sa piété, sa vertu et son scrupule, eut le privilège de répondre au nom de « Jâratul Lâh » (voisine de Dieu) au milieu des siens. Elle était pieuse, chaste et fidèle. Toute soumise à son Seigneur, d’où son surnom, elle accomplissait très fréquemment la prière, le jeûne, l’aumône (surérogatoires bien sur) et s’acquittait sincèrement de ses devoirs à l’égard de DIEU et de son conjoint. Elle éduquait ses enfants de façon à développer en eux la bienveillance, le sentiment religieux et la pureté morale. Souvent, elle leur racontait les histoires des pieuses gens afin de les inciter à suivre leur exemple.
Son enfance
Doué d’une intelligence étonnante et d’une nature pure, le Cheikh écoutait attentivement ces histoires et les apprenait par cœur. En plus il se mettait à imiter les saints hommes avant même qu’il n’atteignit l’âge de la maturité.

Ayant entendu un jour sa mère dire qu’il était dans les habitudes des pieuses gens de prier durant la nuit, il se mit à prier dès que la nuit tombait et sortit sur la place du village pour méditer dans l’obscurité comme le font les dévots. C’est ainsi qu’il ne cessait, chaque fois qu’il entendait louer les Saints, de les imiter dans leur droiture morale.
Sa nourrice raconte qu’il n’avait pas le comportement habituel des enfants : il ne pleurait pas, même quand la faim le troublait. Depuis le temps de son allaitement, il avait l’habitude, chaque fois qu’on l’amenait vers des endroits où des jeux et des pratiques prohibées par la loi religieuse avaient lieu, de montrer une répugnance et de s’emporter si violemment qu’on craignait qu’il n’en revint plus. Mais son comportement redevenait normal dès qu’il était éloigné de ces lieux. Cela se produisait si fréquemment que tout le monde le savait.
Sa nourrice raconte également qu’après le temps de son allaitement, il évitait de se coucher sur le lit de sa mère et demeurait continuellement dans la partie destinée à la prière dans la chambre de sa mère, lieu qu’il ne quittait que sous la contrainte.
Dés sa tendre enfance, Cheikh Ahmadou Bamba avait commencé à montrer les signes d’un futur homme de Dieu.
A l’école coranique, Cheikh Ahmadou Bamba fit preuve d’une grande soif de connaissances. Son père l’avait confié à Serigne MBacké NDoumbé (son oncle maternel) puis à Mouhammadou Bousso (oncle maternel et ami intime de son père), auprès desquels il put apprendre l’ensemble du Coran et certaines sciences religieuses (théologie, mystique, droit musulman, prières) en un temps record.
Devenu adolescent, il se rendit auprès de son père ; jusqu’à 1300 après l’Hégire (1882 Grégorien), Cheikh Ahmadou Bamba s’occupait de l’enseignement auprès de son père et a écrit de nombreux ouvrages dans le domaine de la Jurisprudence, la Théologie, le Perfectionnement Spirituel, ….
Contexte

Depuis la disparition du Prophète Mouhammad (Paix et Salut de DIEU sur Lui) une suite ininterrompue d’hommes de Dieu s’est succédée sur terre. Quelque fois ils apparaissent en même temps, chacun dans un endroit. Il peut arriver qu’un petit nombre seulement de fidèles les suivent, ceux qui bénéficieront de la grâce et du pardon de notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée).
L’humanité a besoin, plus que jamais, aujourd’hui d’exemples vivants qui exaltent les esprits et permettent de regarder de plus haut un monde matérialiste, déboussolé, partagé entre la crainte et l’espoir, avec des ambitions démesurées d’hommes ayant perdu le sens des réalités et qui, sans apprendre à dominer leurs passions ont dominé la nature grâce au développement des sciences et des techniques qui ont modifié leur vie.
Le monde traverse une crise non seulement spirituelle, nous dit-on, mais aussi métaphysique.
Cheikh Ahmadou Bamba est apparu au Sénégal dans la deuxième moitié du 19ème   siècle. Cette période se caractérise par deux évènements majeurs dans l’histoire de l’Afrique occidentale: la fin de la Traite Négrière par les puissances européennes et la finalisation du processus de Colonisation de l’Afrique par ces mêmes puissances.
Le Commerce des Esclaves (Traite Négrière) qui aura duré plus de trois siècles répondait à des impératifs économiques, ces esclaves constituant pour les puissances européennes, une inestimable source de main d’oeuvre pour leurs exploitations agricoles des Amériques.
La conséquence de ce commerce aura été une désorganisation de ces sociétés africaines, qui, outre les ravages de l’alcool et les saignées humaines des esclavagistes, auront à endurer une négation totale de leur culture, de leur religion, bref de leur condition d’humain.
Cette ignominie, qui néanmoins trouvera une justification humanitaire (“civiliser l’Homme Noir”) et aura même (du moins à ses débuts) la bénédiction de l’Eglise, finira par être abolie en 1848.
Cependant les exigences de l’industrialisation (recherche de matières premières et de marchés) et la volonté impérialiste des puissances européennes vont dicter à l’Europe, (notamment à la France pour le cas du Sénégal) une politique de conquête territoriale (la Conquête Coloniale).
Cette politique expansionniste va rencontrer au Sénégal une farouche résistance tant du côté des chefs religieux (El Hadji Oumar Tall, Maba Diakhou Ba, …) que du côté de l’aristocratie (Lat Dior, …). Mais du fait du décalage technologique et l’affaiblissement des royaumes dû à la Traite Négrière, toutes ces résistances vont être défaites.
C’est dans ce contexte qu’apparut Cheikh Ahmadou Bamba, le Serviteur du Prophète. Il reçut des grâces et des bénédictions de notre Seigneur au vu et au su de tout le monde. Il occupe une place privilégiée parmi les hommes de Dieu qui ont indiqué la voie droite, l’unique qui permet d’accéder à ALLAH.

C’est à l’occasion du décès de son père en 1301 (1883), enterré à Dékheulé à coté de Lat Joor, que le Cheikh a écrit les vers suivants :
  « Penche vers les portes des sultans – m’ont-ils dit – afin d’obtenir des dons qui te suffiraient pour toujours. »
« Dieu me suffit – ai-je répondu – et je me contente de Lui et rien ne me satisfait si ce n’est la Religion et La Science »
« Je ne porte mes espoirs qu’en mon Roi, je ne crains que Lui – qu’Il est Auguste – Lui qui peut m’enrichir et me sauver. Comment disposerais-je d’ailleurs ma destinée entre les mains de ceux-là qui sont incapables de régler leur propre sort »
« Ou bien comment l’amour des vanités de ce monde peut-il m’obliger à fréquenter des êtres dont la mesure est le parterre fleuri des démons? »
« Si j’éprouve du chagrin ou bien si j’ai une requête à présenter, c’est au Maître du Trône que j’adresse mes prières. »
« IL est l’aide que rien ne réduit à l’impuissance et c’est Lui qui fait ce qu’IL veut de la manière qui Lui plaise. »
« S’IL veut brusquer une affaire, celle-ci est vite faite et s’IL veut en retarder l’échéance, elle ne sera accomplie qu’après le délai marqué. »
« Ô toi qui blâmes, ne vas pas trop loin! Cesse de me blâmer! Car mon abandon des futilités de cette vie ne m’attriste point. »
« Si mon seul défaut est la renonciation aux vanités des princes, c’est là un précieux vice qui ne me déshonore point. » (“Qâlû liya arkân”).
C’était là un double défi lancé à la fois aux rois, à qui le Cheikh rappelait leur servitude vis-à-vis de leur Seigneur ALLAH (Que Sa Grandeur soit Exaltée) et à l’élite de l’orthodoxie musulmane dont il dénonçait la complaisance.
C’est ainsi que le mouridisme est né à Mbacké Kajoor où habitait son père Mame Mor Anta Salli et il appela tous les fidèles de Mbacké Kajoor à se joindre à sa mission. Certains le suivirent, mais d’autres s’en détournèrent. Après quelques mois, il quitta Mbacké Kajoor pour se rendre à Mbacké Baol, la terre de ses ancêtres.
Historique de Mbacké Baol

Ce village fut fondé par son grand-père Mame Marame MBACKE (1703–1802), originaire du Djolof qui avait un ami et collègue dénommé Serigne Malamine SARR qui habitait dans le Baol. Aux funérailles de ce dernier, assassiné en 1795 par un roi (du nom de Cissé), Mame Marame s’y rendit en compagnie de toute sa cour pour présenter ses condoléances à la famille éplorée. Le roi, ému par la haute situation sociale de cet homme, saisit vite la gravité de sa faute, car il ne pouvait imaginer que la victime pouvait connaître un homme de la dimension de Mame Marame. Afin de réparer son crime, il proposa à Mame Marame de lui donner un terrain dans son village, offre que ce dernier accepta, d’où aujourd’hui le village de Mbacké Baol. Cependant Mame Marame ne s’y s’installa pas. Il le confia à son fils aîné Ibrahima Awa Niang. Ses frères le rejoindront plus tard et progressivement, le village ne fut peuplé que de Mbacké-Mbacké (c’est à dire des gens du nom de Mbacké).
A Mbacké Baol, Serigne Touba poursuivra sa mission de restauration des authentiques valeurs islamiques léguées par le Prophète Mouhammad (Paix et Salut de DIEU sur Lui) qui commençaient à se perdre au sein da la société à cause de la colonisation.
Sa mission

A l’image de tous les Hommes de Dieu, sa noble ambition rencontra vite des résistances venant de partout : d’abord de sa propre famille (certains de ses demi-frères), ensuite de l’élite locale, mais surtout de l’administration coloniale. Les disciples qui l’ont suivi ont été persécutés, pourchassés, torturés et même souvent tués.
Après avoir passé quelques temps à Mbacké Baol, il effectua un court séjour chez les Boussobé (la famille de sa mère) avant de fonder le village de Darou Salam (la Demeure de La Paix). Ensuite, il fonda le village de Touba (La Félicité) où il passera sept ans.
En 1312.H (1895), un jour en observant comme d’habitude sa retraite spirituelle dans la mosquée de Darou Khoudoss, le Prophète (Paix et Salut de DIEU sur Lui) lui apparut pour lui annoncer les dures épreuves qu’il devrait endurer avant d’obtenir sa quête auprès de Dieu. Mais, tant qu’il restait à Touba, rien ne lui arrivera car ce village est sous la protection de son Seigneur. Alors, il se rendit à Mbacké Baari. Ce village appartenait à l’époque au roi Samba Laobé. Cheikh Ahmadou Bamba s’y installa aux cotés de Ma Abdou Lô et de Ibra Fatim Sarr.
L’installation de Serigne Touba à Mbacké Baari va très vite susciter la jalousie et la haine du roi. En effet, Samba Laobé devint de plus en plus impuissant avec la ruée de sa cour vers le Cheikh. Il complota alors contre lui en imitant sa signature dans une lettre qu’il adressa au gouverneur de Saint Louis, le menaçant d’une éventuelle attaque de lui et du marabout. A l’époque Mbacké Baari constituait un point stratégique, ce qui augmenta la crainte des colons.

Face à ces manigances qui s’amplifiaient de jour en jour et l’installation de Serigne Touba à Mbacké Baari qui devenait de plus en plus insupportable, l’administration coloniale de Saint Louis décida alors de le convoquer devant le tribunal pour répondre à toutes ces accusations portées sur sa personne. En réalité ce n’était que des prétextes montés de toutes pièces pour l’arrêter et l’éloigner de ses disciples qui devenaient de plus en plus nombreux. C’est ainsi que l’audience décida de son exil en Afrique équatoriale, au Gabon. C’est donc ce jour du 18 safar qui marque la célébration de l’anniversaire du grand Magal de Touba, symbolisant la victoire de Cheikh Ahmadou Bamba sur ses ennemis.
A son retour, après plus de sept années d’exil, il chercha un mouton à l’occasion du premier anniversaire et l’immola, en guise de reconnaissance à son Seigneur ; ce fut à Ndiareem (Diourbel). Ainsi ce jour de 18 safar devint son propre jour. Il demanda à tous les disciples, où qu’ils puissent se trouver, de le célébrer en immolant du coq au chameau chacun selon ses moyens, afin de rendre grâce à notre Seigneur pour tous les bienfaits qu’IL lui a accordés en ce jour mémorable. Important, ce jour du 18 Safar l’est, d’autant plus que Serigne Touba en dit lui-même que, celui qui le célèbre aura toujours un rang plus élevé sur celui qui ne le fait pas. Aussi, l’anniversaire du 18 safar est ressenti jusqu’au paradis.
Après sa disparition en 1927, son fils aîné Serigne Mouhammadou Moustapha Mbacké perpétua la tradition. C’est durant le califat de Serigne Fallou Mbacké que ce dernier appela pour la première fois à un rassemblement à Touba pour célébrer le Magal.