Il est fréquent d’entendre dire que l’histoire se répète. Bien que cette affirmation soit discutable nous pouvons nous permettre de faire partie de ceux qui la défendent même si nous devons nous baser sur un seul fait pour l’étayer. Nous pouvons nous enorgueillir d’avoir vécu encore une fois de plus une scène que les compagnons du Prophète (PSL) ont eu à vivre avec lui. Et le lieu de la scène n’est autre part que Manaroul Houda ou Mbarassane, comme il conviendra au lecteur, ce 20 octobre 2013. Puissions-nous en tirer les enseignements nécessaires. De par cette occasion, nous réitérons tous nos actes et paroles qui contribuent à rendre grâce au Seigneur le Très haut pour nous avoir mis dans le chemin qu’Il agrée. Lui qui ne cesse de nous octroyer des faveurs même si quelques fois c’est à notre insu. Lui qui nous protège de ce que nous pensons être bien pour nous et qui souvent contribue à notre perte, comme Il nous l’a édifié dans le Saint coran (Baqra verset 216) :
« Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas ».
Et pour ne pas tirer en longueur nous pourrions nous limiter à rendre grâce à notre Seigneur du seul fait qu’Il ait guidé nos pas vers l’une de ses créatures qu’IL agrée puisque c’est de là que découlent réellement notre prise de conscience et nos actes de bienfaisance afin de faire partie de ceux qu’Il agrée. Longue vie et très bonne santé à notre vénéré guide Cheikh Ahmadou Mbacké Maa- ul Hayaat, lui qui, comme à l’accoutumé, nous a fait vivre une fois de plus une scène de la vie du Prophète (PSL).
En ce dimanche 20 octobre 2013 où il recevait un petit fils de Serigne Touba Khadimou Rassoul et fils de Serigne Fallou Mbacké, en l’occurrence Serigne Mourtada Mbacké, nul ne peut imaginer la richesse de ce jour en histoire mais surtout en enseignement, tel ce passage que nous nous permettons de relater dans ce présent article.
En effet, comme le Cheikh l’a toujours enseigné à ses disciples, après l’appel du muezzin pour la prière de tisbar (zuhr), nous nous dirigeâmes aux préparatifs pour observer cet acte de dévotion. Quelques instants plus tard, la grande mosquée de Manaroul Houda était presque pleine de ce beau monde venu directement des champs d’arachide où il s’activait à la récolte, et certains n’eurent même pas le temps de changer de tenue. Il n’a fallu que peu de temps pour apercevoir le Cheikh et son hôte, dans leur démarche majestueuse, se diriger vers la mosquée pour présider la prière.
Et comme certains s’y attendaient déjà, le Cheikh, de par son humilité certes, mais surtout pour diverses raisons dirons-nous, dans la mesure où on peut dire que dans l’assemblée il n’y avait que des gens avisés et chacun peut se permettre d’interpréter l’acte à sa manière, fit l’honneur à son hôte de diriger la prière. Ce qui fut fait. Et là, à la fin de la prière, pendant que chacun plongeait dans ses invocations, on vit entrer un homme qui, de par son apparence physique, ne semblait pas jouir de toutes ses facultés mentales. Qui était-il réellement ? Qu’en savons nous, nous qui le vîmes pour la première fois ? Ce qui est sûr c’est qu’il a attiré l’attention de bon nombre des compagnons sur le visage desquels on sentait une certaine surprise en voyant l’homme s’avancer vers la première rangée ou était assis le Cheikh faisant face à son hôte et imam du jour. L’on se demandait qui est cet homme d’un âge bien avancé qui ne semblait pas sain d’esprit vu sa coiffure défait et son accoutrement ? Pendant que certains compagnons chargés de la sécurité hésitaient à le retenir, d’autres riverains qui semblaient le connaitre lui faisaient signe afin qu’il n’aille pas jusqu’à la première rangée. L’apercevant arriver, le Cheikh lui fit signe de s’asseoir à une place située juste derrière lui puisque l’imam était encore en train de faire quelques recommandations à l’assemblée. Ceci terminé et des prières faites, nous étions encore assis là dans la mosquée en attendant que le Cheikh et son hôte regagnent la demeure afin de nous consacrer aux prières surérogatoires.
Et là, comme on ne s’y attendait même pas, l’humble Cheikh se retourna majestueusement vers cet homme, lui serra la main et échangea quelques mots avec lui avant de rejoindre son hôte. Alors, ce fut comme si on nous disait : « pourtant c’est dans une circonstance similaire à celle-ci que la sourate Abasa (80) (Il s’est renfrogné) a été descendue. Et le Seigneur (SWT) s’adressait à son Prophète (PSL) en ces termes :
« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Il s’est renfrogné et il s’est détourné parce que l’aveugle est venu à lui. Qui te dit : peut-être [cherche]-t-il à se purifier ? Ou à se rappeler en sorte que le rappel lui profite ? Quant à celui qui se complaît dans sa suffisance (pour sa richesse). tu vas avec empressement à sa rencontre. Or, que t’importe qu’il ne se purifie pas ”. Et quant à celui qui vient à toi avec empressement tout en ayant la crainte, tu ne t’en soucies pas. N’agis plus ainsi ! Vraiment ceci est un rappel. Quiconque veut, donc, s’en rappelle ». (Versets 1 à 12).
En effet, comme les prêcheurs aiment à le relater, le Prophète (PSL) s’entretenait avec des dignitaires et riches de la Mecque afin de les convaincre d’embrasser l’islam vu l’apport qu’ils pouvaient lui emmener pour la propagation de la religion. Ainsi, il dut se désintéresser, d’une manière non agréée par Allah (SWT), d’un aveugle, en l’occurrence Abdallah Ibn Al Maktoum, qui tentait de l’interpeller sur une ou des questions qui pourraient l’aider à raffermir sa foi en Allah (SWT). Alors, Celui-ci fit descendre cette sourate pour rappeler son prophète à l’ordre.
Et c’est comme si de par cet acte-là nous avions reçu notre dose de la journée. Suffisamment pour que nous nous mettions à penser jusqu’aujourd’hui qui était réellement cet homme au comportement douteux ? Le Cheikh était-il obligé de lui adresser la parole ? Mais aussi notre seigneur (SWT) qui a descendu une sourate pour rappeler son Prophète à l’ordre n’en ferait-il pas autant pour ces Elus qui commettraient la même erreur même si ce n’est pas par voie d’une sourate ?
Quel que soit le cas, Cheikh Ahmadou Mbacké Maa-ul hayaat, de par cet acte, nous a, encore une fois montré la conduite agréée par Allah (SWT) face à une telle situation. Et il nous revient à nous disciples, ou musulmans de manière générale d’en tirer les enseignements nécessaires. Certes, c’est un geste qui semble si simple et normal mais c’est dans le contexte qu’on pourra vraiment le mesurer vu que de nos jours il est fréquent d’entendre certains disciples se plaindre de l’attitude de certains « hommes religieux » qui ont tendance à favoriser les disciples aisés au profit des démunis. Pourtant, comme disait un prêcheur, l’homme de Dieu doit avoir l’attitude d’un coxeur (rabatteur dans les moyens de transport) qui ne se préoccupe ni de l’accoutrement des clients ni d’autres détails sinon que la voiture soit pleine, c’est-à-dire conduire le maximum de personnes possible vers Allah (SWT).
Donc, que nous soyons Noirs ou Blancs, riches ou pauvres n’oublions pas que c’est le Seigneur Très Haut qui a décidé du sort de chacun d’entre nous, Lui qui a bien précisé dans le Saint coran, (Sourate Al Isra’’Le voyage nocturne’’ verset 70). « Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures». Et comme pour nous aider à comprendre ce verset, Serigne Touba Khadimou Rassoul nous guide dans « Nahdjoukhadaa il hadj » ou « la voie de la satisfaction des besoins » en ces termes : « En chaque créature, honore (respecte) le droit de Celui qui l’a créée ».
Cela dit, estimons nous heureux, nous disciples de Cheikh Ahmadou Mbacké Maa- ul Hayaat de constater que le Cheikh ne se limite pas à énumérer et à recommander les règles de bonne conduite que le Prophète (PSL) se devait de répandre sur terre mais qu’il les observe lui-même, et c’est plus que rassurant. Donc il nous revient de le suivre dans cette dynamique.
Il nous arrive d’entendre dire que telle ou telle personne ou tel chef religieux a fait telle ou telle chose et c’est suffisant pour soulever une critique sur toute une communauté ou une confrérie sans même essayer de s’imprégner d’abord des règles fondamentales qui la régissent avant de donner son jugement. Et on entendra certainement un citoyen lambda imbu de toutes les littératures et dont la seule ignorance réside dans la connaissance de sa religion dire : « Ce que Serigne tel a fait n’est pas du tout catholique ». Mais ce qui n’est pas catholique serait-il musulman ?
Permettez- nous de nous-en arrêter là car nous avons assez montré notre imperfection et nous reconnaissons que les autres sont mieux placés et plus disposés à faire ce que nous tentons de faire dans ces écrits. Et plus nous avançons, plus nous sentons qu’il nous reste encore beaucoup à faire de notre côté pour arriver à la perfection bien que nous fassions de notre mieux pour suivre les recommandations du Cheikh qui s’est toujours évertué à nous montrer comment vivre en société selon l’Islam, et même comment cohabiter avec les autres créatures, aussi insignifiantes paraissent-elles. Et c’est de là que découle la paix sociale, comme nous l’avons cité plus haut avec la recommandation de Serigne Touba dans ‘’Nahdjou’’. Un président d’une république pourrait s’en inspirer face à ces citoyens, un chef d’entreprise face à ses ouvriers, un maitre face à ses élèves, ou même un berger face à son troupeau puisqu’une mouche a valu le paradis à un homme qui pensait que son entrée dans ce lieu était due aux bonnes oeuvres auxquelles il se consacrait de son vivant.
Nous ne saurons terminer sans rendre grâce à Allah (SWT) à nouveau et nous prions pour qu’Il nous assiste à jamais, guide nos pas et nous maintienne dans sa voie. Comprenez que ce geste n’est pas une première chez le Cheikh mais plutôt qu’il est de ces scènes face auxquelles on ne peut rester indifférent. Serigne Sam Mbaye a tendance, comme d’autres prêcheurs aussi, à citer des hommes de Dieu les comparant eux ou leurs habitudes au Coran et l’on peut comprendre de par cet acte du Cheikh que ce sont des hommes dont le comportement correspond à ce que recommande le Coran même si quelques fois ils ne maitrisent pas toutes les sourates du Livre Saint. Et à ces mêmes prêcheurs d’ajouter aussi qu’il est préférable de commettre un péché envers Allah (SWT) qu’envers son prochain car Lui Il est Pardonneur mais il est incertain que ton prochain te pardonne un péché commis à son encontre.
Sur ce, nous implorons aussi le pardon de tous ceux qu’on a eu à côtoyer jusque-là ou que nous aurons à côtoyer pour tout tort que nous aurions commis, sciemment ou à notre insu, étant donné que nous reconnaissons notre imperfection. Jamais nous ne rendrons suffisamment grâce à Notre Seigneur (SWT) de nous compté parmi ses créatures les plus sacrées à savoir les hommes. Qui est qui ? Qui est quoi ? Certainement Mame Abdoul Aziz Sy (qu’Allah (swt) augmente Sa lumière et ses bienfaits sur lui) pourrait nous en dire quelque chose, lui qui a toujours déclaré ouvertement qu’il était prêt à se mettre une corde au cou et à se soumettre à n’importe qui, autorité comme simple citoyen afin qu’elle le traine où elle veut, si de cette initiative là devait dépendre la paix sociale. Ou aussi Serigne Saliou Mbacké (qu’Allah (swt) augmente sa lumière et ses bienfaits sur lui) chez qui tout le monde a noté qu’il était très souvent entouré de jeunes talibés de ses différents daaras, pour ne citer que ceux-là.
Que notre Seigneur Le Très Haut ait pitié de nous, augmente Ses bienfaits et sa miséricorde sur nous, nous procure le Salut ici-bas et à l’au-delà. Qu’Il éclaire nos coeurs et nos esprits afin que nous soyons disposés à considérer notre prochain comme notre propre personne sans tenir compte des différents critères de différenciation que nous nous sommes créé sur terre.
Qu’IL accorder une longue vie à notre vénéré guide Cheikh Ahmadou Mbacké Maa-ul Hayat qui ne cesse de nous transmettre de la manière la plus pratique les recommandations de notre Seigneur (SWT) afin que nous les suivions et que nous nous écartions de Ses interdits.
Amin.
Ibrahima SANE
Professeur d’Espagnol au lycée de Peté, Podor