TEMOIGNAGE SUR SERIGNE SALIOU THIAM

 
« Bismillaahir Rahmaanir Rahiim

« Béni soit Celui dans la main de qui est la Royauté,
« Et Il est Omnipotent.
« Celui qui créa la mort avant la vie afin de vous éprouver
« Et de savoir qui de vous est le meilleur en oeuvre,
« Et c’est Lui le Puissant, le Pardonneur. »
« Certes c’est d’Allah d’où nous venons
« Et vers Lui nous retournons » (La Parole d’Allah est certes véridique).

« Faut-il pleurer les Saints qui sont disparus
« Que même les terres et les cieux pleurent encore ? »
« Je les pleure en espérant de mes larmes « la satisfaction de Celui qui les a rappelés à LUI « pour les récompenser par un Bonheur éternel,
« notre Seigneur, que Sa Grandeur soit exaltée».
Nous te pleurons Baye Zaal, comme t’appelait affectueusement notre vénérable guide. Non pas des larmes de complainte, car nous acceptons le décret divin ; mais des larmes de compassion.
De compassion pour Maa-ul Hayaat, pour le vide que lui laisse un fils spirituel non seulement dévoué, mais qui incarnait ses enseignements dans la quasi perfection.
De compassion pour Baye Modou Thiam, car ce n’est pas dans l’ordre courant des choses de voir son enfant partir le premier, surtout un fils modèle de la trempe de Baye Zaal qui fait la fierté de tous. Mais je sais que vous avez trouvé au fond de vous-même la force et le courage nécessaires pour surmonter cette épreuve. De compassion pour Yaye Maguette Mbaye qui a vu en tant que mère la récompense tant méritée de son labeur dans le domicile conjugal lui filer entre les doigts. Mais sache Yaye Maguette que Saliou n’est pas parti il est là parmi nous. Khadim Rassoul n’a-t-il pas dit « Ne dites pas de ceux qui ont combattu dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts ».
De compassion pour Ton épouse, Soxna Fatou Binetou Camara, nous comprenons sa souffrance, sa solitude ; car attendant le retour d’un mari consolateur, elle se retrouve avec les pleurs d’un petit enfant orphelin qui jamais n’a joui du chouchoutage de son jeune papa.
Mais tu te consoleras en contemplant la progéniture qu’il t’a laissée.
De compassion pour ton fils, Cheikh Ahmadou Thiam, qui, très tôt, est privé de la présence d’un père difficilement remplaçable. Mais tu te consoleras, Cheikh Ahmadou, de l’oeuvre immense que ton père a laissé à la postérité. Il ya des absences qui valent plus que certaines présences.
De compassion pour vous autres condisciples, pour le sevrage brutal du lait spirituel qui jaillissait gracieusement de sa personne, sevrage de sa science, de sa courtoisie, de ses prêches, bref de cette lumière puisée de notre source commune, mais qu’il savait partager avec une générosité qui défie les averses torrentielles.
De compassion pour le dahira Majmahou Noreyni de l’UCAD, qui a perdu un membre exceptionnel.
Mais je sais que vous perpétuerez à jamais l’oeuvre de ce compagnon exceptionnel.
De compassion, pour tous ceux qui l’ont connu, car Baye Zaal était l’ami de tous.
Il y a des noms qui, sans être accompagnés de grands titres de célébrité, ne sont jamais prononcés sans réveiller des souvenirs honorables et doux.
Tel est ton nom, Serigne Saliou, vaillant condisciple, qui consacra une vie certes courte et studieuse, modeste et cachée, mais remplie de bonnes oeuvres dans une recherche acharnée de l’agrément éternel du Seigneur (swt) qui créa la mort avant la vie.

Combien de personnes ont su lire le texte coranique et les khassaïdes de Bamba grâce à ta générosité et ta patience dans la diffusion des connaissances islamiques ? Combien de personnes ont connu le sens et la portée des enseignements du serviteur du Prophète grâce à toi ?
Combien de jeunes filles se sont voilées à la simple écoute de ta parole ?
Qui n’a pas frémi de sensations spirituelles à l’écoute de tes sermons à la fois exquis et instructifs ?
Qui n’a pas été fasciné par ta politesse, ta modestie, ta courtoisie, ton sens de l’humour utile, ta science mais surtout ta promptitude à la dispenser ?
Qui n’a pas aimé ton sourire facile, radieux et pur, ton calme olympien, ta piété exemplaire, ta générosité débordante, ton renoncement au bas-monde que tu as quitté si tôt ?
Qui n’a pas été touché par ton altruisme, ta détermination et ta disponibilité sans faille dans tout ce qui relève du sentier d’Allah ?
Quiconque t’a connu, ne serait-ce que pour un laps de temps, peut témoigner de tes qualités exceptionnelles.
Tu fais parti de la liste restreinte de personnes vraiment dignes de reconnaissance et d’admiration, qui, par le courage et la patience ont vaincu la mauvaise fortune et ont fini de les inscrire définitivement dans la mémoire collective des hommes.
Tu nous as furtivement devancés vers le Seigneur, mais tu restes gravé dans nos mémoires et dans nos coeurs.
Mais qui es-tu Saliou pour condenser autant de principes, d’actions et de qualité dans une vie si courte ?
Tu nous es venu un certain 09/ 09ème mois de l’année 1986 faisant la joie d’une famille qui n’avait pas encore de garçon et qui pour cela a bénéficié des prières du vénérable, ton homonyme Cheikh Salih Mbacké.
Tu es donc le voeu exhaussé de ce Saint homme qui a prié pour que ta famille accueille le garçon précieux que tu étais.
Tu as ensuite reçu une éducation parfaite à la fois religieuse et à l’école sénégalaise par la diligence d’un père et d’une mère qui ont fait preuve d’une attention particulière à ton égard.
Ils ont su allumer en toi l’amour d’Allah, du Prophète, de Serigne Touba et de tous les gens de bien, du Coran et des khassaïdes.
Mais le couronnement de tout cela est venu quand tu as rencontré Cheikh Ahmadou Mbacké Maa-ul Hayaat.
Il a, en un temps record, fait de toi cette lune éclairante que tu étais.
Tu avais l’habitude de dire que quand tu as rencontré Maa-ul Hayaat, ta science s’est accrue de sorte que tu ne voulais plus entendre tes sermons prononcés avant.
Ta vie était utile, ta disparition l’est plus car elle nous démontre la finitude et l’insignifiance de ce bas-monde, elle nous rappelle l’imminence de la mort que ni les amis, ni la fortune, encore moins les bonnes qualités ne peuvent empêcher; sinon tu ne serais pas parti. Ton départ laisse certes un vide difficilement remplaçable, mais la façon dont tu es parti est plus que rassurante.
Ce témoignage de ton Guide, Ahmadou Mbacké Maa-ul Hayaat est illustratif à tous les égards. Il dit de toi ceci
« Il était un disciple déterminé, d’une ambition élevée dans la voie d’Allah (SWT). Sa conduite était exemplaire.
Qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde et nous pourvoie de sa Baraka.
Qu’Allah (SWT) couvre sa famille de ses bienfaits et leur accorde la patience de supporter Son Décret.
Il est parti jeune, mais avec une vie remplie de bienfaits.
Je témoigne que Notre Seigneur (SWT) a exhaussé nos voeux sur lui en lui accordant fin très rassurante ».
Mieux, Maa-ul Hayaat m’a dit, pas plus tard qu’avant-hier ces mots : « Sache que c’est quelqu’un qui a mon agrément. Dès qu’il prenait ses vacances universitaires, il se mettait à ma disposition en m’exprimant son désir d’aller aux champs ».
Pour qui sait ce que représente l’agrément de Maa-ul Hayaat, ton destin n’est qu’enviable et envié. La manière dont tu as quitté ce bas-monde nous rassure aussi. Tu as dirigé la prière de Subh, fait ton Wird, lu une partie du Coran et des Khassaïdes, puis retourné tranquillement à Allah que tu as tant aimé et à qui tu as consacré ta courte et fructueuse vie.
Ta disparition ressemble, à tout point de vue à celui de ton homonyme Serigne Saliou. Repose donc en paix Baye Zaal,tes condisciples continueront ton oeuvre (s’il plaît au Seigneur).
« Certes la bonne fin appartient à ceux qui s’astreignent à la droiture ».

Serigne Mouhamadou Ngom