Nous entamons nos propos par glorifier notre Seigneur qui, du néant nous a créés. Bien que nous en soyons incapable comme il sied, nous lui rendons grâce continûment. Nous saluons l’assistance et l’ensemble des musulmans. Nous lui rendons grâce une fois encore de la conscience que nous avons de son Etre éternel face au néant que constitue l’humanité toute entière. De même, nous le remercions d’avoir suscité en nous la conscience que rien à l’image de cette assemblée qui nous réunit aujourd’hui ne demeure. Mieux, chacun de nous y est venu tout seul et s’en ira toute seulette. Dès demain, cet endroit où nous sommes réunis sera désert. Telle est l’image de la vie d’ici-bas. Nous Lui renouvelons toute notre reconnaissance inhérente à Sa bonté et Ses bienfaits sur notre modeste personne qui ne cesse voir Sa grandeur à travers le monde qui nous environne.
Nous saluons le khalif général, Cheikh Sidi El Mukhtar et prions pour la réussite de toutes ses entreprises dans les sentiers de l’islam. Nous souhaitons succès et longévité à serigne Cheikh Saliou Mbacké, dont la vie est entièrement vouée à l’islam. Nous saluons serigne Mouhamadou Fadel ibn serigne Amdy Moustapha et l’ensemble de la famille. Nous saluons toutes les autorités religieuses ici présentes en décernant une mention spéciale à serigne Abdou Latif ibn serigne Mourtada qui suit exactement l’empreinte de Khadim Rassoul. Sachez chers condisciples, que c’est une créature parmi vous, consciente de sa modestie et de son humilité qui a l’ambition de s’exhorter et de vous exhorter durant cette nuit bénie de Dieu(SWT) qui nous a créés sans l’aide de qui que ce soit. Qu’Il nous gratifie du bon sens afin de nous guider sur la droiture et qu’Il nous dote de l’entendement qui nous permet d’être conscients de Son unicité. Nous devons mesurer toutes nos actions à l’aune de la loi islamique. En réalité une raison qui n’est pas soutenue par l’islam peut être tentée de dévier de son essence. En effet, si nous méditons sur notre constitution, sur notre environnement immédiat, animal comme végétal alors nous saurons que Dieu est unique dans son œuvre. D’ailleurs le saint coran est illustratif à cet égard : «wa fi anfousikoumoo afalaa toubsiroon » mais aussi «soudorihoumoo fi ayaatina fil aafakh wa fi anfousikoum hatta yata bayadahoum annal haaq ».
Qui a fait tomber la pluie afin que l’humidité succède à l’aridité? Que la sécheresse cède sa place à la verdure? Qui a fait que la graine germe et profite à l’homme pour sa croissance? Aussi, en méditant sur le cycle de vie des végétaux : semis, germination, développement, floraison, fructification mais aussi de la récolte et du traitement qui sied jusqu’à la consommation et la digestion nous serons sensibles à la grandeur de Dieu. De même si nous méditons sur les merveilles de la création de l’homme : liquide spermatique, caillot de sang, os, formation des membres nécessaires tels que les oreilles, les yeux, la bouche et tant d’autres bienfaits nous verrons que le Seigneur est l’Unique créateur et nous nous garderons de Lui trouver des associés. C’est ainsi que nous devons utiliser notre raison pour nous éclairer dans la vie conformément aux recommandations divines afin de nous préserver de ses limites et travers. L’usage de la raison à bon escient, nous permet de considérer les créatures comme telles, qu’il s’agit des prophètes qui sont des élus de Dieu ou des saints. Dieu seul les a choisis par sa volonté et bonté parmi ses créatures. D’ailleurs, le prophète Muhamed(PSL), le meilleur des créatures disait à juste titre : «Quiconque meurt sans verser dans l’associanisme ira au paradis même s’il a forniqué ou volé. Quelqu’un de l’assistance lui demanda même s’il a forniqué ou volé? Oui lui répondit-il ». Donc nous devons être conscient de l’unicité de Dieu(SWT), qui n’a pas d’associé et qu’Il a envoyé les prophètes et a choisi les saints par sa volonté unique. En effet, la raison nous guide vers une issue heureuse lorsqu’elle s’appuie sur l’islam. C’est dans ce sillage que le noble prophète(PSL) invitant toute la oumah à faire usage de l’éminence grise en toute circonstance dit : « Privilégiez l’eternel au détriment du périssable ». Bref, le musulman doit, dans toute entreprise avoir à l’esprit la vie d’outre tombe. Par ailleurs, dans ce monde du 21e siècle où d’aucuns voient les signes précurseurs de l’apocalypse, nous constatons à y regarder de près que les hommes ont soif de Dieu, malheureusement, ils rencontrent un désert spirituel inhérent à l’action néfaste de prétendus guides qui les enfoncent dans les ténèbres de la non-conformité aux recommandations d’Allah. Nonobstant ceci, nous qui sommes guides, nous devons être persuadés que nos disciples nous suivent pour la satisfaction de leur espoir et nous abandonnent en cas de déception. Ils sont dotés d’un esprit alerte qui jure d’avec l’humilité dont ils font montre devant nous.
Le prophète disait aussi qu’aucun d’entre vous ne sera un parfait musulman tant qu’il n’aura pas souhaité à son semblable ce qu’il désire pour lui-même. Il n’a fait allusion ni aux confréries, ni aux races encore moins aux sectes qui nous distraient et nous divisent sapant ainsi les bases de nos rapports avec nos frères musulmans. De même, il affirme : « Le vrai croyant est celui qui ne porte atteinte aux autres musulmans, ni par ses mains ni par sa langue ». Une fois encore il n’a fait mention d’aucune confrérie. Nos guides religieux qui nous ont précédés ont œuvré pour l’unité de la oumah donc ceux qui se réclament de leur héritage doivent travailler dans ce sens. Ils doivent mentionner dans leur discours cette unité et être conscients que tout musulman qui emprunte la voie droite ne le fait qu’à son profit. Serigne Touba disait à ce propos : « N’entrez en inimitié avec quiconque atteste qu’il n’y a d’autre divinité en dehors d’Allah». Donc aucun mouride n’a le droit de sous estimer un tidiane, un layène ou un qadr sinon il risque de commettre une erreur et d’entrer en contradiction avec serigne Touba qui affirme : « Tout aspirant qui s’attèle à un wird accédera à l’enceinte scellé de Dieu que ce wird soit de Cheikh Abdou Qadr Dieylani ou de Cheikh Ahmed Tidiane, ou d’un autre parmi les saints ». Etre disciple mouride est synonyme d’être un vrai musulman qui ne fait pas de distinction entre les saints comme il est interdit de le faire de la discrimination avec les prophètes. A l’image de nos anciens, les guides religieux de notre époque ont l’obligation de lutter contre la discorde qui prévaut entre les disciples. En effet, si le mouride considère que le tidiane est un damné et ce dernier, en revanche le considère comme un fou qui ira en enfer ; de même, si celui qui est affilié aux mouvements islamiques se dit que les gens des Tariqa sont dans l’hérésie, il ne peut pas y avoir de concorde entre les musulmans. Par contre, un être humain doit être pondéré dans ses jugements pour ne pas sombrer dans le nihilisme. En fait nier l’existence d’une chose c’est s’approprier les attributs du Créateur qui est Omniscient. Si ce qui est inscrit dans la tablette gardée nous échappe, nous devons nous épargner de tout réfuter. Les disciples en quête d’agrément d’Allah sont pareils aux candidats au baccalauréat. Quel que soit leur lycée ou daara, le diplôme qui y est acquis reste valable. Cependant, on ne peut nier que les méthodes et le professionnalisme des enseignants soient différents mais le programme enseigné est le même partout. Une fois, El Hadji Abdou Aziz, l’intègre saint homme de Dieu avait rendu visite à serigne Saliou à Goth. Durant son séjour de trois jours, ils se relayaient dans la direction de la prière. Donc, sur quoi se fonde un mouride qui dit qu’un tidiane ne peut pas être son imam et vice versa. De même, Senghor avait convié un jour serigne Fallou et El Hadji Abdou Aziz Sy ; ce dernier arriva le premier sur les lieux. Lorsque Serigne Fallou arriva, il demanda après El Hadji Abdou, on lui fit savoir qu’il est rentré. Il dit qu’il n’a pas d’avis à donner car il souscrit à tout ce que son frère a dit. Donc, nous devons méditer sur ses exemples qui sont des modèles d’unité et d’entente. Nous devons nous faire confiance et nous aimer. Même si nous habitons avec un chrétien nous devons le respecter parce qu’il est une créature de Dieu comme l’a écrit Serigne Touba. Le musulman ne doit jamais se surestimer devant un non musulman puisqu’il ignore la fin qui lui est réservée. Notre Seigneur avait dit au prophète Moise ne pense guère que tu es meilleur que quelqu’un tant que tu ne te retrouves pas au paradis et que lui soit en enfer. Nous ignorons le sort qui nous est réservé dans cette vie présente à plus forte raison que celui dans l’autre vie. Combien de fois sommes-nous témoins de quelqu’un qui est amputé alors qu’il avait ses jambes et vaquait à ses occupations. Nous devons éviter d’être jaloux des bienfaits qu’Allah attribue aux hommes. Les bienfaits (beauté, richesse, renommée…) proviennent de Dieu qui en fait profiter à qui il veut. Chacun de nous a des moyens et des possibilités mais nul n’est capable de réussir sans l’aide de Dieu. A rebours, celui qui est riche ne doit pas s’en glorifier mais il doit voir la grandeur de Dieu qui l’a enrichi et utiliser cette richesse selon la volonté divine. Celui qui est démuni doit s’armer de patience et être conscient qu’à tout moment la situation peut s’améliorer.
Par ailleurs, durant ses deux journées de consultation médicale des centaines des personnes sont venues pour se faire soigner. De la même manière, elles devaient s’enquérir de leur âme auprès des spécialistes en la matière. En réalité l’impacte de la maladie de l’âme chez l’individu est plus néfaste que les dommages liés à celle du corps. Quand le corps est atteint, nous en souffrons ici-bas alors que lorsque l’âme est corrompue elle hypothèque la vie future. Nous nous préoccupons de nos yeux en consultant un ophtalmologue alors que nous n’avons cure de la méchanceté qui consume nos bonnes œuvres. Pourtant, cette vision dont nous cherchons à corriger l’anomalie a une limite qu’est celle du souffle alors que la fatuité qui nous caractérise annule nos bonnes actions. Ainsi, si nous ne bénéficions pas de la clémence du Seigneur notre passage sur terre sera une perte. Donc, n’échangeons point l’éternel contre le périssable et soyons en conscients.
Rendons grâce à Dieu de nous avoir compté parmi les hommes, d’avoir fait de nous des musulmans. Investissons les bienfaits qu’il nous accorde à bon escient. Ne regardons point ceux qui sont plus nantis que nous mais plutôt ceux qui le sont moins afin que cette obligation de reconnaissance à notre Seigneur soit une réalité. Un jour, je me rendais à Touba à bord de mon véhicule climatisé, chemin faisant, je rencontre un véhicule communément appelé « Ndiaga Ndiaye » où les passagers étouffaient de chaleur à l’intérieur. En méditant sur ce fait, j’ai loué notre Seigneur de vive voix et lui ai renouvelé ma reconnaissance car ce n’est nullement par mérite que je suis dans de bonnes conditions mais aussi ce n’est pas par démérite que les autres souffrent de la chaleur. Tout est volonté divine. Il n’y a pas de mérite personnel de part et d’autre. En continuant mon chemin, je croise une personne en béquilles sous la canicule et ayant un seul mouchoir noir de sueur pour s’essuyer le visage. Alors je me dis que les passagers du car« Ndiaga Ndiaye » doivent s’estimer heureux comparativement aux conditions de l’homme en béquilles. En poussant plus loin, j’entrevois une personne qui se déplace en rampant car ayant perdu l’usage de ses deux jambes. Je me dis encore que si l’homme aux béquilles considère ce spectacle, il pourrait rendre grâce à Dieu. Donc, nous devons nous habituer à méditer sur notre environnement comme nous le recommande Dieu dans le coran. Un des compagnons du prophète disait que le messager d’Allah nous a éduqués au point qu’un vol d’oiseau est source d’instruction pour nous. Celui qui a bénéficié d’une éducation religieuse tout le ramène à Dieu, même s’il entend le tam-tam battre il pense à Allah. De même s’il voit des lutteurs ou des footballeurs. Tel n’est pas le cas de celui qui n’est pas éduqué dans cette perspective. Ses sens l’orientent plus vers la jouissance plutôt que vers l’étonnement. Durant mes premières années à Keur Mbaye Fall (nous relatons cela juste pour témoigner notre gratitude à Dieu) je logeais chez serigne Moustapha Sylla, un peu vers le bois. Il m’arrivait de me réveiller vers trois heures du matin pour des prières surérogatoires mais à côté il y avait des gens qui dansaient au son de la musique jusqu’au petit matin. Seulement, à chaque fois, je me dis que ceux qui s’adonnent à cette jouissance, dépensent leur énergie, et se sacrifient dans le prohibé. Par contre moi qui suis sur la voie de la droiture, celle agréée par Dieu que dois-je faire? Ces réflexions me motivaient de sorte que j’étais capable de demeurer toute la nuit en veille, sans m’en rendre compte. Le musulman qui s’investit dans les sentiers d’Allah s’il a à l’esprit d’autres qui usent leurs efforts en louant des cars, en achetant des tee-shirt, en dépensant leur argent dans les futilités de ce monde périssable, pourrait trouver en cela une source de motivation dans les actes de dévotion et de grâce. D’ailleurs, combien de laudateurs qui du haut d’un podium ont reçu argent, bijoux, voiture etc. pour avoir seulement chanté les louanges d’une personne. Pourtant ce prisonnier de Satan qui est capable de telles largesses te prendrait pour un aliéné si tu investis en tant que musulman dans la voie de l’Eternel juste parce que vous n’êtes pas inscrits dans la même logique que lui. (A SUIVRE)