LES VERROUS DE L’ENFER ET LES CLEFS DU PARADIS(MAKHAALIKOUN NIIRAANE)

Nous renouvelons nos louanges à l’endroit de notre seigneur et Glorifions sa Grandeur, Sa Transcendance et Sa Sainteté. IL est Le Seigneur qui n’a ni de commencement ni de limite. IL est Seul détenteur de la Force et de la Volonté et est à l’origine de toute chose. IL est Le Créateur de l’Homme et des Jiins qui sont une matérialisation de Sa Force, de Sa Volonté et de sa Royauté éternelle pour qu’ils n’adorent que LUI. C’est cet ordre de l’adorer que transmettaient tous les prophètes depuis Adam jusqu’au meilleur d’entre eux qui est aussi le dernier à savoir Mohamed (PSL). Que la Paix et le Salut d’Allah soient sur lui ainsi que sur tous les autres prophètes qui l’ont précédé. Que Son agrément et Sa Lumière ne cesse de se répandre sur l’âme de Khadimou Rassoul (le serviteur du prophète) et sur tous ceux qui sont venus avant lui et qui ont œuvré pour le triomphe de l’Islam.

Le Cheikh parle dans cet ouvrage du comportement que la personne doit avoir vis-à-vis de son Seigneur et des rapports qu’elle doit entretenir avec ses semblables afin d’accéder à Son agrément. En d’autres termes comment faire pour que nos intentions, paroles et actes soient conformes aux recommandations divines. Pour accéder à ce stade, il est nécessaire que l’aspirant ait un  véritable guide. Ce dernier ne dévie jamais de la voie agréée et y mène toute personne qui le suit. En outre, Le Cheikh y parle d’un autre moyen tout aussi important pour la réalisation des ambitions spirituelles : la connaissance.

Cheikh Ahmadou Bamba (Khadim Rassoul) entame le livre par des louanges à Allah (Que Sa Grandeur soit exaltée) en ces termes:

« Je rends grâce Celui à qui appartient toutes les créatures ». C’est Lui qui les a créés, leur a dotées d’une forme et leur a pourvu de force sans l’aide de qui que ce soit. Lors qu’Il, les hommes n’existaient pas encore donc ils ne pouvaient pas l’aider. Quand on parle de créature, il faut comprendre tout ce qui n’est pas Allah (les Anges, les hommes, les Jiins, les animaux, les végétaux bref les univers entiers de même que le Paradis et l’Enfer). C’est Lui Qui a créé tout cela à partir du néant sans l’aide de personne ; donc s’il existe un véritable Roi c’est bien Lui qui n’a ni commencement ni fin. Sa Force, sa Volonté et Ses Prérogatives sont exercées comme Il le veut sans que personne ne puisse s’y opposer ou Lui en demander des comptes. Après Lui avoir rendu Grâce, le cheikh prie sur le Prophète (PSL) :

« Que le Salut et la Paix d’Allah ne cesse de se répandre sur l’âme celui qui est le sceau des prophètes ». Le prophète Mohamed est le dernier venu des prophètes mais il en estaussi le meilleur. C’est lui l’élu et le louangé et ces prières s’adressent à lui, à sa noble famille et à ses compagnons. Nous avons choisi de traduire directement le sens des vers au lieu de les dire, d’abord en arabe, pour ensuite les traduire. Le cheikh écrit que :

« Sache qu’une bonne partie de ce que le prophète avait enseigné, en matière de bonnes intentions, de bonnes paroles et de bons actes, est perdue». Cela est dû à l’égarement des gens. En guise d’exemple, le prophète recommandait de ne souhaiter à son prochain  que ce l’on voudrait  qu’on nous souhaite. Si on cherchait cette qualité chez les gens de notre époque, on serait frappé par sa rareté. La plupart des gens tentent actuellement d’abuser leur prochain par des stratagèmes et des ruses mesquines. Le prophète disait aussi de « rendre le mal par le bien, detendre la main à celui qui te repousse  et de donner à celui qui te prive » ; « ne causepas du tort à tes semblables » ; « le croyant est celui qui ne cause pas  du tort  à ses semblables de par ses actes ou paroles ». Autrement dit c’est celui qui ne porte atteinte ni aux biens, ni à la réputation d’autrui. Si on observe les gens on se rendra compte que ces enseignements ont disparu. Les gens ne sont plus modestes. Ils sont devenus de plus en plus orgueilleux à cause de leurs richesses, de leur beauté, alors que tout cela n’est que le fruit de la Générosité divine et devrait susciter des sentiments de reconnaissance et de gratitude en l’endroit d’Allah, Le Pourvoyeur. La médisance, la calomnie, le mensonge, le faux témoignage etc. sont devenus banals. Le prophète disait aussi que ce qui pèsera le plus sur la balance au Jour des Comptes est la noblesse de caractères qui a pratiquement disparu. Cela est dû au fait que l’on ne s’occupe plus de la connaissance de ses enseignements.

Souvent, si on s’y intéresse c’est  pour s’enorgueillir d’être un érudit ou pour avoir des biens de ce bas-monde mais non pas pour leur application dans les actions quotidiennes. Certains privilégient d’autres types de savoir sur ceux religieux qui sont indispensables bien que les autres savoirs ne soient pas inutiles ou mauvais. Il convient donc de donner le primat aux savoirs religieux et ensuite, si possible, apprendre ce qui peut nous être utile dans la vie. Ses enseignements sur les rapports de bon voisinage, d’hospitalité, de tolérance du non musulman etc. ne sont plus remarqués dans les comportements des musulmans.

« Les comportements des nobles compagnons qui ont appliqué rigoureusement les enseignements du prophète (PSL) ne sont plus imités ». A titre illustratif on peut citer le fait que les « Ansar » (les compagnons de Médine) aient partagé leurs biens et leurs champs pour les donner aux « Mouhadjiriin » (les compagnons qui avaient quitté la Mecque pour faire l’exil avec le prophète (PSL)). Ceux qui avaient deux épouses se sont séparés de l’une pour permettre à leur frère musulman de la prendre. Ces comportements, cet esprit de partage, ce sens de la solidarité sont-ils visibles chez les musulmans de notre époque ? Que non évidemment !

Lors d’une bataille, il y eut trois compagnons grièvement blessés et en plus de leurs blessures ils étaient tellement assoiffés qu’ils étaient sur le point d’en mourir. L’un d’eux avait son parent qui l’a cherché jusqu’à le trouver avec de l’eau pour le sauver mais il refusa de boire en lui faisant signe de servir d’abord celui qui est à côté de lui ; ce dernier aussi lui indiqua le troisième et celui-ci désigna celui par qui il avait commencé. Quand il est revenu avec l’eau vers son parent, il le trouva mort, il s’est précipité pour sauver l’autre mais hélas il était déjà mort lui aussi de même que le troisième. C’est ainsi qu’ils sont morts tous les trois chacun voulant sauver son prochain. C’est cela l’altruisme poussé à son summum.  Mais quel musulman est prêt à un tel sacrifice ?

L’Homme est de nature oublieuse c’est pourquoi on ne cesse de lui rappeler ses obligations vis-à-vis de Son Seigneur.  Autant le corps a besoin régulièrement de nourriture (le fait de manger aujourd’hui n’empêche pas qu’on en ait besoin demain), autant l’âme a besoin d’être nourri par des rappels à Dieu de façon continue et régulière. Cela, parce qu’il existe beaucoup de choses qui peuvent distraire l’Homme et l’empêcher de se rappeler Dieu. Parmi celle-ci on peut citer la vie terrestre qui est éphémère, Satan qui nous fait oublier le caractère passager de cette vie tout en nous faisant oublier la proximité de l’Au-delà ; il nous miroite la fausse beauté de cette vie et nous dissuade de lui tourner le dos. De même les plaisirs mondains qui de connivence avec l’âme charnelle et Satan convainquent la personne qu’elle ne peut pas se passer des plaisirs terrestres. Celui qui ne résiste pas devant eux sera dominé et versera dans des pratiques qu’il regrettera ultérieurement. Voilà pourquoi à tout moment il faut des discours de rappel qui nous aident à maîtriser ces ennemis de l’âme. C’est la raison pour laquelle Serigne Touba passait tout son temps, sans jamais s’en lasser, à écrire des livres bien que le temps lui manquât terriblement. Il prenait sa plume dans le but de montrer aux musulmans la voie à emprunter pour accéder à un bonheur suprême et échapper à un supplice éternel. Il ne s’est pas limité à écrire un nombre impressionnant de livres. Il dispensait aussi un enseignement très utile avec une sagesse profonde et fine aux milliers de disciples qui affluaient de tous les coins du pays et de l’étranger. Nous en voulons pour preuve le fait que le dernier samedi avant son rappel à Dieu (un lundi ou un mardi), il a fait un sermon dont nous avons déjà parlé et qui est plein d’enseignements et de sagesses. Le rappel est donc très important et c’est par lui qu’un groupe a la précellence sur un autre. Nous devons donc revisiter ses enseignements et ne pas avoir une conception erronée de sa mission qui était la revivification de la tradition prophétique. La plupart de ceux qui se réclament de lui se sont détournés de la façon dont le cheikh éduquait ses disciples mais on ne doit pas ignorer que si le cheikh prenait la peine d’écrire c’est pour qu’on mette ses enseignements en pratique pour la Face exclusive de Dieu (swt). Tous nos actes et paroles doivent être tournés vers Lui sans aucun associationnisme. Que nous soyons seul ou en public doit nous être égal et nous devons même préférer que nos bonnes actions ne soient connues de personne. Telle est l’attitude de celui qui a atteint ce qu’on appelle « al ounzou billaahi »(ne sentir que la présence divine). Celui-ci se complait dans la solitude car elle lui permetde sentir pleinement la présence et la proximité divine,  aucune autre existence ne compte à ses yeux et ses actions sont vouées exclusivement à Allah. Il vit dans son intimité spirituelle le Compagnonnage avec Allah (swt) dont parle le Coran : « Innal laaha mahanaa » (Dieu est avec nous).  Il cache ses bonnes œuvres comme il cacherait ses défauts et ses indignités. Il vit conformément au hadith prophétique selon lequel : « on doit adorer Dieu comme si on Le voyait ou être convaincu que si on ne Le voit pas, Lui, Il nous voit ».   Par contre, celui qui fait de l’ostentation aimerait que tout le monde soit au courant de ses actes de bienfaisance. Il est content quand on le trouve en train de faire du bien, zélé quand il est en public, mais seul, il devient fainéant. « Al ounzou bilaahi » c’est ne plus sentir son entourage tellement on est absorbé par la présence divine dans son âme, son esprit et son cœur. Nous devons avoir à l’esprit que nous avons quatre ennemis : le bas-monde, l’âme charnelle, les plaisirs mondains et Satan. Notre Seigneur est d’une proximité absolue et cela ne doit pas seulement être proclamé. Cette proximité et cette présence divine doivent plutôt être vécues étroitement et de façon permanente. Il dit qu’Il est plus proche à l’individu que sa veine jugulaire. Dans le soufisme, en effet, tout ce que l’on enseigne doit être mis en pratique car seule l’expérience permet d’accéder à la science mystique qui est inexprimable c’est-à-dire qu’il n’y a pas de mots pour traduire les sensations mystiques ; elles sont de l’ordre de la « gustation ». Chacun doit être conscient que l’âme charnelle, les plaisirs mondains, la vie terrestre et Satan empêchent l’individu de sentir la proximité d’Allah et de communier avec Lui. Si l’individu parvient à se libérer de l’emprise de ces quatre ennemis, il sentira de façon extraordinaire et permanente la présence du Seigneur (swt). C’est cette voie de la lutte perpétuelle contre ces ennemis de l’âme que Serigne Touba a vivifié. Quiconque se réclame de lui doit faire des efforts colossaux pour se conformer intérieurement et extérieurement à l’Islam tel que enseigné par le noble Prophète. Il doit donc s’efforcer de faire le « tahallii » (c’est-à-dire se départir de tous les vices de l’âme comme l’orgueil, l’ostentation, la jalousie…). Il est à préciser que la modestie n’est pas seulement le fait de s’asseoir à même le sol, de s’habiller sobrement et de baisser la tête car on peut avoir ce comportement tout en étant plus orgueilleux que tous. Tant que la personne sent qu’il a un tant soit peu d’importance de par sa naissance, sa fortune ou sa beauté, il n’est pas exempt de l’orgueil qui prend ses racines au niveau du cœur avant de s’extérioriser à travers les membres. Ce sont ces vices cachés du cœur qui intéressent le soufisme dans la perspective d’y apporter des remèdes. L’orgueil est le pire des vices car il détruit la personne en abîmant toute sa foi alors que les autres vices gâtent seulement les actes de piété. C’est ce péché qui a été à l’origine de la damnation de Satan. Donc, nous devons rester vigilants et faire souvent notre introspection pour voir s’il existe des infirmités spirituelles qui entachent notre foi. Ce qui nous y aide, c’est d’avoir toujours à l’esprit que la beauté, la richesse, l’intelligence, la force physique voire la piété ne relèvent pas de notre propre mérite. Et d’un autre côté il faut savoir que celui qui est  dépourvu de tout cela ne l’est pas parce qu’il manque de bravoure et de mérite mais que tout cela relève de l’Action et de la Volonté exclusive du Seigneur (swt). Si nous sommes conscients de notre dénuement total et de notre insignifiance devant la toute grandeur divine, l’orgueil n’aura pas de place dans notre cœur. Tel est l’enseignement de Khadim Rassoul. Certains estiment parfois qu’ils ne doivent pas s’asseoir dans certains endroits du fait de leur rang social alors que le Prophète s’asseyait à même le sol derrière les gens lorsqu’il arrivait dans une assemblée pour ne pas passer entre eux. Les bonnes habitudes sont à la base de toute possibilité de bonheur sur terre et à l’Au-delà. Celui qui fait de bonnes actions alors qu’il est habité par ces vices est comparable à quelqu’un qui érige un édifice sans fondation. La plupart des riches de notre époque ne s’estiment heureux que si on raconte partout leurs largesses ; au cas contraire ils arrêteraient leurs libéralités. Il existe cependant des exceptions qui n’agissent que pour la Face d’Allah. Ces derniers ne se préoccupent point qu’on parle de leurs actions. Nonobstant cela, on peut donc en parler pour donner le bon exemple à ceux qui ont de la fortune mais qui n’aident pas les démunis. Les propos de Serigne Touba dans Les itinéraires du Paradis peuvent en être une illustration. Il écrit en effet que celui qui est arrivé à un stade où il est exempt de toute tendance à l’ostentation peut faire son zikr à haute voix dans le but de se voir imité par d’autres tandis que celui qui n’est pas encore totalement purifié de ce vice doit le faire à voix basse afin d’éviter de tomber dans ce péché qui entache les bonnes œuvres.

Nous en étions au livre de Khadimou Rassoul intitulé : Les verrous de l’enfer et les clefs du Paradis où il dit dès le début que les traditions des prophètes, l’exemple de leurs compagnons ainsi que les enseignements des Saints sont disparus. Les hommes, en effets croient plus à leurs coutumes qu’aux recommandations d’Allah bien que chacun refuse de l’admettre. Les us et coutumes de leurs ancêtres, ont dans leurs cœurs, une prééminence sur la religion. Pourtant le prophète (PSL) disait que nul ne croira véritablement tant qu’il ne place pas le message prophétique au dessus des préférences et des plaisirs. Mais aujourd’hui les gens prêtent plus attention à leurs semblables qu’à Allah Qui les à créés et vers Qui ils retourneront. Si on leur rappelle un interdit, ils rétorquent que nul ne peut s’en passer car tout le monde s’y adonne. Il n’est pas licite pour un croyant de s’abstenir d’une recommandation d’Allah juste pour faire plaisir à une personne car un jour viendra où il sera seul dans ta tombe de que même que celle à qui tu voulais faire plaisir et cette dernière ne pourra nullement intercéder en sa faveur. C’est pourquoi le musulman ne doit se soucier que l’agrément d’Allah qui l’a créé et qui l’a protégé depuis la vie embryonnaire jusqu’à l’âge adulte. Nul ne Lui a porté assistance dans cette tâche créatrice et protectrice. Je m’inquiète du sort d’un musulman qui ne pense pas à cette action du Seigneur