Question1: veuillez d’abord vous présenter
Je m’appelle Emilie et j’ai choisi Khadija quelque temps après ma conversion.
Je suis née d’une mère française et d’un père portugais. Ainée de 3 enfants.
J’ai 30 ans.
Question 2: dites nous comment vous êtes entrée dans l’Islam?
N’ayant pas reçu d’éducation religieuse, j’ai choisi d’aller au catéchisme vers 14 ans. C’était la période du collège ou je vivais mal les relations sociales, je découvrais que mes amis mentaient les uns aux autres, je ne m’y retrouvais pas. Les enseignements de Jésus proposaient de nobles valeurs, qui résonnaient en moi. Je me suis investie 2 ans environ dans l’église (séjours spirituels jeunesse).
Puis des questions plus pertinentes sont apparues, qui est Dieu ? Qui est Jésus ?…Personne ne m’apportait de réponses satisfaisantes.
J’ai alors pris mes distances…
J’ai survolé le bouddhisme dans lequel je trouvais des enseignements plus poussés. La maitrise de son âme, son élévation, au-delà des tentations du corps.
La dualité âme/corps était alors mon créneau.
C’était les années lycée. J’avais une amie musulmane avec qui nous passions les récréations à des sujets philosophiques/religieux.
Elle essayait de me convaincre de la vérité de l’islam, j’essayais de la convaincre de l’oppression des femmes en islam.
Pour cela, j’ai dû lire, me renseigner etc. Dépasser le message des médias.
J’ai alors lu le droit des femmes en islam (avec études comparées avec religions antérieures). J’ai découvert une religion de justice.
Petit à petit je lisais la position de l’islam dans différents domaines (environnement, travail, famille…). Des voiles se sont alors levés de mon coeur. Le regard s’est éclairci et la certitude (Al Yaqin) est apparue.
Question 3: si vous vous comparez vos deux vies avant et après votre conversion, que retenez vous?
J’ai connu l’islam assez tôt (17 ans). Au moment de prendre des directions dans ma vie. J’ai du mal à imaginer ma vie sans l’islam, je n’ai pas eu le temps de la réfléchir autrement.
Question 4: vous venez tout juste d’effectuer un voyage au Sénégal. Quelle appréciation faites-vous de la foi des sénégalais?
La question me gêne. D‘une part je ne suis pas en mesure de donner une appréciation de foi de qui que ce soit et d’autre part restreindre le peuple sénégalais dans une foi est maladroit.
Je peux cependant comprendre qu’il existe plusieurs confréries soufies, ce qui permet aux uns comme aux autres de trouver un guide et un chemin pour se rapprocher d’Allah.
Toutefois, il existe aussi des personnes réfractaires à cette notion de soufisme et donc de guide.
Pour ma part, il n’a pas été évident d’éviter certaines dérives car la voie de talibé peut être mal comprise et entraine ainsi des pratiques contradictoires avec les recommandations divines.
J’ai aussi compris que beaucoup de musulmans n’hésitent pas à pratiquer d’autres coutumes, ce qui me parait dangereux pour le tawhid. Dans le sens ou ces coutumes priment sur la religion.
C’est sans doute ce qui me blesse le plus, ayant moi-même choisi de quitter certaines choses pour embrasser l’islam. Et certes la victoire est du côté del’islam
« Il y a autant de foi que de respiration »
Question 5: Pourquoi vous êtes-vous rendue au Sénégal ?
Mon premier séjour au Sénégal date de 2010. J’étais en recherche de guérisons du coeur, d’un cheminement spirituel. Ce que je ne trouvais pas en France. La notion de tarîqa n’étant pas forcement comprises en France.
J’ai fréquenté la tijaniyya principalement. A la fin de mon séjour, j’ai connu des Baye Fall qui m’ont fait découvrir le mouridisme et m’ont emmené à Touba. Là, le « batin » a opéré…
J’ai reconduis un voyage en 2011.
En 2013, j’avais besoin d’y retourner. J’avais une mission particulière mais Allah sait bien les choses. Je n’étais pas partie chercher un guide en tout cas.
Question 6: vous avez aussi fait allégence à Maa ul Hayaat. Peux tu nous dire pourquoi?
En résumé je dirais « Kun fa yakun ». Tout comme ma conversion, la certitude m’est apparue, je n’ai pas hésité.
Cette rencontre fut la plus incroyable pour moi. J’avais entendu des talibés raconté leur visite au Serin et les « hals » qu’ils ont ressentis. J’étais curieuse de rencontré cette personne. Pourtant à mon arrivée au daara à Manarou, je n’ai pas eu ce « choc ». J’avais donc décrété que ça ne pourrait pas être lui.
Puis j’ai vécu un peu à Manarou, j’ai côtoyé le Serin dans son quotidien, j’ai découvert ses discours.
D’autre part mon voyage a rencontré des aléas, et partout où je me trouvais, le Serin était là. (Keur Mbaye Fall, Touba, Manarou). Je retournais souvent le voir pour qu’il allège mes soucis. C’était la seule perche à laquelle je pouvais m’accrocher en pleine mer.
En fin de séjour je repars vivre un peu à Manarou. La veille de mon départ un waxtan se produit avec le Serin. Nous évoquons la notion d’allégeance. Je lui fais part de mes doutes, mes craintes, mes réticences, mes incompréhensions. A chacune de mes questions, j’avais des réponses tirées du coran ou de la sunna.
Petit à petit des voiles se levaient de mon coeur et j’ai alors palpé la certitude et l’évidence de faire l’allégeance.
J’ai voulu rester prudente et me suis retirée dormir. J’ai fait 2 rakats avant de dormir en demandant à Dieu la clairvoyance. Le matin je me suis levée sans plus aucun doute. J’avais rêvé du Serin, qui me rendait visite à Rennes. Tout était clair, ses vêtements, sa voix, son regard , sa posture.
Mon taxi m’attendait, mais je ne pouvais pas partir de Manarou s’en m’être « scellé » avec le Serin. L’allégeance fut digne d’une vraie cérémonie, dans sa mosquée sur une natte avec des témoins.
Question 7: l’allégeance à Maa Ul Hayaat va-t-elle changer votre vie?
Elle a changé ma compréhension déjà de la voie. Je me sens maintenue dans le chemin. Je me confie beaucoup au Serin ce qui me permet d’éviter certaines choses et d’en préserver d’autres. J’ai beaucoup plus confiance de ce qui m’arrive. J’ai compris aussi que le chaitan peut nous faire croire qu’on fait les choses pour Dieu alors que non. J’ai compris la subtilité des vices cachés, et sans Serin cela est impossible à cerner.
J’espère investir plus et plus sincèrement le « sirat al moustaqim » (droit chemin).
Que mon sens de vie ne sois pas dévié par l’amour de ce bas monde.
Question 8: que repondez vous aux detracteurs de l’allegence?
Nous ne pouvons pas leur en vouloir car c’est Dieu qui permet la compréhension des choses.
Je suis restée 10 ans pensant que les livres de Ghazali (qu’Allah soit satisfait de lui) et autres soufis me permettraient de me guider. Je crois que l’ego nous trompe. Depuis quelques temps j’avais conscience de la neccesité d’un guide. Pour ma part j’étais arrivée au bout de mon chemin seule, je ne pouvais plus avancer.
Et Allah nous délivre. Il donne à celui qui cherche aussi.
C’est un débat stérile que de parler de l’allégeance avec ceux qui n’ont pas la maturité du coeur. C’est une intimité avec soi-même, sa relation à Dieu. Il y a des choses qui ne sont pas des choix mentaux, mais bien le décret d’un KUN.
Question 9: votre souhait pour Maa Ul Hayaat
Une longue vie. Qu’Allah soit satisfait de lui. Qu’Il l’élève dans le plus haut degré du Paradis.
Qu’il puisse venir souvent en France et ailleurs afin que ceux qui ne peuvent connaitre la vie au daara avec le Cheikh puisse comme même bénéficier de sa présence.
Je suispersuadée aussi que son message et sa pédagogie peuvent toucher beaucoup de personnes non mourides…
Propos recueilis par
Baye Fary SEYE