Jamais dans l’Histoire, l’humanité n’a atteint le degré de perversion et de sécheresse spirituelle que connait le monde du XXIème siècle. L’homme, bien qu’étant indiscutablement au faîte du progrès scientifique et technologique, est encore incapable de vaincre le VIH/Sida et la pauvreté ou de se passer de la guerre. Que dire alors de la pensée de Descartes qui assignait à l’humain le pouvoir d’être maître et possesseur de la nature ?
Pourtant, l’humanité actuelle pense avoir franchi des pas importants par rapport au passé. Elle s’enorgueillie de la démocratie, des droits humains, de la liberté, etc. Ces concepts nouveaux, promus par les pays les plus développés au plan économique, bouleversent en même temps les sociétés du sud, menacent leurs cultures et leurs traditions.
De plus, grâce au progrès de la science et de la technique, le monde est miniaturisé, transformé en un village planétaire avec un seul chef, les USA et l’ensemble des pays qui partagent avec eux les mêmes valeurs de base.
En outre, la géopolitique mondiale est actuellement rythmée par des calculs d’intérêts, des positions partisanes, des projections parfois subjectives et des spéculations sans aucune dose de moralité, encore moins de spiritualité. Le matérialisme dialectique de Marx n’a pas encore fini de régenter les rapports socio-économiques.
Pire, le vent de l’homosexualité, de la transsexualité, du lesbianisme, du mouvement FEMEN, de la pédophilie et du banditisme souffle depuis l’Occident en direction des pays pauvres économiquement, aliénés culturellement et politiquement dépendants.
Nous osons affirmer que la richesse d’un peuple se trouve dans ses libres choix et ses propres orientations aptes à lui fournir des réponses appropriées à ses problèmes tout en tenant compte de la dimension ô combien importante de la dignité de l’homme. C’est pour dire que si l’Occident se vante d’être héritier de l’antiquité gréco-romaine et de la tradition judéo chrétienne, l’Afrique noire doit, elle aussi, s’approprier tout l’héritage négro-pharaonique ainsi que de la tradition chrétienne et musulmane qu’il a fortement imprégnée.
Devant les actes posés par l’humanité dite « civilisée », nous sommes tenté de dire qu’elle est en train de remettre en cause sa propre humanité. En effet, la particularité de l’homme réside dans sa raison qui l’élève au rang d’humain ou le rabaisse au rang de d’animal. En effet, la raison peut nous être utile dans notre long processus d’humanisation tout comme elle peut nous avilir, tant il est vrai qu’on ne nait pas humain, mais on le devient.
Nous savons tous que l’Occident s’est clairement engagé sur une pente qui déprécie la valeur humaine, malgré ses efforts remarquables dans la protection des droits humains. Toutefois, nous continuons de lui confier les destinées de notre village et de lui renouveler notre allégeance. Nous n’osons même pas nous affirmer et prendre des positions dans les discussions qui se passent dans le concert des nations, encore moins de lui dire : halte ! Trop c’est trop ! Depuis que nous développons des sentiments de subordination à l’égard de l’Occident, nous avons intériorisé le fait que nous devons toujours le singer. Alors, nous acceptons sciemment de rester dans nos concessions et de subir le diktat.
Mais, devrons-nous continuer à confier l’avenir du monde à l’Occident ? La réponse est certainement « non ! ». Les derniers développements sur l’actualité prouvent que le village dit planétaire a besoin d’un nouveau chef.
A Cleevland dans l’Etat de l’Ohaio aux USA, trois femmes ont été enlevées, maltraités pendant 10 ans par trois frères d’une même famille (CASTRO). Par la volonté de DIEU, elles ont été retrouvées. Cet acte montre que, malgré qu’ils soient la première puissance mondiale avec des services de renseignements très efficaces, les USA présentent des signes de fragilité. Autre affaire, celle dite SNOWDEN. Ce jeune informaticien de 29 ans vient de soulever la polémique aux USA et susciter des incidents diplomatiques entre les USA, la Chine et la Russie, pour avoir révélé que depuis quelques temps les USA développent un programme d’espionnage en mettant sous-écoute toutes les communications internationales via téléphone et internet. Pourtant, les USA se présentent jusque là, comme étant les défenseurs de la démocratie et des droits humains. Comment alors qualifier cet acte, si ce n’est, comme le pense SNOWDEN, anti-démocratique et non conforme au respect des droits humains, des libertés individuelles et de la souveraineté des Etats ? Pire, la société américaine enregistre des meurtres, des viols, des bradages, des enlèvements tous les jours, parce que, sans doute, ses composantes ne sont pas éduquées selon les valeurs de l’Islam qui, somme toutes, reposent sur la justice.
La justice : c’est ce que réclament les Brésiliens, qui depuis quelques semaines sont dans la rue révoltés par les dizaines de milliards de dollars investis par l’Etat dans le sport au détriment des préoccupations sociales en matière de santé, de transport, d’éducation… Fernando Henrique Cardoso (Président du Brésil de 1994-2002) avait raison quand il disait que « le Brésil est un pays injuste ». En effet, les inégalités sociales sont en faveur des plus riches qui ne représentent que 10 pour cent de la population mais détiennent plus de 50 pour cent du revenu national, tandis que 37 pour cent vivent en dessous du seuil de la pauvreté.
Quant à la France, elle est partagée entre un sentiment d’exaspération totale sur le bilan annuel de HOLLANDE, en raison de ses promesses non encore tenues et la consternation sur la légalisation du mariage gay, dont le premier a été célébré dans la municipalité de Montpellier, à la fin du mois de mai dernier. Le taux de chômage grimpe, augmentant ainsi la déception des français. A ces difficultés est venue se greffer l’affaire Cahuzac, un poignard dans la plaie.
Ces difficultés nous laissent penser que la France a tout intérêt à reconnaitre ses erreurs et sa politique arbitraire et injuste à l’égard de Cheikh Ahmadou Bamba, durant l’époque coloniale. L’apartheid a été reconnu comme étant un crime contre l’humanité ; le procès du capitaine Dreyfus injustement condamné a été révisé ; le génocide des Arméniens a été reconnu ; les banques suisses ont accepté de dédommager les héritiers des Juifs déportés. Qu’attend donc la France pour présenter ses excuses à la communauté mouride compte tenu de toutes les souffrances qu’elle a fait subir à ce grand homme qui n’a jamais fait du tort au Créateur encore moins à une créature ?
Sur un autre registre, un jeune français récemment converti à l’Islam est accusé d’avoir poignardé un policier. En Angleterre aussi, un policier a été sauvagement assassiné et le suspect est un musulman. Partout en occident, quand le sang coule, la piste du terrorisme musulman est vite privilégiée. La conséquence de tout cela, c’est que l’islamophobie se développe davantage dans les pays occidentaux.
En Afrique également quand le sang coule ce sont toujours les musulmans. Ici, la menace terroriste s’amplifie. Après le MUJAO au Mali, c’est au tour des Chebabs en Somalie et le Niger est sous la menace.
Mais, doit-on nécessairement répandre l’Islam par les armes ? L’auteur de l’article « Djihad » dans l’Encyclopédie de l’Islam, l’orientaliste D. B. Macdonnald, n’a-t-il pas tort d’écrire que « l’expansion de l’Islam par les armes est un devoir religieux pour tous les musulmans. » ?
En tout état de cause, l’Histoire est riche en exemples qui prouvent le contraire. Cheikh Ahmadou BAMBA a contribué à la propagation de l’Islam dans la Sénégambie et fait échouer, en grande partie, le projet colonial sans n’avoir jamais versé la seule goutte de sang. La guerre sainte de l’âme a été sa principale arme. Il écrit à ce propos dans Les cadenas de l’Enfer :
2/5 « Frères, désirez ardemment la guerre sainte de l’âme !
3/5 « C’est par elle que vous gagnerez le Paradis.
4/5 « Celui qui ne mène pas le combat pour son âme, n’obtiendra rien de bon.
5/5 « C’est là, j’en jure par ma vie, le suprême combat ! »
El Hadji Omar TALL abonde dans le même sens. Il affirme dans Ar Rimah (Les lances) : « la guerre sainte aux infidèles est à la portée de tout un chacun, tandis que le combat spirituel est le privilège des meilleurs, car il est plus facile de combattre autrui que soi-même ».
En Iraq, le sang ne cesse de couler indépendamment de tout projet de propagation de l’Islam. A Bagdad, précisément à Bassorah, la minorité sunnite s’entretue avec la majorité shiite. En Tunisie, les attentats par voitures piégées revendiqués par les Salafistes provoquent des bains de sang à chaque coin de rue. En Syrie et en Palestine, tous les jours, des innocents perdent la vie pour des conflits qui pouvaient être évités. Pour le premier cas, le mutisme de la communauté internationale est jusque là incompréhensible, voire même inadmissible. Plus de 100.000 morts et des milliers de refugiés de mars 2011 à ce jour. La guerre en Syrie ajoutée à l’affaire SNOWDEN creuse davantage le fossé entre l’Occident et la Russie. Si les premiers soutiennent l’opposition, le second est du coté de Bachard Al Assad. Prolongement de la guerre froide ? Ce qui est certain, c’est que la boulimie du pouvoir semble être à l’origine de cette marée de sang. Mais peut-on adorer DIEU sans la paix ?
Pourquoi c’est toujours au nom de la religion que les gens s’entretuent sans état d’âme ? Les religions sont elles venues nous rapprocher ou bien nous diviser ? En vérité, l’Islam recommande aux musulmans de se conformer aux exigences de leur religion et de tolérer l’autre dans ses différences. Mais l’autre tolère-t-il le musulman ? Connait-il suffisamment l’Islam ? Veut-il le connaître ?
Il est vrai que si on veut un monde de paix, il va falloir que l’Occident accepte de se débarrasser de ses représentations fallacieuses qu’il se fait dogmatiquement de l’Islam. Malheureusement, selon Roger Gauraudy, dans Promesses de l’Islam, p.19, « l’Occident, depuis treize siècle a refusé l’héritage arabo-islamique qui aurait pu et peut encore non seulement le réconcilier avec les autres sagesses du monde, mais l’aider à prendre conscience des dimensions humaines et divines dont il s’est mutilé en développant unilatéralement sa volonté de puissance sur la nature et sur les hommes ».
La communauté mouride a incontestablement contribué à donner à l’Occident une autre l’image de l’Islam par le biais de sa forte représentation et de par les nombreuses tournées effectuées jadis par Serigne Mourtalla et perpétuées aujourd’hui par son fils ainé Serigne Mame Mor Mbacké.
Elle doit non seulement persévérer dans cette voie, mais aussi conquérir les sommets de l’Etat afin de faire accepter au monde entier, cet Islam soufi non violent, basé sur la tolérance, la fraternité, la solidarité et la compassion, tel que enseigné par Cheikh Ahmadou Bamba. Ceux qui se réclament également de l’Islam radical devraient aller à l’école du Mouridisme pour une nouvelle vision de notre religion qui est loin de la terreur, de la contrainte et du sang.
Il conviendra ensuite d’accorder à cet islam une place importante dans les écoles et les universités, car le Mouridisme est un humanisme sans commune mesure, une doctrine sociale, un moyen de changer les comportements par l’éducation et non par les armes.
Disons finalement qu’après avoir essayé la monarchie, la démocratie, le communisme, le socialisme, le capitalisme, essayons maintenant le Mouridisme et on verra que toute l’humanité s’en réjouira : le sang cessera de couler, la pauvreté disparaitra, les contre-valeurs ne seront plus que de vieux souvenirs et les inégalités sociales s’estomperont.
Baye Fary SEYE, Enseignant,Ecrivain, Journaliste