CHEIKH AHMADOU MBACKE MAOULHAYAT : J’AI VU MON FILS MENOTTÉ AUX PIEDS, MAIS…

Ce que désormais on peut appeler « l’affaire Khadim Gueye », à cause de la tournure judiciaire qu’elle a eue, a suscité la réaction de nombreuses personnalités religieuses. À la suite du Khalife Général des Mourides Serigne Mountakah Bassirou Mbacké qui s’est exprimé sur la question, le guide spirituel Cheikh Ahmadou Mbacké Maoulhayat considère que cette « affaire » « est une épreuve qui peut arriver à tout musulman. Je connais bien la personne en question, j’ai fait des investigations sur lui, je sais où il étudiait, qui il est et ce qu’il a fait. Je trouve que son arrestation ne valait pas la peine ». Toutefois, il déplore la tournure judiciaire qu’elle a eue et la dimension médiatique qu’on lui a donnée. Pour le guide religieux, « ce n’était pas la peine d’en arriver là d’autant plus que les parents des enfants menottés aux pieds étaient consentants, conscients du danger qu’ils encourent s’ils ne reçoivent pas une bonne éducation de base ». L’homme de Dieu, réputé par sa capacité de transformation de jeunes perdus, juge que la mesure du Serigne Daara, de menotter aux pieds les enfants, est à mettre dans sa volonté d’éduquer les enfants, afin de leur assurer une vie d’adulte apaisée. « L’éducation et le savoir n’ont pas de prix. La raison de tous nos maux vient d’un déficit d’éducation de nos enfants. Si on avait réussi l’éducation des enfants, le budget consacré à la police, à la gendarmerie et à la justice pourrait réduire considérablement. Il est plus facile de redresser une plante quand elle est jeune plutôt que d’attendre qu’elle soit grande. Il y a des parents qui viennent souvent se plaindre auprès de moi de la mauvaise éducation de leurs enfants. En effet, un parent est venu me dire que son fils le menace souvent avec un couteau. Il prend ses bijoux et les vend sans qu’elle ne puisse rien faire pour arrêter tout ça. C’est ça qu’on veut éviter à l’enfant, raison pour laquelle on fait tout pour lui donner une bonne éducation de base », dit Maoulhayat.

Cependant, dans sa mission d’instruire et d’éduquer, « l’éducateur doit être pédagogique et utiliser toutes les méthodes possibles avant d’en arriver à celle-là. Il doit agir avec intelligence et non avec passion. J’ai l’habitude de dire aux enseignants de mon daara, qu’il faut éviter de frapper les enfants, car je n’en veux pas. Si c’est par nécessité, il faut le faire avec raison, sinon vous risquez de blesser l’enfant sans le vouloir. Si on menotte les pieds d’un enfant avec raison et non avec passion, cela ne lui fera que du bien dans l’avenir », renchérit le fils spirituel de Serigne Saliou Mbacké.

Cette pratique de menottes temporaires aux pieds de l’enfant récalcitrant est une pratique qui est née en même temps que le daara. On la retrouve dans pratiquement tous les daaras. Elle n’épargne personne, soit-il l’enfant d’un marabout. « Pas plus qu’avant-hier mon propre fils a été menotté aux pieds, pour une raison pas importante. Quand je l’ai vu, ça ne m’a pas du tout dérangé, car j’ai compris que l’éducation va de pair avec la souffrance. Par contre, ceux qui m’avaient accompagné ont pleuré à chaudes larmes. Mais je leur ai dit qu’il n’y a aucun problème, la vie au daara ne dure pas longtemps c’est tout juste trois ans, bientôt tout cela fini. Moi-même je suis passé pire que lui au daara et je sais qu’il ne vivra le 1/8 de ce que j’ai enduré. Et aujourd’hui personne ne peut savoir que je suis passé par toutes ces souffrances, si je ne lui dis pas. Et son Serigne daara qui l’a mis dans cette situation ne lui veut que du bien. À mon fils, j’ai prodigué des conseils. Je lui ai demandé de redoubler d’efforts, d’être plus endurant et plus patient, c’est tout ». À cet exemple qui concerne le propre fils de Cheikh Ahmadou Mbacké Maoulhayat, vient s’ajouter celui d’un grand dignitaire mouride. C’est Maoulhayat qui nous le raconte : « Il y a deux grands dignitaires mourides, l’un a un grand daara à Touba où sont passés la majeure partie des fils de Serigne Touba. Un jour, les droits de l’hommistes sont venus à Touba. Accompagnés par l’autre grand dignitaire mouride sous l’autorité de laquelle est placé le premier, ils sont allés visiter le daara de ce dernier. Il y avait une troisième personne qui les accompagnait. Elle avait son fils, un peu turbulent, dans le daara. Quand cette personne a vu que son fils était menotté, il avait commencé à pleurer. Le plus grand dignitaire mouride lui dit : « regarde, celui-là c’est mon fils ». Ce dernier avait aussi des menottes aux pieds. Et l’homme sécha ses larmes ».

Les menottes aux pieds de l’enfant ont un seul objectif : corriger l’enfant, l’éduquer et l’inscrire définitivement sur le bon chemin, sachant que s’il devient adulte, il en sera trop tard. C’est pourquoi, « un autre dignitaire mouride avait dit au chef d’une équipe de gendarmes venue dans son daara pour récupérer les enfants menottés aux pieds : « Nous les avons mis dans cette situation pour leur donner une bonne éducation et éviter qu’ils soient menottés aux mains dans l’avenir ». Car les menottes dans le daara ne leur privent pas de leur liberté. C’est tout juste pour les empêcher de fuir. », ajoute Boroom Manaroul Houda.

Il est vrai que la multiplication des agresseurs dans notre pays s’explique principalement par un déficit d’éducation à la base des enfants. « Parmi ces gens, il y a certains qui, s’il avaient reçu une très bonne éducation à la base, ne seraient pas devenus des agresseurs. Il y a aussi certains qui ont été menottés durant leur enfance sans quoi, ils seraient aujourd’hui de grands délinquants. », affirme le Cheikh.

Même si cette pratique a un but pédagogique, il urge, selon l’avis de Maoulhayat de « réorganiser les daaras et de mettre des règles pour leur ouverture ». Il ajoute : « Nous ne devons pas rejeter les suggestions de tous ceux qui donnent un avis contraire à notre position en pensant qu’ils combattent les daaras. Il nous faut aussi, nous Serigne daara, faire une introspection et revoir certains de nos comportements. Il y a certaines attitudes qui blessent l’enfant. On peut l’instruire sans lui faire du tort. Je maîtrise bien ce que je dis parce que j’ai un daara qui emploie plus de 150 enfants avec des enseignants chevronnés. Nous les prenons entièrement en charge et gratuitement. Nous avons mis en place une organisation stricte qui fait progresser les enseignements/apprentissages sans nuire aucun élève et les résultats sont satisfaisants. Si on laisse certains mettre de l’avant leur passion au détriment de leur raison, ils risquent de blesser les enfants et si ça continue comme ça, l’enseignant peut ne pas réussir sa mission de transmission du savoir. Serigne Saliou disait, quand on était dans son daara : « Quand on frappe à plus de trois coups, satan s’introduit ». Si pour frapper un enfant, on enlève son boubou et on le torture, on risque de le tuer ».

Selon le Cheikh qui a passé treize années dans les daaras de Serigne Saliou Mbacké, il y a d’autres méthodes qu’on peut utiliser pour corriger les enfants. Il cite l’exemple de Oustaz Barham Diop qui a raconté, qu’un jour, il a trouvé que son fils qui jouait au football avait cassé une vitre de sa bibliothèque. Quelqu’un l’avait puni dans une chambre. Lorsqu’il arriva, il trouva l’enfant dans la chambre. Il lui demanda de prier 10 rakkas. Quand il termina il lui demanda de prier encore 10 rakkas et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il s’endormit. Une manière pédagogique aussi et non-violente de correction de l’enfant.

Les responsabilités semblent être partagées. De l’avis de Maoulhayat, « une prise de conscience, une réorganisation du secteur et une discussion s’imposent à nous Serigne daaras pour plus d’indulgence à l’égard des enfants. Faire en sorte que l’enfant vous aime et vous choie plutôt qu’il ait peur de vous. Ce n’est pas bon de terroriser l’enfant. Faire venir à Dakar des enfants du village qui ne connaissent ni feu rouge, ni passage clouté et leur demander de mendier dans la rue, est un vrai danger. On pouvait rester au village et ouvrir là-bas un daara, c’est mieux ».

Selon Maoulhayat, l’Etat aussi a un grand rôle à jouer. « L’Etat doit davantage s’impliquer en recensant les vrais daaras qui remplissent correctement leur rôle qu’il leur apporte son soutien. Les exemples foisonnent à Touba, à Ndiareme et ailleurs, on a de très nombreux daaras qui remplissent correctement leur mission. Mais, s’il faut des bras longs pour être appuyé ou que l’aide ne soit accordée qu’aux proches du pouvoir, ça ne vas pas dans le sens de l’intérêt des daaras. C’est comme ce qui nous arrive nous paysans. Les vrais paysans ne reçoivent pas l’aide de l’Etat en semences et en matériel agricole. Ce sont d’autres personnes qui ont le bras long qui passent par la porte dérobée qui en bénéficient et les revendent après. Faire des investissements et subventions utiles aiderait tout le monde. Il faut aider les daaras en leur construisant par exemple des salles pour étudier, toilettes, ou autres infrastructures aptes à booster les enseignement/apprentissages. Et si l’Etat fait des investigations sérieuses à travers ses services décentralisés, il aura la bonne information. Cependant, la réalité c’est qu’il suffit à quelqu’un de se munir de ses papiers, qu’il active son réseau grâce à un bon carnet d’adresses, pour qu’il soit appuyé par l’Etat même si ce qui se trouve sur le papier est diffèrent de ce qui est sur le terrain. Car il y a des personnes qui ne sont pas des Serigne daaras mais qui parviennent, à travers des papiers, à avoir l’aide de l’Etat. De même il y a des gens qui ne sont pas des cultivateurs et pourtant reçoivent du matériel de l’Etat et des semences ».

Etant donné que l’apprentissage du Coran et des sciences religieuses est une obligation pour tout enfant, le Cheikh donne ce conseil aux parents : « Que les parents confient leurs enfants à de vrais éducateurs dans de vrais daaras qui ont des maitres cléments qui sont mus que par la volonté de servir ALLAH (swt) et l’islam, différents de ceux qui ne sont mus que par leurs intérêts personnel. »

Papa Fary Seye, Journaliste

LA DECENTRALISATION AU SENEGAL : BILAN ET PERSPECTIVES

L’Acte III de la Décentralisation a-t-il sa place dans le dispositif juridique sénégalais ? Une telle question peut paraître, a priori, saugrenue, choquante et même surprendre bon nombres de chercheurs sénégalais intéressés par le droit de la décentralisation. Et pourtant, la réponse à cette question ne s’impose pas d’elle-même. Au demeurant, l’actualité judiciaire sénégalaise offre une formidable opportunité pour réfléchir sur la réalité de la décentralisation, de l’Acte III en particulier.
Les réformes les plus difficiles à mener dans une société sont celles qui touchent à l’Administration. Celle-ci est, en effet, une matière qui intéresse tous les citoyens, en tant qu’institution chargé faire prévaloir, au quotidien, l’intérêt général. Par ce texte, nous tentons d’apporter une contribution à ce débat qu’anime le gratin des juristes sénégalais.

D’emblée, il faut souligner que réfléchir sur une réforme qui n’a pas encore révélé tous ses contours n’est pas aisé. Aussi, serait-il judicieux de poser la problématique de la décentralisation, d’en retracer son historique au Sénégal avant d’entrevoir le contenu de l’Acte III qui se dessine à l’horizon.

On a l’habitude de dire que le Sénégal est un pays de décentralisation. Il est vrai que notre pays a expérimenté la décentralisation bien avant les Etats africains. Il a longtemps fait usage de ses deux composantes que sont la décentralisation territoriale et la décentralisation technique ou par service.

La décentralisation est faite pour les populations. C’est un mouvement concomitant avec le développement de la démocratie. Elle consiste à renforcer les pouvoirs, les capacités de participation des populations à l’effort de développement et à les impliquer à la résolution des problèmes de leur localité. Décentraliser c’est « décider plus rapidement, décider plus près, décider à partir d’une base démocratique c’est-à-dire à partir des représentants choisis par les populations ».

Il faut rappeler qu’à l’Indépendance, sur la base des travaux du Père Lebret et Mamadou DIA, alors Président du Conseil, le Sénégal avait reconnu l’existence de sept zones éco-géographiques. A chacune de ces zones, on a appliqué le principe de la décentralisation technique, en créant ici, la SODEPS pour la zone Sylvo-pastorale. Ailleurs, on a créé la SODEVA pour le bassin central, d’un autre coté la SODEFITEX etc.

Cette décentralisation technique a été combinée à une décentralisation territoriale. En effet, au Sénégal, le processus de Communalisation a débuté dans le courant du 19ème siècle avec les quatre (4) Communes de plein exercice (Saint-Louis, Rufisque, Dakar et Gorée). C’est pour cela que certains juristes estiment que la communalisation intégrale, opérée au lendemain de l’indépendance, ne saurait être considérée comme une étape encore moins comme l’Acte I de la décentralisation en ce sens qu’elle a été héritée de la Colonisation. Ainsi, lorsqu’il s’est agi de généraliser les Communes de plein exercice, on n’a pas jugé nécessaire de faire une réforme substantielle.

Toutefois ces Communes n’étaient régies par aucun texte législatif ou réglementaire. Il a fallu attendre l’année 1966 pour que soit adopté le Code de l’Administration Communale. Après la mise en place des Communes, on s’est ensuit, intéressé à la question de la gestion du monde rural par ses populations d’où l’Acte I de la décentralisation au Sénégal qui correspond à la création des Communautés rurales.

C’est pour dire qu’après l’Indépendance, la première vraie réforme est intervenue en 1972. Elle a été opérée avec la loi 72-25 du 19 avril 1972. Celle-ci introduit de la décentralisation en milieu rural en créant les Communautés rurales. Les Communes, on le sait, avaient été créées par le colonisateur français. Donc la première entité territoriale décentralisée au Sénégal remonte à 1972. Voilà pourquoi d’aucun considère que c’est la loi 72-25 du 19 avril 1972 qui constitue en réalité l’Acte I de la Décentralisation au Sénégal.

Cette perception est contestée par d’autres juristes qui estiment, pour leur part, que la réforme de 1972 ne peut être que l’Acte II de la Décentralisation sénégalaise. Leur position est compréhensible. En effet, en 1996, le Sénégal a connu une grande réforme, qui était ambitieuse, audacieuse et qui du plus n’a pas produit tous ses effets. Toutefois, une étape importante du processus de décentralisation allait être franchie avec la région qui devient au-delà de sa nature de circonscription administrative, une Collectivité locale. En outre, on avait prévu avec la loi 96-07 du 22 mars 1996 le transfert de neuf domaines de l’Etat aux Collectivités locales, l’allègement voire ou même la suppression de la tutelle s’en est suivie. Ainsi, les Collectivités locales étaient devenues « maîtresses » de l’opportunité de leurs décisions. C’est pour cela qu’on a parlé d’Acte II de la Décentralisation. Le Président DIOUF disait à ce propos que cette réforme allait faire vivre au Sénégal « une Révolution silencieuse ».

Aujourd’hui, si on doit en faire le Bilan, on ne peut dire que tout est totalement négatif. Il faut reconnaitre qu’il y a d’abord un dispositif juridique et institutionnel assez sophistiqué. On a aussi une tradition de Collectivités locales alors que des pays viennent de découvrir ce phénomène. Une expérience de démocratie locale avec notamment le « protagonisme » des forces politiques qui se battent au niveau local pour avoir des représentants peut être notée. En outre, il y a une tradition de gestion locale. Cela on ne peut le nier. Mais, là où il y a des problèmes avec ces différentes réformes, c’est au niveau du développement, au niveau de la dimension économique de la décentralisation. Autrement dit, la décentralisation a pêché sur deux plans. Premièrement, la décentralisation n’a pas permis de réformer l’Etat. Parce qu’au fond ce que l’on voulait avec la décentralisation, c’était une réforme de l’Etat ; changer la manière d’être et d’agir de l’Etat ; faire en sorte que les choses ne se décident plus à partir de Dakar pour être imposées à la base. C’était en quelque sorte de pouvoir casser ce clivage entre le Sénégal utile et le Sénégal oublié. Mais au fond, on se rend compte que cette réforme de l’Etat n’a pas été réussie. En d’autres termes, la décentralisation sénégalaise quoique vieille, quoique sophistiquée n’a pas permis de mettre en place un nouveau type d’Etat adapté, proche des populations et qui promeut le développement en tenant compte des spécificités locales.

Deuxième chose qu’on n’a pas réussi c’est d’actionner le levier du développement économique à partir de la décentralisation. En réalité, on n’avait pas simplement décentralisé pour créer une classe politique locale, pour avoir une reconfiguration institutionnelle. On avait décentralisé parce que l’on pensait qu’on allait réunir les conditions d’un développement économique à la base. On allait permettre aux acteurs à la base d’exploiter les potentiels des terroirs et des territoires pour pouvoir impulser le développement. Et force est de constater, sous cet angle, que la décentralisation n’a pas été réussie.

Tout compte fait, aujourd’hui, l’Acte III se dessine à l’horizon, se plaçant ainsi au fronton de notre organisation administrative. Il suscite beaucoup d’attentes notamment le développement local qui peine à décoller. Pour le Président Macky SALL, il s’agit « d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable à l’horizon 2022 ». Cette réforme administrative en cours va procéder par un phasage, par des étapes.

Dans la phase 1 (une) il y aura Communalisation intégrale. Elle postule que désormais au Sénégal, il n’y aura plus de Communes et de Communautés rurales. Ces dernières vont être transformées en communes. Ainsi, la collectivité locale de proximité sera la Commune et non la Communautés rurales. Il y aura des implications et la première sera la simplification du vocabulaire institutionnel. Souvent même, dans le cadre de la coopération décentralisée, les interlocuteurs du Sénégal avaient des problèmes car ils ne reconnaissaient pas la Communautés rurales dans leur jargon institutionnel. Ensuite, cela va permettre de moderniser les Communautés rurales. Ce ne sera pas seulement un changement sémantique, terminologique, sinon cela n’apporte rien. Les Communautés rurales, devenues Communes, auront désormais des ressources qu’elles ne pouvaient avoir et que seules les communes avaient. Les Communautés rurales vont avoir des possibilités et des capacités institutionnelles qu’elles ne pouvaient avoir. Exemple : les textes leur interdisaient de recruter un personnel. Une Communauté rurale se limitait à deux personnes, le Président de la Communauté rurale et un assistant communautaire. Désormais Communes, elles auront la possibilité de se doter de personnel et de capacités institutionnelles nécessaires. Les Communautés rurales n’étaient pas libres pour faire par exemple leur budget comme elles le voulaient à cause notamment des contraintes qui pesaient sur elles. On considérait en effet qu’elles étaient des Collectivités locales mineures et que seules les communes étaient majeures. Maintenant, il va y avoir une égale dignité des Collectivités locales. Les anciennes Communautés rurales devenues communes vont avoir les mêmes compétences, les mêmes attributs, la même envergure que les Communes. En plus, les zones de terroirs qui sont dans leur territoire, elles vont continuer à les gérer comme les Communautés rurales les géraient. Autrement dit, on ne va plus les déposséder. La loi sur le domaine national prévoit que quand une Collectivité locale devient Commune, les terres du domaine national qui étaient sur son territoire, notamment les terres à vocation agricole, vont être reversées automatiquement dans le domaine privé de l’Etat. Ici, on ne les dessaisit pas. Elles vont avoir toutes les avantages, tous les atouts, toutes les opportunités des communes. En plus, elles gardent les avantages de la ruralité.

Le deuxième axe de la réforme, c’est l’érection du département en Collectivité locale. Maintenant, on va avoir des échelles de gouvernance à tous les niveaux (une échelle de gouvernance démocratique de proximité, une échelle de gouvernance démocratique au niveau du département et une autre au niveau régional. Autrement dit, il n’y aura plus une seule échelle de gouvernance qui sera entre les mains de l’Etat. On va rendre aux populations les échelles de gouvernance. Les populations vont élire leurs représentants et cela va être le cas du département. Et pour ce dernier, l’intérêt c’est qu’elle soit une collectivité territoriale assez homogène du point de vue socioculturel. En effet, on se sent plus « Mbourois », « Tivaouanois » que « Thiessois ». Donc, il y a un lien d’affection, un sentiment d’appartenance qui est plus fort quand il s’agit du département que quand il s’agit de la région. Et au-delà, il y a une résonnance historique car les départements actuels sont l’émanation des anciennes provinces. Donc en faire une Collectivité locale accroitrait la participation locale.

Conséquemment, il va y avoir une redistribution des compétences. Ainsi, la plupart de celles-ci qui étaient dévolues aux régions vont être transférées aux départements. Il s’agit notamment de l’action sociale, la gestion des écoles, la santé etc. La région elle, aura essentiellement des compétences en matière de planification, en matière d’aménagement du territoire. Ce qui justifie l’assertion du maire de Dakar, Khalifa SALL : la décision d’« agir localement est irrévocable » et « la gestion locale est devenue incontournable ».

Et dans la phase 2 (deux), qui se fera après la tenue des élections locales, il sera question essentiellement de deux voire trois aspects fondamentaux. L’aspect le plus fondamental et qui est le « noeud gordien » de la décentralisation, c’est le financement des Collectivités locales. En effet, les ressources sont encore trop gardées à Dakar. Donc, ce qui va focaliser l’attention, ce sont les innovations dans le mécanisme de financement de la décentralisation. Le deuxième aspect serait le regroupement, en pôles de développement, des collectivités locales. La réflexion portera sur la manière d’inciter les territoires à aller sur la base du volontarisme, de la contractualisation vers les pôles. C’est d’ailleurs ce qui se fait au Sud avec l’entente Casamance qui regroupe les régions de Sédhiou, de Kolda et de Ziguinchor. Et enfin, le troisième aspect de cette seconde phase de la réforme serait la correction des incohérences territoriales. La plupart des grandes Communes sénégalaises étouffent alors que les Communautés rurales ont encore des terres qu’elles ne parviennent pas à utiliser. Certainement cela va poser des problèmes. Mais, un Etat ne peut pas non plus dire que toucher aux terres des Communautés rurales va provoquer des soulèvements. Il sera donc question de trouver des arrangements entre la Communes et les Communautés rurales devenues Communes pour le partage des terres.

L’Acte III de la décentralisation lancé officiellement le 19 mars dernier va probablement bouleverser l’architecture institutionnelle sur laquelle reposait, le Sénégal, jusqu’ici. Sera-t-il une réalité ou une chimère ; éternel mimétisme ou résultat de l’évolution ; politique décentralisatrice ou politique politicienne ? Dans tous les cas, une interrogation de l’histoire confirmera que le Sénégal est un pays de réformes, de colloques, de séminaires. Seulement là où le bas blesse c’est dans l’application des conclusions de ceux-ci.

Assane NIASS, FSJP-DAKAR

 

 

 

Quelques propositions pour un Sénégal émergent

L’effort de construction de la Nation sénégalaise doit être fourni par chaque citoyen. Le travailleur doit verser sa sueur, l’écrivain doit déverser son encre, le guide doit élever sa voix pour le bien-être de ses concitoyens, car aux yeux de l’Islam, le meilleur d’entre nous, c’est celui qui se préoccupe le plus, des autres.  Imbu de ces valeurs, nous nous proposons, dans cette présente réflexion, de faire quelques propositions, pour un Sénégal libre fort et uni malgré la diversité.
Pour arriver à cet idéal, il s’agira :

– Premièrement, de lutter contre la corruption :

La corruption, le détournement des deniers publics, le népotisme et la gabegie sont des tares qui retardent le redécollage économique de la plupart des pays africains. Il est toutefois inquiétant de constater que la corruption s’amplifie dans un pays comme le Sénégal  dont la population est composée à plus de 95 % de musulmans. Elle n’épargne maintenant aucun domaine, ni aucun secteur privé ou public. La surfacturation, les dessous de table, les pots de vin, les « nouyou mouride » (salutations à la manière du mouride) ne sont que des formes de corruption.

Reconnaissons que la corruption est devenue banale chez nous au point qu’elle ne nous scandalise plus. Combien de personnes se font corrompre tous les jours dans l’exercice de leur fonction ? Or, le Prophète (PSL) nous apprend : « le péché d’un franc corrompu et consommé sciemment est plus grave que l’acte de commettre 40 fois l’adultère avec sa propre mère ». Il (PSL) dit encore : « Celui qui s’approprie de force un bien appartenant à un autre, l’enfer lui sera inévitable et il n’aura pas accès au paradis ». Dans un autre hadith, il (PSL) dit : « Ne donnez pas aux gens moins que leur dû ; et ne commettez pas de désordre et de la corruption sur terre ».

Lutter contre la corruption revient alors à restaurer, inculquer et transmettre les valeurs positives. Car, la corruption est un état d’esprit lié à un déficit d’éducation. C’est pourquoi, pour  la combattre, il faut agir dés le bas âge. Etant donné que nos décideurs sont en grande parti les produits de notre système éducatif, et que ce sont eux qui sont poursuivis pour enrichissement illégal, il serait opportun de réfléchir sur un nouveau système qui accorderait plus d’importance aux valeurs religieuses de droiture, d’humilité, de générosité, de compassion, de respect de son prochain, de sens du sacrifice, etc.

En effet, à l’état actuel, aucune de ces valeurs n’est enseignée par l’école à ses pensionnaires. Pire, même nos propres valeurs traditionnelles de jom (affirmation de soi), de ngor (dignité), de kersa (pudeur), de fulla (détermination) et de fayda (forte personnalité), de teggine (savoir bien faire) ne sont pas capitalisées en termes de savoir-être par le système. Aussi notre école est-elle un maillon dans la chaîne de fabrication de jeunes insouciants, sans valeurs réelles, culturellement asservis, reproduisant ainsi le schéma de la domination occidentale dans sa version néocolonialiste, mondialiste aux conséquences plus désastreuses.
Introduite en Afrique pendant l’ère coloniale, l’école continue à former son lot d’intellectuels vides de toute dignité, de toute probité morale. Pitoyables complexés culturels, ils restent totalement coupés de leurs valeurs traditionnelles. Sans éthique, ils encouragent la corruption à tous les échelons de l’État. L’école doit former des sénégalais fiers de l’être dont la source principale d’inspiration serait leur propre histoire. On ne devrait nourrir aucun complexe d’introduire dans les programmes d’enseignement, l’étude de « Nahjou hadaa il haaj » ou « la voie de la satisfaction des désirs » de Cheikh Ahmadou Bamba Xaadimul Rassul qui nous enseigne comment devenir un bon citoyen. Avant des diplômés, l’école doit d’abord construire des hommes, au sens réel du terme. En tout cas, c’était cela le projet de Cheikh Ahmadou Bamba.

– Deuxièmement, une gouvernance vertueuse :

Il faut aller dans le sens du « right man on the right place » (l’homme qu’il faut à la place qu’il faut). Il est inconcevable de voir, dans un pays qui veut émerger, des ministres sans diplômes et des députés analphabètes. Au moment où aux USA, il faut la licence universitaire pour faire parti de l’équipe du basket du N.B.A, au Japon, la licence pour enseigner à l’élémentaire, au Sénégal, on peut, sans le B.F.E.M, assurer des fonctions de ministre ou ne jamais avoir été à l’école ou au daara et être député à l’Assemblée nationale.

Il faut que ceux qui assument de hautes responsabilités de l’Etat cessent de banaliser leur autorité voire leurs fonctions, au point de parrainer des soirées, des combats de lutte, des concerts, ect. Ils doivent comprendre qu’ils ne sont pas tombés miraculeusement du ciel. Elles sont des créatures mortelles au même  titre que tout le monde et seront  soumis à l’interrogatoire divin pour répondre de leurs actes. Conscient de  cela, ils feraient preuve d’humilité et poser des actes positifs au service de leur société, lesquels leur permettront de graver leurs noms dans le panthéon des serviteurs de leur peuple et pourront à cet effet faire parti de  ceux qui seront récompensés par ALLAH, dans l’Au-delà.

Dans la tradition musulmane, on raconte que le calife Omar Ben Abdel Aziz reçut de nuit la visite d’un hôte. Le calife écrivait à la lumière d’une lampe. Celle-ci faillit s’éteindre faute d’huile.
– « Vous me permettez de garnir la lampe », lui dit l’hôte ?
– « Il est malséant à l’homme de faire servir son hôte », dit le calife.
– « Voulez-vous que je réveille le domestique pour le faire », dit l’hôte ?
– « Ne le réveillez pas, il vient de se coucher », dit Omar qui alla chercher le vase à huile et garnit la lampe lui-même.
– « Est-ce que vous faites ce service vous-même », dit l’hôte ?
– « Je ne me suis pas dégradé, [dit le prince], je suis toujours Omar à l’aller et au retour. Aux yeux de Dieu, le meilleur des hommes est bien l’homme modeste ! ».
De même on rapporte qu’Abdou Horeira, nommé gouverneur à Médine par le calife Marwane, revint un jour du Souk avec un fagot sur le dos. Il ne cessait de répéter :
« Laissez passer le gouverneur ! ».

Dans un hadith que l’on retrouve chez Boukhari et Mouslim, le Prophète (PSL) dit : « Voulez-vous que je vous désigne les gens de l’enfer ? Toute brute, tout avare et tout
présomptueux ! ». Le Prophète (PSL) a dit aussi : « Dieu m’a révélé ceci : «Soyez modeste ! Que l’un de vous ne se croit pas supérieur à un autre et qu’il se garde de l’opprimer»  ».
Nous reconnaissons avec le sage Ptahotep, vizir du roi Isesi (environ -2500) en Egypte ancienne que : « Si tu es dirigeant (un directeur) qui contrôle les affaires de beaucoup d’autres, recherche chaque acte bienfaisant, de façon à ce que ta conduite soit sans blâme. Grande est la justice dans ses effets… ».
Certains avantages des ministres, conseillers, députés, directeurs de société, entraineur de l’équipe nationale… doivent être revus dans l’intérêt de la Nation. De plus, il y a lieu de réduire le nombre de conseillers et de supprimer tous les postes qui n’apportent rien à la nation. Il ne devra plus s’agir de créer des postes pour caser des partisans, mais il faudra désormais agir utilement, car le Sénégal n’est de la propriété de personne.

– Troisièmement, promouvoir la production et la consommation locales :

L’Etat doit aller sans le sens d’instaurer le « corps des agriculteurs professionnels » qui sera constitué de jeunes sénégalais recrutés et envoyés dans la campagne pour augmenter la production et la productivité. Ils seront accompagnés par des ingénieurs agricoles pour leur servir d’assistance et de conseils.

A l’heure de la mondialisation, le Sénégal devrait assurer son autosuffisance alimentaire d’autant plus que sa population ne fait pas 15.000.000 de personnes au moment où la Chine avec ses 1.500.000.000 d’individus a déjà tourné cette page. Il n’y a pas de miracle, il n y a que de la volonté politique. Il est honteux de constater que la décolonisation de nos ventres et de notre corps n’est pas encore effective. Combien de produits finis  et de vêtements sont importés depuis l’étranger ? C’est l’étranger qui nous nourri et nous habille, parce que nous n’avons pas encore décolonisé nos mentalités. Il faut que ça cesse ! L’Etat doit mener une politique sereine allant dans le sens de la déconstruction des mentalités et la formation de sénégalais fiers de l’être, débarrassés de tout complexe d’infériorité et de ses reflexes de subordination.

Pourquoi devrons-nous toujours continuer de confier notre destin aux « grandes puissances »  au point que se faire recevoir par Obama ou le recevoir nous parait être comme une aubaine ?

« Les Etats n’ont pas d’amis ils n’ont que des intérêts ». Si nous voulons aller de l’avant, il faut rompre avec ces habitudes et reflexes de subordination pour marcher de nos propres jambes.

Baye Fary SEYE
Enseignant, Ecrivain Journaliste

 

 

 

A qui confier l’avenir de l’humanité ?

Jamais dans l’Histoire, l’humanité n’a atteint le degré de perversion et de sécheresse spirituelle que connait le monde du XXIème siècle. L’homme, bien qu’étant indiscutablement  au faîte du progrès scientifique et technologique,  est encore incapable de vaincre le VIH/Sida et la pauvreté ou de se passer de la guerre. Que dire alors de la pensée de  Descartes qui assignait à l’humain le pouvoir d’être maître et possesseur de la nature ?

Pourtant, l’humanité actuelle pense avoir franchi des pas importants par rapport au passé. Elle s’enorgueillie de la démocratie, des droits humains, de la liberté, etc. Ces concepts nouveaux, promus par les pays les plus développés au plan économique, bouleversent en même temps les sociétés du sud, menacent leurs cultures et leurs traditions.

De plus, grâce au progrès  de la science et de la technique, le monde est miniaturisé, transformé en un village planétaire avec un seul chef, les USA et l’ensemble des pays qui partagent avec eux les mêmes valeurs de base.

En outre, la géopolitique mondiale est actuellement rythmée par des calculs d’intérêts, des positions partisanes, des projections parfois subjectives et des spéculations sans aucune dose de moralité, encore moins de spiritualité. Le matérialisme dialectique de Marx n’a pas encore fini de régenter les rapports socio-économiques.

Pire, le vent de l’homosexualité, de la transsexualité, du lesbianisme, du mouvement FEMEN, de la pédophilie et du banditisme souffle depuis l’Occident en direction des pays pauvres économiquement, aliénés culturellement et politiquement dépendants.

Nous osons affirmer que la richesse d’un peuple se trouve dans ses libres choix et ses propres orientations  aptes à lui fournir des réponses appropriées à ses problèmes tout en tenant compte de la dimension ô combien importante de la dignité de l’homme. C’est pour dire que si l’Occident se vante d’être héritier de l’antiquité gréco-romaine et de la tradition judéo chrétienne, l’Afrique noire doit, elle aussi, s’approprier tout l’héritage négro-pharaonique ainsi que de la tradition chrétienne et musulmane qu’il a fortement imprégnée.
Devant les actes posés par l’humanité dite « civilisée », nous sommes tenté de dire qu’elle est en train de remettre en cause sa propre humanité. En effet,   la particularité de l’homme réside dans sa raison qui l’élève au rang d’humain ou le rabaisse au rang de d’animal. En effet, la raison peut nous être utile dans notre long processus d’humanisation tout comme elle peut nous avilir, tant il est vrai qu’on ne nait pas humain, mais on le devient.

Nous savons tous que l’Occident s’est clairement  engagé sur une pente qui déprécie la valeur humaine, malgré ses efforts remarquables dans la protection des droits humains. Toutefois, nous continuons de lui confier les destinées de notre village et de lui renouveler notre allégeance. Nous n’osons même pas nous affirmer et prendre des positions dans les discussions qui se passent dans le concert des nations, encore moins de lui dire : halte ! Trop c’est trop ! Depuis que nous développons des sentiments de subordination à l’égard de l’Occident, nous avons intériorisé le fait que nous devons toujours le singer. Alors, nous acceptons sciemment de rester dans nos concessions et de subir le diktat.

Mais, devrons-nous continuer à confier l’avenir du monde à l’Occident ? La réponse est certainement « non ! ». Les derniers développements sur l’actualité prouvent que le village dit planétaire a besoin d’un nouveau chef.

A Cleevland dans l’Etat de l’Ohaio aux USA, trois femmes ont été enlevées, maltraités pendant 10 ans par trois frères d’une même famille (CASTRO). Par la volonté de DIEU, elles ont été retrouvées. Cet acte montre que, malgré qu’ils soient la première puissance mondiale avec des services de renseignements très efficaces, les USA présentent des signes de fragilité. Autre affaire, celle dite SNOWDEN. Ce jeune informaticien de 29 ans vient de soulever la polémique aux USA et susciter des incidents diplomatiques entre les USA, la Chine et la Russie, pour avoir révélé que depuis quelques temps les USA développent un programme d’espionnage en mettant sous-écoute toutes les communications internationales via téléphone et internet. Pourtant, les USA se présentent jusque là, comme étant les défenseurs de la démocratie et des droits humains. Comment alors qualifier cet acte, si ce n’est, comme le pense SNOWDEN, anti-démocratique et non conforme au respect des droits humains, des libertés individuelles et de la souveraineté des Etats ? Pire, la société américaine enregistre des meurtres, des viols, des bradages, des enlèvements tous les jours, parce que, sans doute, ses composantes ne sont pas éduquées selon les valeurs de l’Islam qui, somme toutes, reposent sur la justice.

La justice : c’est ce que réclament les Brésiliens, qui depuis quelques semaines sont dans la rue révoltés par les dizaines de milliards de dollars investis  par l’Etat dans le sport au détriment des préoccupations sociales en matière de santé, de transport, d’éducation… Fernando Henrique Cardoso (Président du Brésil de 1994-2002) avait raison quand il disait que « le Brésil est un pays injuste ». En effet, les inégalités sociales sont en faveur des plus riches qui ne représentent que 10 pour cent de la population mais détiennent plus de 50 pour cent du revenu national, tandis que 37 pour cent vivent en dessous du seuil de la pauvreté.

Quant à la France, elle est partagée entre un sentiment d’exaspération totale sur le bilan annuel de HOLLANDE, en raison de ses promesses non encore tenues et la consternation sur la légalisation du mariage gay, dont le premier a été célébré dans la municipalité de Montpellier, à la fin du mois de mai dernier.  Le taux de chômage grimpe, augmentant ainsi la déception des français. A ces difficultés est venue se greffer l’affaire Cahuzac, un poignard dans la plaie.

Ces difficultés nous laissent penser que la France a tout intérêt à reconnaitre ses erreurs et sa politique arbitraire et injuste à l’égard de Cheikh Ahmadou Bamba,  durant l’époque coloniale. L’apartheid a été reconnu comme étant un crime contre l’humanité ; le procès du capitaine Dreyfus injustement condamné a été révisé ; le génocide des Arméniens a été reconnu ; les banques suisses ont accepté de dédommager les héritiers des Juifs déportés. Qu’attend donc la France pour présenter ses excuses à la communauté mouride compte tenu de toutes les souffrances qu’elle a fait subir à ce grand homme qui n’a jamais fait du tort au Créateur encore moins à une créature ?

Sur un autre registre, un jeune français récemment converti à l’Islam est accusé d’avoir poignardé un policier. En Angleterre aussi, un policier a été sauvagement assassiné et le suspect est un musulman. Partout en occident, quand le sang coule, la piste du terrorisme musulman est vite privilégiée. La conséquence de tout  cela, c’est que  l’islamophobie se développe davantage dans les pays occidentaux.

En Afrique également quand le sang coule ce sont toujours les musulmans. Ici, la menace terroriste s’amplifie. Après le MUJAO au Mali, c’est au tour des Chebabs en Somalie et le Niger est sous la menace.
Mais, doit-on nécessairement répandre l’Islam par les armes ? L’auteur de l’article « Djihad » dans l’Encyclopédie de l’Islam, l’orientaliste D. B. Macdonnald,  n’a-t-il pas  tort d’écrire que « l’expansion de l’Islam par les armes est un devoir religieux pour tous les musulmans. » ?

En tout état de cause, l’Histoire est riche en exemples qui prouvent le contraire. Cheikh Ahmadou BAMBA a contribué à la propagation de  l’Islam dans la Sénégambie et fait échouer, en grande partie, le projet colonial sans n’avoir jamais versé la seule goutte de sang. La guerre sainte de l’âme a été sa principale arme. Il écrit à ce propos dans Les cadenas de l’Enfer :
2/5 « Frères, désirez ardemment la guerre sainte de l’âme !
3/5 « C’est par elle que vous gagnerez le Paradis.
4/5 « Celui qui ne mène pas le combat pour son âme, n’obtiendra rien de bon.
5/5 « C’est là, j’en jure par ma vie, le suprême combat ! »
El Hadji Omar TALL abonde dans le même sens. Il affirme dans Ar Rimah (Les lances) : « la guerre sainte aux infidèles est à la portée de tout un chacun, tandis que le combat spirituel est le privilège des meilleurs, car il est plus facile de combattre autrui que soi-même ».

En Iraq, le sang ne cesse de couler indépendamment  de tout projet de propagation de l’Islam. A Bagdad, précisément à Bassorah, la minorité sunnite s’entretue avec la majorité shiite.  En Tunisie, les attentats par voitures piégées revendiqués par les Salafistes provoquent des bains de sang à chaque coin de rue. En Syrie et en Palestine, tous les jours, des innocents perdent la vie pour des conflits qui pouvaient être évités. Pour le premier cas, le mutisme de la communauté internationale est jusque là incompréhensible, voire même inadmissible. Plus de 100.000 morts et des milliers de refugiés de mars 2011 à ce jour. La guerre en Syrie ajoutée à l’affaire SNOWDEN creuse davantage le fossé entre l’Occident et la Russie. Si les premiers soutiennent l’opposition, le second est du coté de Bachard Al Assad. Prolongement de la guerre froide ? Ce qui est certain, c’est que la boulimie du pouvoir semble être à l’origine de cette marée de sang. Mais peut-on adorer DIEU sans la paix ?

Pourquoi c’est toujours au nom de la religion que les gens s’entretuent sans état d’âme ? Les religions sont elles venues nous rapprocher ou bien nous diviser ? En vérité, l’Islam recommande aux musulmans de se conformer aux exigences de leur religion et de tolérer l’autre dans ses différences. Mais l’autre tolère-t-il le musulman ? Connait-il suffisamment l’Islam ? Veut-il le connaître ?

Il est vrai que si on veut un monde de paix, il va falloir que l’Occident accepte de se débarrasser de ses représentations fallacieuses qu’il  se fait dogmatiquement de l’Islam. Malheureusement, selon Roger Gauraudy, dans Promesses de l’Islam, p.19, « l’Occident, depuis treize siècle a refusé l’héritage arabo-islamique qui aurait pu et peut encore non seulement le réconcilier avec les autres sagesses du monde, mais l’aider à prendre conscience des dimensions humaines et divines dont il s’est mutilé en développant unilatéralement sa volonté de puissance sur la nature et sur les hommes ».

La communauté mouride a incontestablement  contribué à donner à l’Occident une autre l’image de l’Islam par le biais de sa forte représentation et de par les nombreuses tournées effectuées jadis par Serigne Mourtalla et perpétuées aujourd’hui par son fils ainé Serigne Mame Mor Mbacké.

Elle doit non seulement persévérer dans cette voie, mais aussi conquérir les sommets de l’Etat afin de faire accepter au monde entier, cet Islam soufi non violent, basé sur la tolérance, la fraternité, la solidarité et la compassion, tel que enseigné par Cheikh Ahmadou Bamba. Ceux qui se réclament également de l’Islam radical devraient aller à l’école du Mouridisme pour une nouvelle vision de notre religion qui est loin de la terreur, de la contrainte et du sang.

Il conviendra ensuite  d’accorder à cet islam une place importante dans les écoles et les universités, car le Mouridisme est un humanisme sans commune mesure, une doctrine sociale, un moyen de changer les comportements par l’éducation et non par les armes.

Disons finalement qu’après avoir essayé la monarchie, la démocratie, le communisme, le socialisme, le capitalisme,  essayons maintenant le Mouridisme et on verra que toute l’humanité s’en réjouira : le sang cessera de couler, la pauvreté disparaitra, les contre-valeurs ne seront plus que de vieux souvenirs et les inégalités sociales s’estomperont.

Baye Fary SEYE, Enseignant,Ecrivain, Journaliste

 

 

 

L’ONU entre la paix et la guerre

Née au lendemain de la seconde guerre mondiale en remplacement de la Société Des Nations (SDN), l’Organisation des Nations Unies (ONU) est le fruit d’un long processus. En effet, dès Février 1945, les grandes puissances alliées (Etats-Unis représentés par T. Roosvelt, le Royaume Uni par W. Churchill et l’U.R.S.S par Staline) et vainqueurs sur les puissances de l’Axe, réunis à Yalta en Ukrainne déclarent : ” Nous sommes résolus à créer avec nos alliés aussitôt que possible une organisation internationale générale en vue de maintenir la paix et la sécurité. Nous croyons qu’une telle organisation est essentielle pour empêcher de nouvelles agressions et éliminer les causes politiques, économiques et sociales des guerres au moyen d’une collaboration étroite et permanente des peuples pacifiques “.

Le 26 Juin 1945, les puissances alliées signent à San Francisco, la Charte donnant naissance à l’ONU. Dans la Charte sont définis les objectifs suivants : Maintenir la paix ; contribuer au développement économique, social, et sanitaire des Etats ; participer à la protection du patrimoine culturel des nations ; garantir les droits de l’homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Deux principes sont à la base du système de la Charte : l’interdiction du recours à la force dans les relations internationales et l’obligation de règlement pacifique. Ils sont définis dans les chapitres VI, VII et VIII. Le chapitre VI prévoit que les parties à  un différend, “dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales” (art. 33, § 1), “le soumettent au Conseil de sécurité” (art. 37, § 1) et que celui-ci, s’il “estime que la prolongation du différend semble, en fait, menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales”, peut “recommander tels termes de règlement qu’il juge appropriés” (art. 37, § 2). Dans le cadre du chapitre VII, “Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression”, le Conseil de sécurité, peut en effet décider des mesures qui s’imposeront à tous les membres, y compris des mesures impliquant l’emploi de la force armée. Donc, le recours de la force semble être relégué au dernier plan dans les rapports entre l’ONU et les Etats.

Le Conseil de sécurité est donc le seul organe de l’ONU dont les décisions doivent être respectées par les Etats membres. C’est aussi le seul organe international qui siège en permanence. Lorsqu’une situation ou un différend est porté à l’attention du Conseil, celui-ci commence généralement par recommander aux parties de trouver une solution pacifique. Il peut aussi enquêter, servir de médiateur, ou définir les principes d’un règlement. Il peut également nommer des représentants spéciaux ou demander au secrétaire général de prêter ses “bons offices”. Si les hostilités ont déjà éclaté, le premier souci du Conseil est d’y mettre fin le plus rapidement possible. Il peut enjoindre aux parties en conflit de déclarer un cessez-le-feu, imposer des sanctions diplomatiques ou économiques ou lancer une action militaire collective. Il peut aussi constituer des opérations de maintien de la paix, c’est-à-dire envoyer dans les zones de troubles des missions multinationales (groupes d’observateurs ou contingents militaires) qui s’emploient à atténuer les tensions et à séparer les forces ennemies pendant que l’on cherche à résoudre le conflit par la diplomatie. Ces “casques bleus” sont placés sous l’autorité du Secrétaire général et les parties en présence doivent consentir à leur intervention. Les casques bleus sont constitués de troupes fournies par les Etats membres. Ils interviennent dans différents pays pour imposer la paix.

Il est aussi précisé à l’article 2, paragraphe 7, que les Nations Unies ne sont pas autorisées à “intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un Etat membre”, reprenant le principe de la charte de l’Atlantique de 1941 signée ente Roosvelt et Churchill. Cependant, il ajoute in fine que “ce principe ne porte en rien atteinte à l’application des mesures de coercition prévues au chapitre VII”.

En outre, l’article 52 prévoit que le conseil de sécurité “doit, en tout temps, être tenu pleinement au courant de toute action entreprise ou envisagée”. Ainsi, aucune action coercitive ne peut être entreprise sans son accord.

Au regard de ce cadre juridique et institutionnel, il est clair que la charte de l’ONU repose sur un système cohérent et très ambitieux pour le maintien de la paix et de la sécurité collective.

Toutefois, l’organisation butte sur des tares qui l’affaiblissent et la dévie de ses principes. Les Etats forts semblent bafouer le droit international en menant une guerre dite préventive, refusent à l’ONU un rôle dans le contrôle de l’après-guerre et ignorent totalement le droit de véto des autres membres du conseil de sécurité. Ils mènent des actions isolés ou de groupes sans mandat onusien. Leur attitude est explicative des nouveaux rapports de force qui se dessinent dans le monde contemporain. En effet, au lendemain de la guerre froide qui marque la fin de la bipolarisation du monde, les Etats Unis prétendaient avoir vaincu toutes idéologies. A cet effet, Francis Fukuyama prédisait la fin de l’histoire. Il écrit :

«  Nous avons atteint le terme de l’évolution idéologique de l’humanité et de l’universalisation de la démocratie libérale occidentale en tant que forme définitive de gouvernement ».

Une nouvelle guerre pris alors la place de la guerre froide, à savoir « le choc des civilisations », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Samuel P. Huntington. Il écrit :

 « Dans le monde d’après la guerre froide, les distinctions majeures entre les peuples ne sont plus idéologiques, politiques ou économiques. Elles sont culturelles. Les peuples et les nations s’efforceront de répondre à la question fondamentale entre toutes pour les humains : qui sommes-nous ? Et ils y répondent de la façon la plus traditionnelle qui soit : en se référant à ce qui compte plus pour eux. Ils se définissent en termes de lignage, de religion, de langue, d’histoire, de valeurs, d’habitudes et d’institutions. Ils s’identifient à des groupes culturels, tribus ethnies, communautés religieuses, nations et, au niveau le plus large, civilisations…dans le monde nouveau, les conflits les plus étendus, les plus importants et les plus dangereux n’auront pas lieu entre classes sociales, entre riches et pauvres, entre groupes définis selon les critères économiques, mais entre peuples appartenant à différentes entité culturelles. »

L’Occident trouve alors en face de lui, un peuple religieusement et culturellement chargé : le monde arabo-musulman. Ce dernier refuse toute forme d’uniformisation des cultures affichée par l’Occident et s’affiche comme étant l’incarnation de la justice et de l’égalité. On note l’ascension des partis d’obédience islamique dans la plupart des pays arabes comme en Egypte où on a assisté à l’arrivée démocratique au pouvoir des « frères musulmans » dirigés par le Dr. Mohamed Morsi.

La volonté d’uniformisation des cultures affichée par l’Occident est une menace face aux spécificités culturelles et religieuses propres à chaque peuple.  Il est clair que la diversité culturelle doit être source d’enrichissement et non de conflit.

Mus donc par leurs intérêts personnels, les Etats forts n’hésitent pas à défier le conseil de sécurité en menant des actions impérialistes en direction des Etas faibles. En atteste l’intervention des américains sous le couvert de l’OTAN au Kosovo, en 1999, sans mandat de l’ONU. L’Union européenne a tenté de jouer un rôle moteur dans la gestion de la crise. Très vite cependant, les Etats-Unis via l’OTAN ont repris le contrôle du processus diplomatique et militaire. La suprématie américaine dans l’OTAN est aussi illustrée par le contrôle des opérations par le Commandement suprême allié en Europe, placé sous direction américaine et la confidentialité du choix des cibles lorsque le Pentagone mit en œuvre ses armes les plus stratégiques (bombardiers B1, B2 et missiles de croisière Tomahawk). L’ONU a dû se contenter de fournir une force internationale de maintien de la paix (KFOR). Cette défiance des Etats-Unis vis à vis de l’ONU fut confirmée par leur refus d’attendre la fin de la mission des inspecteurs de l’ONU en Irak sur l’élimination des armes de destruction massive et par l’entrée en guerre, sans mandat voté par les 15 membres du Conseil de Sécurité. Or, devant les milliers de personnes tués par l’armée syrienne, l’ONU n’a pas encore pris une résolution pour mettre fin à ce carnage. L’URSS et la Chine opposent leur véto contre une éventuelle intervention militaire. Quant-à la situation qui prévaut actuellement au Nord du Mali, l’ONU semble adopter la position de la neutralité.

En conclusion, nous pouvons retenir que dans ses principes, l’ONU est une belle initiative à préserver pour le maintien de la paix et de la sécurité collective. Cependant ses multiples insuffisances dont la plus inquiétante serait la forte prédominance américaine, menacent sa crédibilité et son apport pacifique tant attendu par les peuples. C’est d’ailleurs pour cette raison que le général Charles DE GAULLE le qualifiait de « machin ». Elle ne peut empêcher les grandes puissances à faire prévaloir leurs velléités impérialistes à travers le monde.

La crise économique mondiale actuelle ne serait-elle pas un facteur aggravant de l’impuissance du Conseil de sécurité devant les grandes puissances telle que les USA ?

Baye Fary SEYE

L’irréligion de l’agora politique sénégalaise

De nos jours le Sénégal vit une autre forme de la politique qui est aux antipodes des principes originels
enseignés par les civilisations grecques et romaines. Dans la civilisation de la Grèce Antique la notion de politique
avait une connotation noble car elle désignait l’art de gérer la cité. Mais aujourd’hui le terme politique est
galvaudé sous nos cieux africains et plus particulièrement au Sénégal.

Et la politique est perçue comme une scène où s’affrontent les individus et les groupements en compétition pour la conquête et l’exercice du pouvoir. De ce fait la politique est reléguée à un niveau inférieur ou à un univers des combats et des divisions, des trahisons et des infidélités, de la violence et du complot. Cette pratique de la politique recoupe parfaitement la théorie de Machiavel. Et en se fiant a la pensée Machiavélienne on constate que la politique ne rime pas avec la morale encore moins avec la religion.                                                                                                                                                                 
Selon toujours lui la politique doit se fonder sur deux piliers fondamentaux notamment la ruse du renard et la force du lion.  Or cette acception machiavélique de la politique ne devrait pas prospérer au Sénégal où la majorité des acteurs politiques sont musulmans avec toutefois des minorités monothéistes croyant également à des principes moraux et éthiques. Cette vacuité du champ politique des principes les plus élémentaires de la morale finit par polluer et empester sérieusement l’espace politique. C’est pourquoi le Sénégal durant cette dernière décennie, est le théâtre  d’une perversion viscérale des attitudes et des comportements politiques, caractérisée par une marchandisation ou une « affairisation» de la chose politique. Ainsi le levier de l’action politique est la satisfaction des besoins existentiels et personnels de l’acteur, la politique devient bien sûr une entreprise de manducation et d’enrichissement illicite. Par conséquent le pouvoir loin d’être un moyen d’abréger les souffrances populaires devient au contraire l’outil par excellence d’embourgeoisement, d’accumulation et de redistribution des richesses. Cette stratégie d’accumulation des dirigeants politiques, élaborée depuis 1989 par Jean François Bayart, dans son fameux ouvrage L’Etat en Afrique, la politique du ventre, est la matrice du système politique sénégalais et l’impunité en devient la boussole. Du coup, les politiques pour ne pas dire les politiciens érigent  l’argent en un fétiche dont la possession confère au titulaire considération et respect. En effet la licéité des moyens d’enrichissement est le cadet de leurs soucis, ce qui précipite  la succession de malversations et de scandales financiers.   Et comme si cela ne suffisait pas, ces auteurs de détournements de deniers publics connus et identifiés par tous ne sont pas inquiétés. L’acteur politique visiblement n’est point épris des valeurs cardinales enseignées par la religion et perdant par ricochet le respect et l’admiration du peuple. Cependant ce que l’on constate c’est que l’agora politique étant dépourvue d’éthique et de morale devient un cadre moralement malsain et politiquement souillé par des gens de bases moralités  de sorte que ceux-ci n’inspirent plus de référence ou d’exemplarité. Et de mal en pis le landerneau politique est entaché de tares diverses et multiformes.

La conspiration, les combinaisons, la démagogie, la mauvaise foi sont au cœur de l’activité politique. De ce fait le mensonge n’excite plus la colère des musulmans et les promesses chimériques constituent la quintessence du discours politique. Et comme disait l’autre «les promesses n’engagent que ceux qui y croient.»  Ainsi  nos dirigeants politiques, faisant abstraction de leur stature de croyant, versent dans le culte de la contrevérité de sorte que le mensonge a fini par être banalisé et érigé en normalité publique. Cette absence totale de moralité, de probité et d’intégrité de certains dirigeants politiques a fini par créer une criminalisation et un cynisme de l’espace politique. Les invectives, les calomnies, les délations,  bref les comportements vexatoires s’invitent dans l’arène politique pour devenir son essence. Du coup les acteurs politiques moins soucieux de valeurs morales et religieuses, versent dans ce que Zambo Belinga appelle à juste titre la culture politique de « l’opprobre ». Ces comportements vicieux de nos responsables politiques risquent de déteindre gravement sur l’attitude des jeunes générations qui doivent avoir en main le destin de ce pays. De ce fait on a une jeunesse désemparée, laissée à elle-même, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Donc il y a la nécessité d’un retour aux principes moraux de base enseignés par la religion et une moralisation du jeu politique.Dans la foulée la jeunesse doit déconstruire de leur mentalité les clichés stéréotypés et les compréhensions frelatées  de la politique.

La politique ne peut pas prospérer sans un polissage des attitudes dépravées des acteurs politiques et leur réappropriation des vertus religieuses, qui doivent  guider le fondement de la pratique politique dans notre pays. Or la pratique de la politique au Sénégal semble être complètement déconnectée des valeurs religieuses et morales ce qui risque d’éclipser désastreusement l’avenir de notre pays.

Cheikh Mabéye SECK