CHEIKH AHMADOU MBACKE MAOULHAYAT : J’AI VU MON FILS MENOTTÉ AUX PIEDS, MAIS…

Ce que désormais on peut appeler « l’affaire Khadim Gueye », à cause de la tournure judiciaire qu’elle a eue, a suscité la réaction de nombreuses personnalités religieuses. À la suite du Khalife Général des Mourides Serigne Mountakah Bassirou Mbacké qui s’est exprimé sur la question, le guide spirituel Cheikh Ahmadou Mbacké Maoulhayat considère que cette « affaire » « est une épreuve qui peut arriver à tout musulman. Je connais bien la personne en question, j’ai fait des investigations sur lui, je sais où il étudiait, qui il est et ce qu’il a fait. Je trouve que son arrestation ne valait pas la peine ». Toutefois, il déplore la tournure judiciaire qu’elle a eue et la dimension médiatique qu’on lui a donnée. Pour le guide religieux, « ce n’était pas la peine d’en arriver là d’autant plus que les parents des enfants menottés aux pieds étaient consentants, conscients du danger qu’ils encourent s’ils ne reçoivent pas une bonne éducation de base ». L’homme de Dieu, réputé par sa capacité de transformation de jeunes perdus, juge que la mesure du Serigne Daara, de menotter aux pieds les enfants, est à mettre dans sa volonté d’éduquer les enfants, afin de leur assurer une vie d’adulte apaisée. « L’éducation et le savoir n’ont pas de prix. La raison de tous nos maux vient d’un déficit d’éducation de nos enfants. Si on avait réussi l’éducation des enfants, le budget consacré à la police, à la gendarmerie et à la justice pourrait réduire considérablement. Il est plus facile de redresser une plante quand elle est jeune plutôt que d’attendre qu’elle soit grande. Il y a des parents qui viennent souvent se plaindre auprès de moi de la mauvaise éducation de leurs enfants. En effet, un parent est venu me dire que son fils le menace souvent avec un couteau. Il prend ses bijoux et les vend sans qu’elle ne puisse rien faire pour arrêter tout ça. C’est ça qu’on veut éviter à l’enfant, raison pour laquelle on fait tout pour lui donner une bonne éducation de base », dit Maoulhayat.

Cependant, dans sa mission d’instruire et d’éduquer, « l’éducateur doit être pédagogique et utiliser toutes les méthodes possibles avant d’en arriver à celle-là. Il doit agir avec intelligence et non avec passion. J’ai l’habitude de dire aux enseignants de mon daara, qu’il faut éviter de frapper les enfants, car je n’en veux pas. Si c’est par nécessité, il faut le faire avec raison, sinon vous risquez de blesser l’enfant sans le vouloir. Si on menotte les pieds d’un enfant avec raison et non avec passion, cela ne lui fera que du bien dans l’avenir », renchérit le fils spirituel de Serigne Saliou Mbacké.

Cette pratique de menottes temporaires aux pieds de l’enfant récalcitrant est une pratique qui est née en même temps que le daara. On la retrouve dans pratiquement tous les daaras. Elle n’épargne personne, soit-il l’enfant d’un marabout. « Pas plus qu’avant-hier mon propre fils a été menotté aux pieds, pour une raison pas importante. Quand je l’ai vu, ça ne m’a pas du tout dérangé, car j’ai compris que l’éducation va de pair avec la souffrance. Par contre, ceux qui m’avaient accompagné ont pleuré à chaudes larmes. Mais je leur ai dit qu’il n’y a aucun problème, la vie au daara ne dure pas longtemps c’est tout juste trois ans, bientôt tout cela fini. Moi-même je suis passé pire que lui au daara et je sais qu’il ne vivra le 1/8 de ce que j’ai enduré. Et aujourd’hui personne ne peut savoir que je suis passé par toutes ces souffrances, si je ne lui dis pas. Et son Serigne daara qui l’a mis dans cette situation ne lui veut que du bien. À mon fils, j’ai prodigué des conseils. Je lui ai demandé de redoubler d’efforts, d’être plus endurant et plus patient, c’est tout ». À cet exemple qui concerne le propre fils de Cheikh Ahmadou Mbacké Maoulhayat, vient s’ajouter celui d’un grand dignitaire mouride. C’est Maoulhayat qui nous le raconte : « Il y a deux grands dignitaires mourides, l’un a un grand daara à Touba où sont passés la majeure partie des fils de Serigne Touba. Un jour, les droits de l’hommistes sont venus à Touba. Accompagnés par l’autre grand dignitaire mouride sous l’autorité de laquelle est placé le premier, ils sont allés visiter le daara de ce dernier. Il y avait une troisième personne qui les accompagnait. Elle avait son fils, un peu turbulent, dans le daara. Quand cette personne a vu que son fils était menotté, il avait commencé à pleurer. Le plus grand dignitaire mouride lui dit : « regarde, celui-là c’est mon fils ». Ce dernier avait aussi des menottes aux pieds. Et l’homme sécha ses larmes ».

Les menottes aux pieds de l’enfant ont un seul objectif : corriger l’enfant, l’éduquer et l’inscrire définitivement sur le bon chemin, sachant que s’il devient adulte, il en sera trop tard. C’est pourquoi, « un autre dignitaire mouride avait dit au chef d’une équipe de gendarmes venue dans son daara pour récupérer les enfants menottés aux pieds : « Nous les avons mis dans cette situation pour leur donner une bonne éducation et éviter qu’ils soient menottés aux mains dans l’avenir ». Car les menottes dans le daara ne leur privent pas de leur liberté. C’est tout juste pour les empêcher de fuir. », ajoute Boroom Manaroul Houda.

Il est vrai que la multiplication des agresseurs dans notre pays s’explique principalement par un déficit d’éducation à la base des enfants. « Parmi ces gens, il y a certains qui, s’il avaient reçu une très bonne éducation à la base, ne seraient pas devenus des agresseurs. Il y a aussi certains qui ont été menottés durant leur enfance sans quoi, ils seraient aujourd’hui de grands délinquants. », affirme le Cheikh.

Même si cette pratique a un but pédagogique, il urge, selon l’avis de Maoulhayat de « réorganiser les daaras et de mettre des règles pour leur ouverture ». Il ajoute : « Nous ne devons pas rejeter les suggestions de tous ceux qui donnent un avis contraire à notre position en pensant qu’ils combattent les daaras. Il nous faut aussi, nous Serigne daara, faire une introspection et revoir certains de nos comportements. Il y a certaines attitudes qui blessent l’enfant. On peut l’instruire sans lui faire du tort. Je maîtrise bien ce que je dis parce que j’ai un daara qui emploie plus de 150 enfants avec des enseignants chevronnés. Nous les prenons entièrement en charge et gratuitement. Nous avons mis en place une organisation stricte qui fait progresser les enseignements/apprentissages sans nuire aucun élève et les résultats sont satisfaisants. Si on laisse certains mettre de l’avant leur passion au détriment de leur raison, ils risquent de blesser les enfants et si ça continue comme ça, l’enseignant peut ne pas réussir sa mission de transmission du savoir. Serigne Saliou disait, quand on était dans son daara : « Quand on frappe à plus de trois coups, satan s’introduit ». Si pour frapper un enfant, on enlève son boubou et on le torture, on risque de le tuer ».

Selon le Cheikh qui a passé treize années dans les daaras de Serigne Saliou Mbacké, il y a d’autres méthodes qu’on peut utiliser pour corriger les enfants. Il cite l’exemple de Oustaz Barham Diop qui a raconté, qu’un jour, il a trouvé que son fils qui jouait au football avait cassé une vitre de sa bibliothèque. Quelqu’un l’avait puni dans une chambre. Lorsqu’il arriva, il trouva l’enfant dans la chambre. Il lui demanda de prier 10 rakkas. Quand il termina il lui demanda de prier encore 10 rakkas et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il s’endormit. Une manière pédagogique aussi et non-violente de correction de l’enfant.

Les responsabilités semblent être partagées. De l’avis de Maoulhayat, « une prise de conscience, une réorganisation du secteur et une discussion s’imposent à nous Serigne daaras pour plus d’indulgence à l’égard des enfants. Faire en sorte que l’enfant vous aime et vous choie plutôt qu’il ait peur de vous. Ce n’est pas bon de terroriser l’enfant. Faire venir à Dakar des enfants du village qui ne connaissent ni feu rouge, ni passage clouté et leur demander de mendier dans la rue, est un vrai danger. On pouvait rester au village et ouvrir là-bas un daara, c’est mieux ».

Selon Maoulhayat, l’Etat aussi a un grand rôle à jouer. « L’Etat doit davantage s’impliquer en recensant les vrais daaras qui remplissent correctement leur rôle qu’il leur apporte son soutien. Les exemples foisonnent à Touba, à Ndiareme et ailleurs, on a de très nombreux daaras qui remplissent correctement leur mission. Mais, s’il faut des bras longs pour être appuyé ou que l’aide ne soit accordée qu’aux proches du pouvoir, ça ne vas pas dans le sens de l’intérêt des daaras. C’est comme ce qui nous arrive nous paysans. Les vrais paysans ne reçoivent pas l’aide de l’Etat en semences et en matériel agricole. Ce sont d’autres personnes qui ont le bras long qui passent par la porte dérobée qui en bénéficient et les revendent après. Faire des investissements et subventions utiles aiderait tout le monde. Il faut aider les daaras en leur construisant par exemple des salles pour étudier, toilettes, ou autres infrastructures aptes à booster les enseignement/apprentissages. Et si l’Etat fait des investigations sérieuses à travers ses services décentralisés, il aura la bonne information. Cependant, la réalité c’est qu’il suffit à quelqu’un de se munir de ses papiers, qu’il active son réseau grâce à un bon carnet d’adresses, pour qu’il soit appuyé par l’Etat même si ce qui se trouve sur le papier est diffèrent de ce qui est sur le terrain. Car il y a des personnes qui ne sont pas des Serigne daaras mais qui parviennent, à travers des papiers, à avoir l’aide de l’Etat. De même il y a des gens qui ne sont pas des cultivateurs et pourtant reçoivent du matériel de l’Etat et des semences ».

Etant donné que l’apprentissage du Coran et des sciences religieuses est une obligation pour tout enfant, le Cheikh donne ce conseil aux parents : « Que les parents confient leurs enfants à de vrais éducateurs dans de vrais daaras qui ont des maitres cléments qui sont mus que par la volonté de servir ALLAH (swt) et l’islam, différents de ceux qui ne sont mus que par leurs intérêts personnel. »

Papa Fary Seye, Journaliste

Tabaski: Faites ce qui est à votre portée et en fonction de votre bourse (Maoulhayat)

Je salue toute l’assistance. Je vous pardonne et sollicite que vous en faites de même pour moi. Que le Seigneur (SWT) nous pardonne tous, autant que nous sommes !

Nous réitérons notre devoir de rendre grâce au Seigneur ; une grâce qui a un commencement et qui ne peut avoir de limites de par sa Bonté, de par sa Miséricorde, de par son Soutien ainsi que sa Magnanimité. Si on ne se donne pas un temps de réflexion, on passerait à côté de beaucoup de ses bienfaits sans pour autant Lui en rendre grâce afin qu’Il continue à nous en accorder davantage.

J’ai l’habitude d’en faire un sujet de causerie. Se lever de son lit le matin semble être quelque chose de fort normal au point que les gens oublient d’en rendre grâce à Dieu chaque fois qu’Il nous l’accorde. Or, il y a des personnes alitées depuis de très nombreux mois et qui peinent à se retourner dans leur lit.

De plus, une fois éveillée, la personne demande qu’on lui prépare un bain, qu’on lui serve le petit-déjeuner, qu’on lui prépare ses habits, ses chaussures etc. Toutes ces ordonnances lui paraissent faciles, normales et naturelles. Or, c’est un don que de pouvoir parler. C’est une bénédiction pour laquelle la personne devrait rendre grâce à Dieu. Seulement, elle n’a pas sur la situation des gens qui viennent muets au monde et qui, certainement, le quitteront sans avoir prononcé un seul phonème. Il en sera ainsi car tel est leur destin ; lequel est différent du tien.

D’autres gens naissent paralysés. Durant toute leur existence, ils ne pourront user de leurs facultés motrices car telle est la volonté divine. Par ailleurs, des personnes naissent aveugles. Ils ne verront jamais les merveilles de la vie afin de les apprécier. L’œil permet en effet de contempler les choses, les personnes, les maisons, les salons, les voitures ou encore les champs et d’apprécier leur beauté. Ces personnes aveugles vivront toute leur vie sans avoir l’opportunité d’observer tout cela car telle est la Volonté du Seigneur. Pourtant, elles n’ont rien fait pour mériter cela. Ceux qui jouissent de leurs facultés visuelles n’ont également aucun mérite. Ces derniers pour la plupart, ne cogitent pas en ce sens. Ils croient que c’est une chose normale que de jouir de cette faculté. Or, il s’agit du dessein, d’une aide et d’une bénédiction de Dieu sur eux afin qu’ils puissent voir. Il pouvait en être autrement si seulement Il en avait décidé ainsi. Par conséquent les gens doivent se rappeler en permanence de cette grâce divine.

Si vous êtes jeune et vigoureux, faites-en sorte de mettre cette force éphémère au service de Dieu.

Par conséquent, les choses que l’on rencontre ici-bas ne doivent pas nous être indifférentes car elles sont des occasions qui doivent nous permettre de rendre pleinement grâce au Seigneur.

Si une personne dispose d’une chose insuffisante à ses yeux, qu’elle prenne le temps de méditer sur la situation de celui qui ne recherche que ce bienfait-là et dont l’obtention lui est difficile. Il ne faut pas seulement vous intéresser à ceux qui sont plus nantis que vous. En effet, si vous ne prêtez attention qu’à ceux-là, vous aurez tendance à ne jamais rendre grâce à Dieu pour ses faveurs. Ce qui conduira à une avidité et un défaut de reconnaissance. Qu’Allah nous en préserve !

Par conséquent, rendons infiniment grâce au Seigneur sur ceux que nous croisons, sur les choses que l’on rencontre et les lieux que l’on traverse. Cela nous permettra d’apprécier à sa juste valeur les bienfaits d’Allah. Nous rendons ainsi grâce au Seigneur qui nous a permis d’être présents ici, en bonne santé, avec une énergie et une clairvoyance d’esprit. Qu’Il pérennise cela et le rehausse davantage.

Après nous avoir gratifié de cela, Il nous a aussi permis de nous réveiller avec comme préoccupation : la quête de son agrément. Que ce soient nous qui sommes présents ici ou ceux qui nous suivent à travers Internet. Nous devons Lui en rendre grâce dans la mesure où Il pouvait nous orienter vers autre chose ou quelqu’un d’autre que Lui. Rien n’est plus important que de se réveiller avec pour seul objectif de rendre grâce à Dieu, d’entrer dans ses bonnes grâces. C’est l’unique bataille qui mérite d’être menée : se réveiller le matin pour convoiter l’Agrément Divin.

Toute autre quête est vouée à l’échec car toute chose a une fin si ce n’est la Face d’Allah. Quiconque se préoccupe de Son Agrément se bonifie de l’intarissable. Une telle préoccupation ne doit jamais être mise au même pied qu’une recherche effrénée de choses mondaines et éphémères. Quelle que soit la grandeur, la longévité ou la gaieté d’une chose, dès l’instant qu’elle a une fin, cette chose ne peut être considérée comme du bonheur car elle est temporelle. De la même manière une chose pénible dès l’instant qu’elle sera succédée par un bonheur illimité, n’en est plus une.

C’est pourquoi nous devons tous redoubler d’efforts et de perspicacité. En ce qui nous concerne, jamais nous ne nous lasserons de procéder à des Sermons. C’est une obligation qui pèsera sur nous durant toute notre existence. D’ailleurs, comme nous avons l’habitude de l’expliquer, de la même manière qu’une personne ne peut se réveiller sans se laver et manger, l’âme ne peut se priver de sermons. En effet, si quelqu’un prend un bon bain en début de journée et qu’il aille travailler ou vaquer à ses occupations jusqu’au soir, il est fort probable qu’il se salisse encore. Le besoin d’en prendre un de nouveau se fera sentir. Là, quoique propre au matin on devra prendre un nouveau bain pour ne pas sentir mauvais. L’âme obéit au même principe. Elle a besoin de rappels, de sermons. En effet, quelque puisse être l’intensité des sermons de sorte que l’on se recueille, que l’on verse des larmes, que l’on se rappelle de Dieu ou que l’on se représente le jour du jugement dernier, dès lors que l’on recommence à fréquenter des personnes peu recommandables, on verse dans les pratiques interdites. Il en est ainsi quand on fréquente les grandes places avec son lot de débats contradictoires, ou si l’on ne prend pas garde sur ce que l’on regarde ou ce que l’on fait. Très souvent la personne finit par ne plus verser des larmes ou avoir de sensations quand on lui parle de Dieu. L’excès de fréquentations, les discussions inutiles, etc. peuvent en être la cause.

C’est pourquoi nous ne nous lasserons jamais de prononcer des sermons d’autant plus que la vie est courte. Personne ne sait combien il lui reste à vivre. Donc, nous ne devons jamais nous lasser ou éprouver de la paresse pour nous rappeler de Dieu. Que chacun sache que le temps file et que la vie est en train de se terminer. Chaque personne doit savoir qu’une chose de limitée et qui se réduit de jour en jour va inéluctablement être perdue. Par conséquent tout ce qui peut entraver une vie heureuse dans l’au-delà doit être évité car étant un obstacle sur la voie d’Allah.

Soyons plus persévérant, plus dynamique et surtout rendons grâce à Allah. Supportons, pour la Face de Dieu, les tords que nous causent les gens. Soyons endurants dans la pratique de la religion car c’est elle qui nous mènera vers un Bonheur éternel. Il nous faut aussi nous efforcer à éviter les péchés. Ce qui nous prémunira du malheur dans l’au-delà.

Je vous demande d’éviter les cérémonies pompeuses, sans intérêt. Ce sermon m’est aussi destiné.  Comme, j’ai eu à le rappeler tout récemment, la personne doit user de sa raison. En effet, on ne peut pas travailler pendant des années ou pendant plusieurs mois et tout gaspiller en un seul jour, alors qu’on n’a même pas de maison où habiter, une parcelle encore moins une chambre. Un homme intelligent ne doit pas faire cela. La personne doit s’efforcer au travail mais surtout éviter le gaspillage.

Nous nous acheminons vers la Tabaski. Mais, sachez que ce n’est pas une fête obligatoire. Il en est également de la Korité. Je ne parle même pas des autres fêtes. A son approche, les hommes commencent à faire leur choix entre les différents tissus « getzner », « basin riche », « Thioup », etc. Rien de ceci n’est obligatoire. Si vous n’êtes pas nantis, éviter l’endettement inutile ; éviter d’endosser ce que vous ne pouvez pas supporter. Il n’y a pas lieu également de se vanter pour avoir acheté un bélier très cher. Ce ne sera que du gaspillage. Faites ce qui est à votre portée et en fonction de votre bourse. N’imitez pas ceux qui sont plus riches car vous n’avez pas les mêmes moyens, les mêmes opportunités. Jaugeons-nous à l’aune de ceux qui partagent la même mesure que nous. La personne doit faire ce qu’elle peut et ne dire que ce qu’elle sait.

Que les femmes et les hommes aient également de la mesure, de la retenue. Personne ne nous oblige à porter un boubou de 100 000 FCFA tout en cumulant des dettes. Tout le monde peut avoir un habit propre ou pas cher pour la fête. L’homme ne doit pas avoir peur de sa femme, de ses enfants ou encore des commentaires au point de s’endetter, voire d’utiliser ses économies à l’achat d’un bélier alors qu’elles pouvaient servir à financer d’autres projets. Aucune de ces dépenses n’est important et seule la personne en supportera les conséquences. Très souvent, une fois le mouton égorgé, des gens deviennent anxieux car ils ont contracté des dettes qui ne les permettent pas de savourer pleinement les mets. Cette dette pourrait même les empêcher de dormir. Des harcèlements du créancier pourraient s’ensuivre au point qu’ils prennent la fuite. Il peut même introduire une action en justice. Or, cette créance pouvait être évitée. La personne doit, par conséquent identifier les obligations et les priorités.

Dès fois, on constate qu’une personne qui n’accomplit même pas les cinq prières journalières se tue à célébrer la Tabaski. Or, ce sont les cinq prières qui sont une obligation. C’est une que d’égorger un mouton pour la Tabaski. L’inobservance de cette Sounna du fait d’une mauvaise passe n’est nullement sanctionnée. Le Prophète Mouhamed (Paix et Salut sur Lui) a, par ailleurs, égorgé un bélier à l’intention des membres de sa Communauté qui n’auront pas de quoi en acheter un. Ceci jusqu’à la fin des temps. A quoi bon donc de s’endetter si l’on sait que cette créance pourrait nous porter préjudice ? Pourquoi amasser beaucoup d’argent et le dépenser dans cette seule journée ? Il serait préférable d’utiliser cette somme d’argent pour bâtir un toit ou acheter une parcelle.

Quant à ceux qui ont de gros moyens, il ne doivent pas s’enorgueillir. Si le Seigneur vous accorde ses faveurs, il faut en user et non en abuser. Dans votre proche voisinage, il y a certainement des familles démunies que vous pourriez aider en leur offrant un bélier au lieu d’acheter pour vous seul un mouton à 500 000 ou à 1 000 000 FCFA. Cette somme pourrait soulager 10 voire 15 pères de famille et par ricochet une centaine de personnes. Les rétributions à accorder à la personne qui donne à manger sont incommensurables. Cultivons l’esprit de solidarité et d’entraide. Que les populations fassent ce qui est à leur portée et se limitent à ne dire que ce qu’ils savent.

Il ne faut pas faire de l’habit ou du bélier une obligation.

Ces mêmes remarques s’appliquent aux baptêmes. Il est seulement agréé d’égorger un mouton au septième jour suivant la naissance du bébé. Les populations doivent en être conscientes. Amasser de l’argent, se procurer un gros bélier, un bœuf et réunir les convives pour festoyer n’est que du gâchis. En outre, les femmes vont s’adonner à leurs habitudes telles les « yeb » et « yebbi », (des pratiques usurières qui ne disent pas leurs noms). Des espoirs se brisent car leurs attentes ne se réaliseront pas. Aussi, finissent-elles par se mécontenter ou se médire. Si l’affaire concerne des coépouses, seule celle qui offre le plus de billet de banque sera glorifiée.

Les gens doivent retourner aux pratiques religieuses et abandonner toutes ces habitudes qui polluent les relations humaines. Celui qui observe sa religion ne doit pas vouloir être glorifié comme elle n’aura à avoir peur des critiques. Ces deux faits nous empêchent d’avancer. C’est d’ailleurs pourquoi Serigne Touba disait : « la peur des critiques et l’amour des compliments sont deux vices qui attirent tout ce qui est prohibé chez la personne ». Que le Seigneur nous en préserve ! Elles conduisent à dire ce qu’on ne devrait pas exprimer ou faire ce que l’on se devait d’éviter car la personne accorde de l’importance aux dithyrambes qu’on lui faits. Ce que tout musulman doit éviter. Ce dernier doit avoir à l’esprit qu’il est venu seul au monde et le quittera ainsi. Donc, qu’il ne se préoccupe pas de ses autres semblables si ce n’est d’éviter de les léser. S’il y a une chose à faire qu’ils soient d’accord ou pas, qu’ils s’y mettent ou pas, qu’il fonce et le fasse.

Soyons plus avertis et évitons les gaspillages. La personne se doit d’être posée, mesurée.

Quand vous baptisez votre enfant, ne vous préoccupez pas de l’appréciation que feront les gens de vos actes. Ils ne peuvent rien contre vous. Il en est ainsi de leurs dires. Leurs approbations ne vous apporteront rien du tout de même que leurs critiques ne vous feront nullement régresser tant que vous vous limitez à faire ce qui agréé. Inutile de vous attarder sur eux. Personne ne peut avoir leurs grâces.

Personne ne peut échapper à leurs critiques. Autant des gens vous chériront autant d’autres vous haïront. Autant des gens viendront vers vous, autant d’autres vous fuiront. Donc, il ne faut pas faire de fixette sur leurs attitudes. Jamais, ils ne seront tous unanimes sur une question. C’est une chose dont l’accomplissement est impossible. Faites-en sorte d’être en paix avec votre conscience. Quoique les gens puissent penser, dire ou espérer de vous, soyez seul à décider pour vous-même. Soyez maître de votre destin car si vous laissez les gens décider pour vous, les avis seront divers et vous ne vous-y retrouverez jamais. Vous serez en perpétuel doute. Or, vous devez être le seul maître à bord.

Certes, les gens auront des préjugés sur vous. Ils diront que vous aimez ou détestez une chose, vous faites ou non une chose. Seulement soyez le seul à même d’en juger. Ayez vos propres certitudes. Que votre relation avec le Seigneur soit saine et claire. Ne vous préoccupez guère du fond de leur pensée mais concentrez-vous plutôt sur vos certitudes. Ayez un esprit de dépassement, de pardon et surtout ne vous retournez point.

Je le réitère : évitons les cérémonies pompeuses. L’homme doit se limiter à l’essentiel. La personne doit s’interdire de contracter des dettes pour ces cérémonies. Ce qui le prémunirait de susceptibles poursuites en justice pour défaut de paiement. Aussi, ceux qui vous suggèrent de vous endetter, s’éclipsent-ils quand les difficultés se profilent à l’horizon. Aucun d’entre eux ne vous soutiendra. D’aucuns vous railleront, vous calomnieront allant même jusqu’à dire que vous voudriez seulement vous enorgueillir, montrer vos grands airs. Or, vous pouviez vous limiter à ce qui était à votre portée. Ils diront que vous-vous êtes précipités. Chacun y ira de ses commentaires. Et pourtant, ce sont eux qui vous y avaient encouragés.

Par conséquent l’homme doit connaître ses devoirs et s’y atteler en étant persévérant et perspicace. Sur toute question, rechercher la conception de l’Islam et veiller à ne pas passer outre. Il faut savoir distinguer entre ce qui est obligatoire des bonnes pratiques, ce qui est faisable de ce qui est souhaitable. Malheureusement, on privilégie l’accessoire sur le principal, marginalisant ainsi les obligations qui pèsent sur nous. L’accomplissement de la prière est par exemple une obligation qui pèse sur tout musulman. Il y en a qui ne s’y acquittent point. Et, arrivées les fêtes comme celle de la tabaski qui n’est qu’une Sunna, ils supportent d’innombrables dépenses. Ils y recherchent seulement l’agrément des gens et non la Face de Dieu. Il y a de moins en moins de cérémonies où les musulmans se soucient de respecter les prescriptions divines. Il en est ainsi du baptême, qui pouvait permettre d’avoir l’agrément divin et qui perd de plus en plus son sens. Peu ou presque aucune personne n’y recherche cette grâce. Aussi bien lors des mariages que des baptêmes les gens ne font que se vanter perdant ainsi de vue l’esprit qui présidait à ces cérémonies.

C’est cela qui est observé concernant la fête de la Tabaski. Quasiment personne ne réfléchit sur la crainte révérencielle du Prophète Ibrahima (Paix sur Lui). Maintenant, les gens se soucient plus de beaux vêtements pour eux et leur famille, d’un gros bélier au détriment de l’esprit qui animait le Prophète Abraham (Paix sur Lui) au point de mettre en œuvre le décret divin consistant à sacrifier son fils. Ne devrait-on pas mettre à l’épreuve notre foi à la mesure de ce décret divin ? La tabaski est devenue, à l’image d’une course hippique, une compétition où les musulmans, sur leur dos de cheval, rivalisent du plus beau vêtement, du plus gros bélier…

Personne n’observe les recommandations divines aussi bien à la Korité qu’à la Tabaski. Or, le Seigneur n’a pas besoin de la viande ou de la beauté de l’accoutrement. Il veut seulement éprouver notre foi et notre détermination à respecter ses décrets et à nous éloigner de ses interdits. Bref, qu’Il prime sur notre personne, notre famille et nos biens. Les beaux habits sont plus mis en exergue dans ces cérémonies. Pourtant la Tabaski est une Sunna. Le musulman doit éviter de se cribler de dettes pour cette seule journée et ne dépenser qu’à la limite de ses moyens. Qu’il ait aussi l’habitude de ne dire que ce qu’il sait. Donc tous ensembles, observons les recommandations divines. Évitons de nous mesurer aux autres ou de les laisser nous mener là où ils souhaiteraient. Cela n’apaise personne. Si vous recueillez plusieurs conseils, ils vont inéluctablement varier suivant leurs auteurs. Si chaque conseil te menait quelque part, au finish vous constaterez avoir effectué un tour.

L’homme doit être clairvoyant dans les actes qu’il pose. Même si tout le monde se détournait de la bonne voie, ne les suivez pas. Ne vous préoccupez point de leur jugement de valeur. Si vous entrez dans ce cercle vicieux, vous n’en ressortirez jamais et vous n’aurez jamais de répit. Recherchez seulement l’agrément du Seigneur et persévérez ainsi. C’est seul ceci qui mérite d’être recherché. Son agrément peut certes avoir un point de départ mais il est infini.

N’essayez pas de satisfaire les gens au détriment des recommandations divines. Leurs compliments à votre égard ne reposent que sur leurs intérêts et satisfactions personnels. Dès l’instant que vous arrêtez de les satisfaire, ils se retourneront contre vous. Donc, que leurs complaintes et médisances soient mises au pied d’égalité que les louanges et fleurs à votre endroit. Procédez toujours de sorte que votre relation avec le Seigneur soit claire et saine. C’est la recommandation que j’adresse à tous les condisciples mais aussi à tous ceux qui suivent nos sermons pour la Face de Dieu.

Faisons de notre mieux dans l’éducation de nos enfants. Fuyons toutes les rencontres où l’on pourrait entendre ou observer des choses prohibées, notamment les cérémonies familles pompeuses. Quelle que puisse être l’étiquette que l’on vous collera, ne fréquentez jamais les endroits où vous pourriez entendre des propos malsains. D’ailleurs, je me suis récemment entretenu avec certains condisciples à ce sujet. Ayons foi à la voie droite que l’on s’est choisie.

Il ne faut pas également redouter les reproches et réprimandes. Certains individus ne diront jamais du mal de vous du moment que vous êtes dans l’opulence. Par contre, d’autres, dès lors que vous êtes sur une mauvaise pente, ils commenceront à vous dénigrer et migreront vers de plus vertes pâturages. Si vous êtes nantis, réinvestissez donc votre richesse, votre force dans le sentier d’Allah quoiqu’en pensent ou disent les gens.

Je vous exhorte à vous conformer à ces recommandations.

Qu’Allah nous assiste davantage et nous préserve ! Qu’Il soit notre barrière contre les calamités et catastrophes ! Que le Seigneur nous consolide encore plus dans Sa Voie de la Droiture ! Qu’Il nous préserve des contraintes, des malheurs et des catastrophes ! Que le Seigneur nous aide à davantage nous rapprocher de Lui ! Qu’Allah Le détenteur du Pardon efface nos péchés ! Que Dieu Le Miséricordieux absous nos péchés, nous couvre et nous assiste à jamais ! Qu’Allah exhausse nos vœux et interfère entre nous et tout ce que l’on redoute ! Qu’Il pérennise notre compagnonnage et l’embellisse ! Qu’Allah nous accorde une bonne fin par Sa Grâce, Sa Miséricorde et Ses Bienfaits !!!

Sermon traduit de Cheikh Ahmadou MBACKE Maa-ul Hayaat
Le 7 juillet 2019 à Jannatul firdaws Keur Mbaye Fall

TABASKI: Une fête célébrée socialement que religieusement au Sénégal

L’Aid’El Kabîr, fête du sacrifice communément appelée Tabaski a une grande ampleur dans l’agenda des fêtes musulmanes au Sénégal. La tabaski préoccupe à plus d’un titre toutes les personnes et particulièrement les chefs de famille. Cependant, la hantise des charges parfois superflues et facultatives qui obsèdent et angoissent pas mal de chefs de famille montre à suffisance qu’on célèbre la fête, non pas par soumission à une recommandation divine mais parce qu’il y a le regard social.

Allah n’a-t-Il pas dit dans le Saint Coran qu’Il oblige une personne que selon sa capacité ?

Pourquoi cherche t- on donc à outrepasser nos capacités en engageant inutilement des dépenses évitables et non exigées par Allah?

Ces interrogations fort intéressantes laissent à croire qu’il y a implicitement des interférences socioculturelles qui déteignent sur l’accomplissement de l’acte cultuel.

En d’autres termes, il y a une invasion de nos pratiques culturelles dans la célébration de la fête de tabaski.

I/ La Tabaski : Une fête empreinte exagérément de contraintes socioculturelles au Sénégal :

Il est évident que la coutume et la religion entretiennent des relations très étroites. Mais la religion est différente de la coutume. Il y a lieu donc de délier ou de démêler deux choses tout à fait différentes. La religion relève de l’ordre de la croyance et la soumission aux recommandations divines conformément aux règles et principes établis. Or les coutumes sont les convenances socialement admises et dont leurs applications répétitives dans le temps finissent par leur conférer une force obligatoire.

La tabaski à force d’être célébrée dans le temps, a vu progressivement l’immixtion de certaines pratiques sociales et coutumières qui biaisent radicalement sa dimension religieuse.

Aujourd’hui on ne peut quasiment pas échapper au diktat des pressions socioculturelles dans la célébration de la tabaski. Par conséquent, certains musulmans par peur du regard social s’imposent le fardeau d’acheter, à leurs corps défendant, des béliers qui sont au-delà de leurs bourses.

Or, Dieu n’impose aucune personne au-delà de ses moyens. Mais, le souci d’incarner ce que certains musulmans considèrent comme « une respectabilité sociale » les dicte à franchir le seuil de leurs possibilités financières.
Un bélier embonpoint est socialement une obligation pour tout père de famille quelles que soient ses capacités financières.

Et pourtant Allah nous rappelle à la Sourate(22) Al Hadji Verset 37 que : « ni leurs chairs ni leurs sangs ne touche Allah, mais votre piété le touchera. Il vous les (bestiaux) a soumis pour que vous proclamiez la grandeur d’Allah qui vous a guidés. »

De ce fait, les surenchères ostentatoires de béliers vendus à coût de millions qui défraient la chronique sont révélatrices de l’invasion des logiques socioculturelle dans la célébration de cette fête religieuse.

Mieux, il n’est pas obligatoire même de sacrifier un bélier. En effet, au regard de la loi islamique ceux qui n’ont pas les moyens d’acquérir un bélier, peuvent recourir à une brebis, un bouc ou une chèvre.

Mais ce que l’on constate c’est que la société, de gré ou de force, nous impose le bélier et pas n’importe lequel. Du coup, elle nous interdit, de fait, les autres alternatives prévues par la Charia.

Toujours, d’après nos coutumes c’est seulement le père de famille qui a la charge de s’acquitter de cette obligation sacrificielle. Mais religieusement cette croyance est infondée car toute personne musulmane majeure ayant les moyens doit sacrifier un bélier, fut-elle un célibataire.

Aujourd’hui pas mal de musulman(e)s disposant les moyens et qui sont en dehors des liens du mariage croient en être dispensés de cette tradition prophétique réitérée.

C’est parce que le fait serait étrange et bizarre socialement c’est pourquoi d’ailleurs les célibataires étant inaccoutumés de cette tradition prophétique s’en soustraient.

En outre, évoluant dans des sociétés foncièrement coutumières et traditionnalistes, les pesanteurs sociales déteignent sur les modalités d’accomplissement de l’acte cultuel. On a coutume de voir tout une kyrielle de rituels sociaux au moment de procéder au sacrifice du bélier.

Certains font des ablutions au bélier et d’autres déploient toute la famille pour poser leurs mains sur le dos de l’égorgeur. Pis encore, on estampe de plein front ce sang du bélier considéré en Islam comme une souillure.

Une fois terminée, cette offrande est mise en autant de parts qu’on distribue aux différents membres de la famille collatérale et aux voisins. Loin de s’opposer à cet élan de solidarité entre musulmans, mais le hic en est qu’on s’adonne à ces usages non pas pour la face exclusive de Dieu mais c’est par peur d’enfreindre des pratiques socialement établies. Et dans ce dispatching de l’oblation, naturellement la sœur du mari qu’on appelle « la première Ndjeukké» se taille la part du lion avec une jambe en main qui lui revient de droit.
Ces coutumes n’ont aucune base religieuse mais pourtant les populations s’entêtent et restent prisonnières de ces usages culturels.

De quoi a-t-on peur pour s’affranchir définitivement de ces lourdeurs sociales ? Certainement les sociologues ne manqueront pas de répondre à cette interpellation. Mais en ma qualité de juriste, je dirais que l’homme du fait de son instinct grégaire a peur de l’isolement ou de la stigmatisation qui sont des formes de sanctions sociales. C’est pourquoi l’individu pour assurer son intégration sociale doit respecter les règles qui gouvernent cette société. Mais malheureusement cette force obligatoire des règles sociales semble supplanter dangereusement les normes religieuses dans la célébration des fêtes au Sénégal.

Un autre élément non négligeable est « le paraître », autrement dit l’accoutrement et la parure le jour de la tabaski. La religion, bien entendu, recommande de porter de beaux et neufs habits pour célébrer la fête.

Cependant, il convient de souligner qu’elle n’exige à aucun fidèle d’outrepasser la limite de ses possibilités. Mais la concurrence et les stratégies de distinction sociale font que les musulmanes d’une manière sous-jacente se rivalisent d’accoutrements et de parures. Chacun croit qu’il doit avoir un habillement de luxe même si les moyens ne suivent pas, car la possession est gage d’estime et de considération sociale.

Mais ce qui est encore plus regrettable, est la folie des grandeurs et les excès que l’on constate de plus en plus dans les fêtes religieuses au Sénégal. Or l’Islam interdit formellement les excès et le Coran dit à ce sens à la Sourate 7 verset 31 : « Enfants d’Adam revêtez votre parure en tout lieu et temps de prière. Mangez et buvez, ne commettez pas d’excès car Allah n’aime pas ceux qui commettent des excès. » .

Toutefois cette interdiction divine de l’excès semble être ignorée au regard des abus et des gabegies notés pendant la célébration de la Tabaski.
Les femmes tenaillées par les pressions concurrentielles et des attitudes mégalomaniaques, remuent ciel et terre pour avoir en main deux voire trois accoutrements le même jour de la tabaski, des cheveux naturels et des chaussures de haute gamme etc.…

Certaines femmes exigent de leurs maris d’engager inconditionnellement toutes ces dépenses faramineuses et superfétatoires qu’elles considèrent à leurs yeux comme impératives. Et tout refus de dépenses afférentes à leurs toilettes est susceptible de créer des différends conjugaux voire même d’éventuels divorces.

Or ces exigences ne sont pas recommandées par Dieu, mais la spectacularisation de la tabaski et la boulimie de positionnement social élitiste font que certains musulmans versent de ces comportements ostensibles.
Les femmes ne se soucient guère de la provenance de l’argent et l’énormité des charges endurées, l’importance, pour elle, est de se faire belle la tabaski afin de susciter les regards et de capitaliser les compliments de la société.

A coup sûr, les hommes, dans cette quête d’honorabilité et de respectabilité sociales, deviennent les agneaux du sacrifice car ils se trouvent au lendemain de la Tabaski dans une situation d’impécuniosité et d’endettement chronique. Et toujours on essaie de justifier à tort la gabegie par des arguments moraux, tout le monde a ceci ou cela, moi également je dois l’avoir pour ne pas me déshonorer socialement.

De là donc, nous ne sommes plus dans une logique religieuse car on accomplit l’acte cultuel non pas pour la face exclusive d’Allah mais sous la dictée des orientations de la société.

Cependant, la primauté des règles sociales sur celles religieuses qui sont censées pourtant organiser la tabaski concourt à accréditer la thèse que la fête est socialement célébrée au Sénégal.

De ce fait, il importe de décortiquer le sens essentialiste voire spirituel de la tabaski afin de se libérer de l’enfermement et l’encerclement dans ce carcan carcéral des rituels et pratiques sociales.

II La tabaski : Un moment de retour vers Allah :

Contrairement au festoiement excessif qu’on veut l’assimiler, la tabaski décèle une dimension spirituelle importante. En effet, le sacrifice de la bête remonte à l’histoire d’Ibrahim, tradition que le Prophète (Psl) a perpétuée. Il faut dire que c’est à l’âge de 86 ans qu’Ibrahim, contre toute attente, eut son premier fils, qu’il nomma Ismaël.

Et Dieu l’éprouva en lui demandant de le lui offrir. Mais Ibrahim se montra obéissant à l’ordre du Seigneur. Allah lui rappela dans un songe la promesse qu’il Lui avait faite. Il dit alors à son fils :” Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses ” .

Ismaël dit à ce propos : ” Ô mon cher père, fais ce qui t’est commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants “. (Coran, Sourate37 Verset102).

Et le Coran qui rapporte ce dialogue, poursuit en ces termes :” Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front, voilà que nous l’appelâmes : ” Abraham ! Tu as confirmé la vision (…) Et nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse ” Sourate 37, Versets
103-104-105-107.

Il ressort de la lecture de ces passages du texte coranique que la tabaski doit être un moment fort d’introspection pour tout musulman car elle doit nous permettre de jauger notre degré de soumission à Allah.

En effet, Ibrahim comme son fils Ismaël ont fait montre d’une soumission exemplaire à Allah malgré le caractère ardu de l’épreuve.

C’est pourquoi vouloir confiner la Tabaski à une simple festivité folklorique relève d’une vision réductionniste voire simpliste car le sacrifice de la bête représente un acte symbolique d’une grande spiritualité.

Cette épreuve d’Ibrahima est pleine d’enseignements que nous devons avoir la clairvoyance de décrypter au lieu de se laisser emberlificoter par la noce et les réjouissances.

Et parmi ces enseignements, il y a la crainte révérencielle en Dieu. Si la projection est faite en soi on comprendra aisément qu’il faut une croyance solide en Dieu pour pouvoir parvenir à immoler son propre fils.

En vérité l’homme développe une affectivité naturelle à sa descendance donc il n’y a que la crainte en Dieu qui peut vaincre cette affection instinctive et Ibrahim l’a fait.

De même son fils Ismaël est également pétri d’une foi inébranlable en Dieu car il n’a pas hésité d’un seul iota devant l’imminence de la mort jusqu’à ce que le Seigneur le remplace par un bélier.

Dieu dit dans le Coran : «Nous rachetâmes l’enfant par un bélier considérable » (Sourate.37, Verset.107).

Dans ce même sillage la tabaski nous enseigne qu’Allah a besoin d’un cœur pur exempt de tout vice.

En réalité l’acte cultuel en tant que tel est un moyen mais n’est pas la finalité. Donc le sacrifice du mouton est un moyen qui doit nous conduire à une finalité notamment une foi solide en Dieu et un cœur immaculé.

Cela se comprend à la lecture de ce passage du saint Coran : «Ni leur chair ni leur sang(les bêtes) n’atteint ALLAH, mais ce qui l’atteint de votre part, c’est la piété… » (Sourate.22, Verset.37).

Donc l’acte d’abattage est superficiel mais intrinsèquement, il doit nous conduire à la piété et un cœur comblé d’Allah.

En effet, Dieu n’aime pas qu’on L’associe à personne que ce soit sa famille, ses enfants ou ses biens. Or ceux-ci constituent de véritables obstacles pour accéder à Allah. En effet, l’amour de ces biens terrestres au détriment du Créateur Suprême est une forme d’associationnisme voilé.

Et, le Seigneur a voulu sonder Ibrahim en l’éprouvant d’immoler son unique fils d’alors. Et comme je l’ai dit plus haut l’homme a naturellement une affectivité à sa descendance mais Ibrahim qui a un cœur sain n’a voulu associé rien à son Seigneur. C’est pourquoi il s’apprêta promptement à immoler son propre fils qui pouvait s’ériger comme une barrière devant Allah.

A travers la Tabaski donc, nous devons apprendre qu’Allah a besoin d’un cœur sain qui ne soit entaché ni de la famille, ni des enfants encore moins des biens d’ici-bas, mais d’un cœur comblé de l’amour du Seigneur.

Le prophète Ibrahim serait dubitatif ou désobéissant s’il y avait un quelconque amour de son fils Ismaël.

De ce fait, un cœur sain est celui qui est exempt de tout amour si ce n’est celui de Dieu.

L’amour excessif des biens de ce bas monde en lieu et place du Créateur qui les a créés est constitutif d’un associationnisme.

Allah l’a bien corroboré dans le Saint Coran en nous rappelant à la Sourate 26 Versets 88-89 que la résurrection est : « le jour où ni les biens ni les enfants ne profiteront, sauf à quiconque vient à Dieu avec un cœur sain. »

Dans la même foulée la Sourate 34 Verset 37 confirme le verset précité. Allah nous y dit que : « Ni vos biens ni vos enfants ne sont chose à vous rapprocher à proximité de Nous(Allah) … »

La tabaski est donc une opportunité qui s’offre à tout musulman de rompre avec toute chose qu’il peut associer à Allah le Tout-Puissant. Et c’est cette leçon d’une haute portée spirituelle que le prophète Ibrahim nous a livrée à travers la Tabaski. Il est donc grand temps de délier ce qu’est la Tabaski de ce qui ne l’est point. Les coutumes et rites n’ont qu’un fondement social mais ne doivent pas prendre le dessus sur les règles directrices qui gouvernent la religion surtout dans la célébration de la tabaski.

De même on ne doit pas faire abstraction de la dimension spirituelle qui est l’essence malgré l’amplification folklorique et la théâtralisation sociale de la tabaski.

Cheikh Mabeye Seck
Magistrat
Septembre 2014

Le travail dans l’Islam ou « KHIDMA »

Dans la religion musulmane, le travail est avant tout un acte d’adoration. Si l’islam réprime l’oisiveté, il encourage, dans la même lancée, toute forme de travail licite que ce soit intellectuel ou manuel. En effet, la recherche de moyens de subsistance par des voies légales doit être la visée de tout musulman et même de tout individu. Le progrès et le développement de toute société reposent sur le travail. Au-delà de l’aspect temporel dans lequel nous le confinons, le travail constitue un combat qu’on mène sur la voie d’Allah. Donc naturellement, celui qui travaille pour la survie de sa famille et pour la satisfaction de ses besoins, est en train de mener une noble action selon le point de vue de l’islam. Pour preuve, un jour, un homme passait devant le Prophète (psl) ; les compagnons de l’Envoyé d’Allah dirent : « Ce serait mieux pour lui  s’il peinait dans la voie de Dieu ». Le Prophète (psl) répondit : « S’il bossait pour nourrir ses enfants à bas âge, ou pour nourrir ses ascendants âgés ou pour se prémunir contre le besoin, il est dans la voie de Dieu ».

La meilleure nourriture disait le Prophète (psl) est celle que l’on acquiert au moyen du travail de sa main. Dans le Coran également, Dieu encourage à la prière autant qu’au travail. « Lorsque la prière est achevée, dispersez-vous sur terre, recherchez la grâce d’Allah ; invoquez souvent le nom d’Allah, afin que vous réussissiez » (Le Coran 63-10).

Donc le travail est un pilier essentiel dans la religion musulmane mais aussi dans la marche du monde. Naturellement, celui qui incite au travail réprouve la mendicité par paresse. Autrement dit, de la même manière, qu’il n’est pas permis d’être oisif et de se contenter de dire « Mon seigneur, donne-moi. », il n’est pas non plus  permis de tendre la main aux autres sauf cas de force majeure. La mendicité, qu’elle soit  apparente ou déguisée, doit être bannie de notre société puisqu’elle ne fait que nous enfoncer dans le sous-développement. Le Prophète (psl) a dit que « chaque fois qu’un serviteur ouvre une porte de mendicité, Dieu lui ouvre une porte de pauvreté ».

Un jour, quelqu’un demanda au Prophète (psl) de l’argent en aumône, alors qu’il était bien portant, l’Envoyé d’Allah l’interrogea s’il avait quelque chose à la maison; l’homme répondit : juste une couverture et un récipient pour boire l’eau. Le Prophète (psl) lui demanda de les apporter. Une fois cela fait, le Messager (psl) mit cela en vente. Certains proposent un dirham, d’autres deux. A terme, le Prophète (psl) vendit cela et remet les deux dirhams à l’homme. Il lui conseilla ensuite de payer avec le premier dirham de la nourriture pour sa famille, et d’acheter avec l’autre dirham une pioche, ce que l’homme fit. Au retour le Prophète (psl) lui demanda d’aller se servir de l’outil pour gagner sa vie. Au bout de quinze jours, il a gagna, du fruit de son propre labeur, dix dirhams.  Le Messager (psl) lui dit alors : « Cela vaut mieux que la mendicité qui va être une marque sur ton visage le jour de la résurrection ». Donc la mendicité, même si elle est autorisée dans certaines conditions, elle n’est pas du tout encouragée par l’islam. Notre religion considère le mendiant, s’il est sain de corps et d’esprit, comme un individu sans personnalité et sans dignité.

De façon globale, le travail demeure, pour le musulman,  la seule alternative pour subvenir à ses  besoins et participer  à la bonne marche de la société. Nous affirmons avec force que le travail qui présente le plus grand intérêt est le travail que l’on accomplit pour la véritable cause de l’Islam. C’est bien de travailler pour aider sa famille, avoir un cadre de vie décent; mais si on devait se limiter à cela, un certain égoïsme s’installerait. Au-delà de cette forme de travail, il faut savoir suer, travailler pour la  cause de la religion.

C’est le sens de ce travail qu’a bien compris CHEIKH AHMADOU MBACKE MAA-UL HAYAAT. Il ne cesse d’inviter ses disciples, les sénégalais  et l’humanité tout entière à s’investir corps et âme pour la réussite des projets de l’islam. Les champs qu’il cultive, les nombreuses actions qu’il entreprend s’inscrivent dans la lutte contre la pauvreté, la restauration de la dignité humaine et le développement du pays. Tout cela est fait sans tambours ni trompettes. Si son exemple était largement suivi, nous sortirions à coup sûr du sous-développement et entrerions dans le cap de l’émergence tant chanté par nos dirigeants.

Moussa THIAW
Professeur de Lettres
Décembre 2015

LE CONSOMMER LOCAL, UNE VOIE DU DEVELOPPEMENT

Le Sénégal a hérité de la colonisation des habitudes de consommation extraverties qui ont entrainé, surtout en milieu urbain, l’abandon des céréales et légumineuses locales (mil, maïs, fonio, ect.) au profit de produits importés. Cette situation est aggravée par une urbanisation galopante et la persistance du complexe d’infériorité inculqué par le colonisateur.
Ainsi, le Sénégal détient le record des importations en Afrique de l’Ouest et sa production nationale couvre à peine la moitié de ses besoins céréaliers. Paradoxalement, chaque année des tonnes de riz, d’oignons et de pommes de terre périssent dans la vallée et dans d’autres lieux de production, faute d’écoulement sur le marché national.

La quantité importante de produits importés engendre une importante sortie de devises et un déséquilibre au niveau de notre balance de paiement. Cela cause également des pertes d’emplois et d’opportunités de revenus pour tous les acteurs potentiels des filières concernées : producteurs, transformateurs, commerçants, utilisateurs et consommateurs. En conséquence, notre pays reste tributaire du marché international. Et cet état de fait, non seulement, pose un problème de souveraineté mais crée une situation permanente d’insécurité alimentaire.

Pour mettre un terme à cette réalité, nous devons consommer local. De plus, les pouvoirs publics doivent privilégier les producteurs locaux en mettant à leur disposition des semences de qualité, des intrants et du matériel agricole performant. De même, la mise en place d’un système adapté de commercialisation de la production est un impératif.

Le consommer local nécessite également la mise au point et le transfert, aux acteurs de l’agroalimentaire, de technologies de transformation adaptées aux produits locaux. Cela réglerait, en partie, l’épineux problème lié à l’écoulement. La promotion de ces produits transformés auprès des utilisateurs ainsi qu’une diversification des modes de préparations sont aussi nécessaires.

Si l’on parvient à tout cela, il est évident que les acteurs potentiels du secteur agricole seront encouragés et motivés. La suite logique sera le développement des possibilités de création d’emplois et une baisse du volume des importations.

Par ailleurs, il convient de préciser que la consommation des produits cultivés sur le sol sur lequel nous vivons n’a pas le même effet que les produits importés. En effet, c’est le Seigneur (que Sa grandeur soit exaltée) qui nous a créés et nous a choisi un terroir. C’est Lui également qui assure notre subsistance (cf., Coran, sourate 11, verset 6).

Donc pour espérer avoir une autosuffisance alimentaire nous devons consommer des produits cultivés chez nous. Pourvu que ceux qui ont la possibilité de cultiver le fassent et que ceux qui en sont privés acceptent d’acheter et de consommer les denrées produits localement.

Nous ne disons pas qu’il faut exclusivement se limiter aux produits locaux. En réalité les accords signés entre les Etats et les mouvements des personnes à travers le monde ne le permettent pas une telle autarcie.

Mais, le fait de produire l’essentiel de sa nourriture est très avantageuse car on ne sera l’otage des spéculateurs. En plus, on tiendra surement compte de son bien-être en évitant l’utilisation à l’excès de produits chimiques tels que les engrais et pesticides.

Il n’est pas besoin de souligner que les agriculteurs qui s’orientent exclusivement vers l’exportation abusent de ces produits pour avoir des rendements élevés en un temps record. Ainsi, ils peuvent causer de graves maladies chez les consommateurs.

En outre on n’a pas toujours d’information sur les circonstances et conditions de production. Nous faisons ici allusions au caractère licite des semences et du matériel agricole, la pureté de corps et l’état d’ébriété du producteur. En effet, facilite les actes de dévotion, le fait de consommer un produit issu de semence licite et dont le producteur, en état de pureté corporelle, avait dit « Bismillâhi » pour commencer et arrêtait son travail à l’heure de la prière pour s’acquitter de cette obligation divine. Mieux si, tout au long de ses activités le cultivateur évoque les très beaux noms de son Seigneur, la production sera très fructueuse et aura de la « baraka » (bénédiction).

Mais pourquoi n’aimons-nous pas consommer local alors que c’est un passage obligé vers le développement et la sécurité alimentaire? Cette question mérite réflexion si l’on sait que nos produits locaux sont très riches en nutriments. Prenons, pour illustration, l’exemple du mil, du mais et du niébé.
Le mil est une grande source d’énergie par ce que constitué, essentiellement, de glucides (83%) et de protéines (12%). Il contient, en plus, des lipides (4%) concentrés dans le germe et composés d’acides gras polyinsaturés. Le mil renferme aussi une variété de vitamines (B1, B2 et A) et de nombreux minéraux (calcium, potassium, magnésium, sodium, fluor, fer, zinc, etc.). Riche en fibres alimentaires, il présente ainsi un grand intérêt nutritionnel et aide, de surcroit, à prévenir certaines pathologies comme le diabète et le cancer.

Le maïs, l’une des céréales les plus consommées dans le monde, est riche en glucides. Il contient des vitamines (B1, B9, E, C) et des minéraux (phosphore, calcium, potassium, magnésium, cuivre, fer, sodium). La vitamine B9 joue un rôle très important puisqu’il participe à la prévention de la malformation chez le nouveau-né.

Le niébé est riche en protéines, en glucides, en vitamines, en minéraux essentiels (fer, calcium, zinc, potassium, magnésium) et en fibres alimentaires. Sa consommation contribue à réduire le taux de cholestérol et stabilise la glycémie. Le niébé peut être utilisé dans la fabrication de farines infantiles à haute valeur nutritionnelle grâce à sa richesse en protéines et en minéraux. Mélangé aux farines de mil ou de maïs ou de sorgho, il apporte les acides aminés manquants qui sont indispensables à l’organisme.

Nous sommes conscient du fait que les habitudes alimentaires sont difficiles à changer et que la bataille pour le consommer local est un travail de longue haleine. Mais nous gardons espoir qu’on jour on y arrivera.

Le développement et la souveraineté de notre pays en dépendent. Les avancées déjà enregistrées dans le domaine de la transformation de nos produits locaux avec la prolifération de GIE qui s’activent dans l’agro alimentaire et les orientations de l’Etat avec la mise sur pied d’instituts comme l’ITA (Institut de Technologie Alimentaire) nous y autorisent.

L’appel de Chefs religieux comme le Khalife général des Mourides, Sérigne Cheikh Sidy Moukhtar MBACKE, et de Cheikh Ahmadou MBACKE Maa-ul-hayaat (qu’Allah swt leur accorde une longue vie et une bonne santé) à un retour vers l’agriculture, nous conforte dans notre position.

MODOU DIOP
Professeur de Physique et Chimie