Sermon de Cheikh Ahmadou MBACKE Maa-ul Hayaat: Thiant 2013

Nous entamons nos propos en invoquant notre Seigneurs (SWT), en implorant Son pardon et en Lui témoignant toute notre reconnaissance. Nous nous inclinons humblement devant Lui pour exprimer notre faiblesse, notre imperfection devant Lui, Le parfait, Le grand, Le sublime. Nous sommes des fautifs mais nous implorons son indulgence, Lui qui incarne la clémence et la miséricorde. Nous Le magnifions par ses glorieux attributs et Lui éloignons tout ce qui n’est pas digne de Lui. Considérez que celui qui vous adresse la parole est la plus faible, la plus insignifiante des créatures mais son seul sacerdoce est de rappeler le bien à quiconque le désire.

En outre, l’objet de cette assemblée qui nous réunit est de rendre grâce à Dieu en se conformant à Ses recommandations et en s’écartant de Ses interdits qui nous ont été transmis par le prophète (psl) et rappelés par son serviteur, Cheikh Ahmadou Bamba. Par conséquent, nous devons nous recommander mutuellement la droiture et la patience afin que chacun ait un viatique  pour cette présente vie et celle future, éternelle. Le Créateur nous recommande de Le suivre strictement, c’est- à-dire  distinguer Ses prescriptions de Ses interdits et accepter Ses décrets. D’ailleurs toute créature qui  perd  de vue cette volonté divine ne sera jamais tranquille. Dans ce sens, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké disait que la plupart d’entre nous éprouvent des difficultés car ils n’ont pas foi en Dieu mais placent leurs espérances envers des semblables. C’est la raison pour laquelle, Cheikh Ahmadou Bamba disait : « quiconque t’indique Le Seigneur t’as aidé ». Le jaloux qui souhaite la perte d’une faveur à autrui et l’orgueilleux qui se targue d’une richesse, d’une beauté ou d’une situation quelconque ont oublié que c’est Dieu le pourvoyeur. Aussi, quiconque perd une faveur, qu’il s’en remette à Dieu qui peut-être, la lui a retirée  par  amour.  De  plus, certains sont très prompts à consulter un devin à la moindre souffrance  au  lieu  de se confier à Dieu. Bref, toutes nos difficultés ont pour source le refus de considérer Dieu comme le  principe de toute chose. De ce fait, quiconque accepte cette volonté divine se verra agréablement surpris mais quiconque agit contre celle-ci, sa surprise sera amère.

Nous nous réunissons aujourd’hui en tant que parents, guide religieux ou enfants. Que le parent sache qu’Allah lui recommande de se protéger de l’enfer et d’en prémunir les siens. C’est-à-dire que le parent à l’obligation d’exécuter les recommandations divines et de s’éloigner de toute prohibition, tout en éduquant ses enfants dans ce sillage. Malheureusement,  nombreux sont les parents qui privilégient la réussite ici-bas de leurs enfants au détriment de celle futurs éternelle. Un tel choix pourrait susciter la discorde  entre  eux  le  jour  du  rassemblement. Par conséquent, un conjoint doit chercher une épouse noble de caractère, honorable et chaste afin que leurs enfants qui naîtront dans la pureté, telle une feuille blanche, grandissent dans un environnement favorable au développement de cette candeur que nulle corruption ne pourrait dénaturer. De plus, d’aucuns pensent qu’ils ont tous les droits de disposer des biens de leurs enfants alors qu’en amont ils ne se sont jamais préoccupés de leur salut. Ainsi, Dieu, de par sa justice, ne permet jamais qu’un tel parent profite avec égoïsme de son enfant. Donc, éduquons les enfants selon les principes de l’islam.   Quant aux enfants, qu’ils suivent les parents, les respectent  et les honorent pour la  face  de   Dieu. Aussi, évitons de  porter  préjudice  à  notre  voisin  à travers nos intentions, propos ou comportements. Bref, les parents doivent connaître leurs devoirs envers leurs progénitures et vice  versa. Il  en est de même des aînés envers les cadets. La sagesse qui détermine la volonté divine  de  nous  regrouper  en famille est le souhait  de  nous  voir nous soutenir mutuellement. Il s’agira pour les enfants d’être guidés, surveillés, éduqués, entretenus jusqu’à la maturité.

En outre, chers parents, frères et sœurs en l’islam, je vous conseille de profiter de ce mois béni du ramadan, un mois de miséricorde, pour adorer autant que faire se peut le Seigneur (swt) qui nous a fait la faveur d’être encore sur terre. Tout à l’heure, nous formulions des prières pour le repos de l’âme de Serigne Saliou Thiam alors que l’an passé seulement, il  était sur ce  présidium  et  avait  fait un sermon riche d’enseignements. Celui qui l’a arraché à notre affection n’épargnera personne. Quant à Serigne Saliou, nous avons un espoir ferme que la miséricorde d’Allah (swt) l’accueillera eu égard à la manière de sa disparition. En effet, la veille de son décès, il s’était rendu à un dahira durant lequel il a lu le saint coran et Nourou, daraini (Xassida de Khadim Rassoul), a exalté la grandeur de Dieu et s’est recommandé la droiture avec ses condisciples. A son retour à la maison, il se couche. Au réveil, il fait la prière matinale en assemblée. Ensuite, il reste seul en situation d’adorer son Seigneur après la prière. Au lever du jour, c’est dans cette situation que son voisin l’a trouvé décédé. Donc, il a une fin heureuse mais qu’en sera-t-il de nous ? Il faut rappeler que durant sa  vie,  il  a  enseigné  à  nombre   de

ses amis les khassaides de Serigne Touba. Pendant ses vacances, il quittait l’université et se retirait dans les daaras, à Rawdatou Salihiine ou   à Manaaroul Houda pour s’adonner   à la méditation. Il fut un disciple cultivé religieusement, raffiné dans ses manières, son langage, sa façon de vivre à tel enseigne qu’on a pu croire qu’il fut de la famille Mbacké. Serigne Saliou est parti avec mon agrément ! De plus, je dois rappeler que son allégeance à mon égard est scellée par notre vénérable guide Serigne Saliou Mbacké. Serigne Saliou Thiam lui- même a vu en rêve Serigne Saliou MBacké prendre sa main et la posa sur la mienne en signe d’allégeance. Que  la  terre  lui  soit  légère,  que  sa lumière se répande sur nous et qu’Allah préserve sa famille.

De plus, je réitère à tout le monde, mes propos à l’égard de Cheikh Yahya Sy lorsque nous n’étions que deux. Je lui avais dit que si tu viens chez moi et que je te parle d’autre chose que des recommandations d’Allah (swt), de son prophète (psl) et de Serigne Touba, ne me fréquente plus. Aujourd’hui que le groupe s’agrandit de plus en plus, je réaffirme que, si mes propos n’ont aucun impact sur un disciple, qu’il me laisse et aille chercher un autre guide. La fois passé, un journaliste est venu me trouver à Manaroul Houda pour s’entretenir avec moi. Il me demanda :

« Vos discours sont très virulents et que les gens n’apprécient guère cette fermeté dans les sermons. Qu’en pensez-vous  ?  »  Je  lui  répondis : « c’est Dieu qui m’a créé ainsi, celui qui m’accepte, me suit, celui qui ne peut me souffrir, peut partir ». Je ne me préoccupe ni des départs, ni des arrivées mais mon idéal est de dire   la vérité rien que la vérité, de sorte que moi-même, si je n’avance pas par manque de détermination, quiconque est mu par la volonté de s’amender dans la voie droite progresse en toute quiétude.

Aussi, le thème qui nous réunit aujourd’hui et que développait Serigne Abdoul Aziz est de rappeler l’enseignement  de  Serigne  Touba, un enseignement conforme à l’islam. De nos jours, nombreux sont  ceux qui guident leurs disciples vers les plaisirs mondains et sont prêts à combattre toute personne qui œuvre pour l’agrément de Dieu mais ce sera en vain car la vérité et la droiture triompheront   à   jamais.    Sachez que les enseignements de Serigne Touba sont les recommandations qu’Allah a ordonnées au Prophète Mouhamed (psl). Serigne Touba enseigne que quiconque  s’astreint aux recommandations divines et s’éloigne des interdits qu’il sache  que lui et moi habitons  ensemble  tant qu’il est sur cette voie. Quant à celui qui fait le contraire qu’il soit conscient que nous n’avons aucun lien tant qu’il ne s’amende pas. Il enseigne que celui qui désire le salut ici-bas et à l’au-delà pour lui-même, sa demeure et les siens qu’il souhaite du bien, le dise et le fasse voire vit   de ses propres ressources. Serigne Touba avait aussi l’habitude de dire que celui qui veut accéder à l’enceinte scellée de Dieu qu’il s’accompagne des recommandations divines qui le guideront jusqu’au paradis et considère Ses interdits comme un ennemi dont l’éloignement préserve de l’enfer, un brasier entretenu par les hommes et les djinns. Que Dieu nous en préserve. De même, il dit que quiconque arpente la voie agréée par le Seigneur sans  se détourner, ni s’arrêter, arrivera à destination. Ne croyons jamais que les grades ou dons du Seigneur sont réservés à nos illustres prédécesseurs. Ces vénérables hommes de Dieu avaient soifs de leur Seigneur et ils ont    suivi   le chemin tracé par les saints qui les ont devancés, de sorte qu’au terme de leur cheminement, Allah les a gratifiés de bienfait s pour leurs sacrifices. Quiconque suit cette voie souffrira mais s’il persévère tout le monde saura qu’il est sur la droiture.

Sachez qu’Allah ne récompense que celui qui se donne entièrement à lui. Et il l’éprouvera pour mesurer sa sincérité. Ainsi, si la personne a du courage à toute épreuve malgré la risée populaire, elle se hissera au sommet des stations les plus mystiques. Il dit aussi qu’il est difficile d’appliquer les actes obligatoires comme méritoires de la religion, de même que s’éloigner des interdits. Il est aussi contraignant d’éviter le blâmable et d’œuvrer pour le bien mais la récompense obtenues pour ses souffrances sont les bienfaits et le repos paradisiaque. Par contre, s’adonner aux interdits et à ce qui n’est pas recommandé procure du plaisir mais un plaisir qui débouche sur du supplice, des réprimandes, des malheurs  et  de  problèmes qui sont synonymes de l’enfer. Que Dieu nous en protège. La voie qui mène à l’agrément d’Allah n’est jamais aisé  à emprunter. Dans ce sens, Serigne Touba dit : « Je vous informe que j’ai enduré des souffrances avant d’obtenir l’agrément éternel d’Allah (swt).» Donc, celui qui veut demeurer dans  la droiture, qu’il ne se soucie ni des louanges, ni des critiques. Toutes les fois qu’un disciple s’engage dans la voie de la félicité, il sera confronté à des personnes qui veulent le détourner en lui miroitant des biens périssables de cette vie passagère. Cependant, ce disciple doit savoir qu’aucune de ces personnes n’a ététémoin de sa création. Personne ne peut lui alléger les râles de l’agonie, ni l’accompagner ou lui tenir compagnie dans la tombe. Mieux, le moment où tu seras seul à seul avec ton Seigneur, personne de sera présente. Donc, romps toutes relations avec quiconque veut s’interposer entre toi et ton Seigneur. Le prophète (psl) dit que le chemin qui mène au paradis est revêche alors que celui qui conduit en enfer est plaisant. Par conséquent, il est contradictoire de vouloir le paradis et vivre dans le délassement et la quiétude. Donc, celui qui souhaite le paradis qu’il demeure dans les prescriptions malgré leurs aspérités et se détourne des plaisirs que réclame l’âme  charnelle. Ne perdons jamais de vue que tout est finissant et que    la mort frappe à l’improviste. Nous ne sommes pas  certains  de  mettre  la main sur les convoitises. C’est pourquoi notre préoccupation devrait être d’avoir constamment à l’esprit la mort pour parer à toute surprise. Pour y parvenir, il convient de vivre de sorte que si la mort nous annonçait sa venue, nous ne changerons rien de notre comportement. Dans ce sens, Serigne Touba recommande d’être dans une attitude qui, si la mort s’annonçait, on ne changerait pas. Donc, un disciple qui suit ses penchants personnels et se réclame de Serigne Touba se leurre. Il existe des c o m p o r t e m e n t s qu’aucun disciple n’ose adopter devant les créatures. Par conséquent, ayons la retenue de commettre certaines choses devant le Créateur   Absolu qui nous voit à tout moment et à tout lieu.

Bref, comme le chemin qui mène au paradis est sillonné d’embûches donc s’astreindre à contourner ses obstacles suffit largement comme tâche dans cette vie. Aussi, étant donné que celui qui conduit en enfer est plaisant, alors se contrôler dans les quêtes de plaisir peut préserver l’individu. Mais celui qui ne contrôle pas son regard, ses oreilles, ses pieds voire ne distingue pas les richesses licites et prohibées, ne peut guère avoir l’agrément d’Allah. Pourtant, le prophète (psl) nous a enseigné de privilégier ce qui demeure au détriment de ce qui s’achève. Et tout un chacun sait que cette vie est éphémère et que ses jouissances sont de courte durée.

traduit par Bounama Mbengue
Juillet 2015