SERMON DE CHEIKH AHMADOU MBACKE MAA-UL HAYAAT: THIANT 2012

Que le salut, la félicité, le pardon et les bienfaits de notre Seigneur (swt) soient sur l’assistance et  l’humanité toute entière. Nous rendons grâce à Dieu de manière infinie. Nous exaltons et célébrons sa grandeur en glorifiant Ses saints Noms. Nous nous réfugions auprès de Lui contre Satan. Nous Lui demandons de nous diriger vers son agrément et de nous éloigner de Sa colère en toute circonstance. Nous Lui demandons pardon sincèrement des méprises commises soit en  actes, propos ou intentions. Nous Lui devons de Le suivre, sans perdre de vue que nous retournerons à Lui et nous nous présenterons devant, Lui seul à seul, sans témoin. Même si cette échéance parait lointaine car renvoyant au jour du jugement dernier, elle s’applique aussi parfaitement l’imminent qui nous verrait  pieds et poings liés pour la tombe. C’est ce Seigneur qui est digne de  considération et non les créatures qui nous distraient. Nous Lui devons aussi remerciement de nous avoir créés du néant et nous dotés ensuite de force et de raison, sans nulle intervention et obstacle. De même, nous devons avoir la certitude que Ses bienfaits et avantages qui nous sont destinés arriverons à nous sans accroc.

Que Son salut et Ses bienfaits ne cessent de répandre sur Son esclave et envoyé ainsi qu’à l’ensemble des élus. Que Son agrément et Sa lumière se déversent à jamais sur l’âme de  notre maitre Cheikhoul Khadim. Notre reconnaissance va également à l’endroit du Prophète (PSL) et de son serviteur (Cheikh Ahmadou Bamba) qui sont des guides éclairés qui mènent à notre Seigneur. Nous confondons dans cette reconnaissance tous les saints et guides religieux. Nous saluons Cheikh Sidi Moukhtar, Khalif général des mourides et prions pour sa longévité, sa santé, son salut et sa réussite dans les sentiers d’Allah, en compagnie de tous. Nous saluons Serigne Cheikh et l’ensemble de la famille de Serigne Saliou à qui nous devons une reconnaissance infinie. Nous saluons toute la famille de Serigne Modou Adjara MBacké et de Serigne Amdy Moustapha dont le khalif Cheikh Mouhammad Faadel est ici présent. Nous saluons aussi le préfet Pape Fall avec qui nous entretenons des liens qui transcendent ses fonctions administratives. Nous prions pour la réalisation des attentes des populations à l’endroit de l’autorité dont tu es le représentant. Les critères qui distinguent un homme d’Etat sont de loin supérieurs à ceux d’un guide religieux. Quelle que puisse être la grandeur de ces derniers, ils sont sous l’autorité de celui qui détient le pouvoir temporel. D’ailleurs, certains problèmes comme la corruption des mœurs ne peuvent être résolus que par des lois et réglementations mais non par un ordre religieux. Bref, qu’il soit en lui, ce qui est attendu d’un dirigeant, en tant qu’incarnation du pardon, de l’humilité, de la pitié, tout en considérant les citoyens de manière égalitaire.

Qu’il me soit permis de m’adresser à mes parents en la foi et l’agrément d’Allah. Nous vous saluons, et nous excusons des propos tenus non en tant que connaisseur ou modèle de droiture mais en simple créature, conscient de sa modeste position sur toute la ligne. Puisse Dieu qui  nous à chargé de cette mission, nous l’allège en élargissant notre esprit et en nous pourvoyant de toute l’éloquence  pour une intelligibilité de nos propos au profit de tous. Sachez que je ne suis point un être pur qui veuille sermonner ses semblables mais plutôt quelqu’un qui mène un combat contre son âme charnelle pour y extirper tout ce qui est prohibé et la remplir à jamais de l’amour en Allah et souhaiterais que cela fasse tache d’huile. Telle est la motivation de cette conférence qui réunit des hommes venant d’horizons diverses et qui doivent retourner chez eux le cœur purifié et rempli de lumière.

Le thème de cet entretien est : « Comment purifier les caractères et purger les passions ». En effet, ces passions de se délecter des lumières divines. Donc, il est impératif pour l’être humain de combattre le bas monde, les plaisirs mondains, l’âme charnels, Satan ; de sorte que lorsque la dernière heure sonnera, qu’il puisse sortir de ce monde en toute pureté et bénéficier de l’agrément d’Allah. Cette confrontation de l’être contre ses penchants charnels est inévitable car leur fusion est à l’instar de l’or et de ses impuretés. Ainsi, pour obtenir, le métal jaune dans sa pureté, il faut le faire fondre à des degrés élevés (1 063 °C). Tel doit être le combat que se livre l’être en son sein, confrontation dont l’issue sera la purification qui engendre à son tour le salut bienheureux. Par exemple, quelle que soit la dureté des conditions de travail, le profit que génère cette besogne amoindrit la fatigue et le découragement. Donc, le musulman qui aspire au salut, et conscient à la fois de l’éphémérité de ce monde-ci et de l’éternité de l’au-delà,  donnera la primeur à ce qui dure au détriment de ce qui passe, comme le recommande le Prophète (PSL). Est perdant alors celui qui se considère non en passage mais fixe dans ce monde. Il sera l’esclave de ses plaisirs et de ses passions.

Par conséquent, il faut œuvrer pour la perfection des caractères qui est la seule voie de noblesse reconnue par le Seigneur (swt). Il convient donc, pour accéder à ce grade de s’astreindre à la droiture en évitant la médisance, l’ostentation, la méchanceté… Même si on est informé des écarts de conduite d’une personne, on ne doit point les divulguer, comme nous le conseille Serigne Touba dans Nahdjou Hadayil Hadj. Quiconque médit de quelqu’un, s’il se rappelle que tout propos tenu ici sera réitéré devant son Seigneur, se gardera d’un tel acte.  D’ailleurs, qui sait si, notre Seigneur l’eut déjà pardonné. Et que répondra ce diffamateur si son Seigneur lui demande de Lui rendre compte de cette calomnie ? Il est aussi important, de savoir pardonner même à celui que nous entendons médire de nous. Apres avoir pardonné, il faut ensuite recommander le bien et interdire le mal quand bien même qu’il n’est pas confortable de le faire. Car celui dont le métier est de guider les hommes en leur recommandant de faire du bien et d’éviter le mal sera objet de critiques qui ne se fondent que sur la méchanceté et la totale méconnaissance des caractères de ce noble conseiller.

D’ailleurs, c’est dans ce sens que Cheikh Abdoul Ahad s’inquiétait de celui qui hait Serigne Touba ou qui l’ignore. Parmi les nobles caractères, on peut retenir aussi le fait d’entretenir des relations avec un détracteur. Quand bien même que Satan  veuille nous faire le contraire en suscitant en nous l’orgueil et la fatuité, agissons conformément  à Allah et à son Prophète (PSL) qui nous recommandent la concorde. Aussi, au nom d’Allah, fais des présents à celui qui t’en prive. Pardonne à celui qui t’offense, mieux fais la sourde oreille. C’est pour parachever la noblesse de ces caractères que le Prophète a été  envoyé. Et parmi, ceux-ci,  prime l’abandon de ce qui est licite comme nous le faisons durant ce mois de Ramadan en nous abstenant de manger, de boire. Bref, quiconque est à mesure de s’éloigner du licite, sera maître de soi devant le prohibé. Telle est la visée du jeûne.

En outre, le Prophète (PSL) enseigne que la crainte révérencielle et l’élégance de caractères pèsent plus dans la balance que toute autre chose, le jour de la rétribution. Cette noblesse de caractères consiste à ne point porter atteinte à autrui à travers des propos, des actes, ses attitudes. Un jour, quelqu’un est venu s’agenouiller devant le Prophète et lui demander ce qu’est la religion. Il lui répond la noblesse de caractères. Il se met à sa droite et lui demande de nouveau, ce qu’est la religion. Sa réponse est la noblesse de caractères. Il se met à sa gauche et réitère sa question. Le Prophète (PSL) réaffirme lui aussi sa réponse. Enfin, l’homme se place derrière l’envoyer de Dieu et une fois encore sa question. Le Prophète (PSL) se tourne et lui dit : « N’entends-tu pas ? Etre dans la religion équivaut à ne point se fâcher ! »  Pour ne point se fâcher, il convient d’avoir constamment à l’esprit que personne n’agit mais plutôt,  l’être est agit par le Seigneur (swt).  Par conséquent, considérons que personne ne nous fait du tort mais c’est Dieu qui nous éprouve en passant par nos semblables. Si nous raisonnons de la sorte, nous ne nous irriterons guère des actes, propos ou conduites qui sembleraient porter atteinte à notre considération. Il a été demandé au Prophète (PSL) ce qu’était la guigne que d’aucuns définissent à tort comme le déclin dans les affaires à la suite d’un mariage ou  l’acquisition d’une nouvelle maison. Mais le Prophète (PSL)  appelle guigne le mauvais caractère qui conduit l’être humain à faire du mal à son prochain.

Quelqu’un est venu demander au Prophète (PSL) de lui donner des conseils. Il lui recommande la crainte révérencielle, la conscience du regard de l’Etre suprême sur lui où qu’il soit. Il lui demande encore des conseils, le Prophète (PSL) lui recommande de faire du bien pour se racheter, toutes les fois qu’il a agit en mal. Il lui recommande de ne jamais se rabaisser par des propos, actes ou attitudes envers autrui, de respecter les engagements pris tels les rendez-vous. Le non respect de la parole donnée s’assimile à un mensonge, un acte lourd de conséquence si on se réfère à ce qu’en dit Serigne Touba dans Jewheru Nafis. Ce sont des propos qui secouent le trône du Seigneur en se présentant à Lui en ces termes : « Je suis le mensonge de tel, fils de tel et de telle ». Le mensonge est pire que la fornication. Lorsqu’on a demandé au Prophète (PSL) quel est le meilleur des actes, il répond : « la noblesse de caractères ». En réalité, les actes de dévotion (prière, jeûne, zakat, pèlerinage) sont bons mais leur finalité est de façonner un musulman dans toute sa noblesse de caractères. Donc, quiconque demeure dans le péché malgré ses nombreux  actes  d’adoration doit revoir sa manière de se dévouer à son Seigneur.

Le Prophète (PSL) dit que le Seigneur n’enverra jamais un être humain en enfer (qu’Il nous en préserve) après lui avoir octroyé une beauté physique et un caractère noble. On n’a rapporté au prophète que quelqu’un jeûnait le jour et passait la nuit en prière et récitation du coran, mais il était de mauvais caractères car il débite des propos blessants à l’endroit de ses voisins. Il répond qu’un tel n’a point de bienfaits et qu’il est un homme de l’enfer. Donc, quels que puisse être tes actes d’adoration, ne cause jamais des dommages à tes voisins. Même si tu es en festivité n’oublie pas qu’un de tes voisins est malade, un autre doit se reposer ou dormir.  Ne lui porte pas préjudice aussi par des eaux usées que tu verses devant sa maison. Abu Dardar rapporte qu’il a entendu le Prophète (PSL) dire que les premiers actes qui seront mis sur la balance sont les nobles caractères et la générosité. Lorsque le Seigneur a créé la foi, elle Lui demande une faveur. Le seigneur l’inscrit dans la noblesse de caractères et la générosité. Par contre, à la création de la mécréance, celle-ci sollicite une faveur, et le Seigneur le voue à l’avarice et le mauvais caractère. C’est en raison de leur importance que le Prophète (PSL) dit que « votre religion ne sera complète  qu’à travers la noblesse de caractères et la générosité ».

Seydina Abu Bakr rapporte que le Prophète (PSL) lui a dit que notre Seigneur (swt) a trois cents et quelques caractères et un seul suffit à un musulman pour son salut mais celui qu’Allah préfère le plus est la générosité. Seydina Abu Bakr lui demande : «  En ai-je un ? ». Le Prophète (PSL) lui répond : « Tous ces caractères sont en toi ».  Le Prophète (PSL) dit aussi que le meilleur croyant est celui qui est le plus noble de caractères. Il n’a pas défini le meilleur musulman en fonction du boubou, de sa maison, de sa voiture, de l’importance de son salaire, ni le fils de tel et telle. Le messager d’Allah nous  a enseignés aussi que  nos biens sont insuffisants face aux besoins de nos semblables mais un visage accueillant et la noblesse de caractères leur suffisent. Dans ce sillage, le mauvais caractère corrompt les bonnes actions tel un élément étranger altère le lait. Il ajoute que le plus noble de caractères sera le plus proche de moi au jour du jugement.

En outre, Ibn Abass rapporte que celui qui détient un seul de ces caractères est un homme de bienfaits et que ses actes d’adoration seront acceptés. Une crainte révérencielle qui l’éloigne du péché, une douceur qui lui permet de tolérer tout le monde et un caractère noble qui lui autorise de vivre en harmonie avec ses voisins. Le Prophète (PSL) enseigne toujours que la noblesse de caractères dissout les mauvaises actions à l’instar du beurre qui fond sous l’effet du soleil.  Le bénéfice de la noblesse de caractères fait partie de l’agrément d’Allah. Quiconque veut la chance, qu’il ait un caractère noble et souhaite à tout un chacun ce qu’il désire pour lui-même. (A suivre)

Cheikh Ahmadou Mbacké Maa-ul Hayaat
Sermon traduit par Bounama MBENGUE, Maître Es-Lettres, CUSE