LES TROIS SORTES DE GUIDES ET LEURS CRITERES

Nous cherchons refuge auprès d’ALLAH, L’Audient, L’Omniscient contre les piéges de Satan, le Lapidé.
Au Nom d’ALLAH Le Clément, Le Très Miséricordieux.
Que la Paix et le Salut soient sur L’Eclaireur de la Voie du Salut et de la Félicité, l’Intègre, notre Maître et Guide Mouhammad le Raffermi, sur sa Famille, sur ses Compagnons qui ont acquis l’Agrément d’ALLAH et atteint la Station Suprême, ainsi que sur tous ceux qui les auront suivis et imités dans leur foi immaculée, leur culte pur et leur bienfaisance jusqu’au Jour du Jugement Dernier.
Chers condisciples, nous vous saluons. Nous nous excusons auprès de vous et vous pardonnons. Nous prions notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée) de nous pardonner nos erreurs. Nous lui demandons d’accepter nos œuvres pieuses, de les multiplier et de les garder là où aucun mal ne pourra les atteindre. Qu’IL augmente encore notre foi envers LUI et nous protège contre les machinations de Satan, dans nos cœurs, nos paroles et nos actes grâce à la Bénédiction du  Prophète Mouhammad, Son envoyé (que le salut et la paix d’ALLAH soient sur lui).
Ce rappel a pour but d’apporter des éclaircissements sur la voie droite c’est-à-dire la Siratal mustaqima, dans laquelle nous nous sommes engagés. Car, il est nécessaire pour celui qui est engagé dans une voie, de bien la connaître afin de pouvoir bénéficier de tous ses avantages. La connaissance est fondamentale, elle doit précéder l’acte.

Dans ce présent rappel, nous nous efforcerons de répondre à une question que m’a posée un disciple, à savoir : « qui doit accepter le pacte d’allégeance d’un disciple ? ».
Cette question a été aussi posée à Cheikh Ahmadou Bamba de son vivant. J’apporterai seulement sa réponse, lui le serviteur privilégié du Prophète (P.S.L). La question et la réponse se trouvent dans un ouvrage que Serigne Abdoul Ahad MBACKE avait confectionné durant son califat (3ème khalife de la voie mouride).
Dans le livre, on retrouve certaines lettres que Serigne Touba avait l’habitude d’envoyer à ses disciples pour les exhorter davantage à se conformer aux recommandations divines, des réponses à certaines questions de ses disciples et autres. C’est avec beaucoup de détermination que Serigne Abdoul Ahad a mené ce travail de récupération de ces lettres et réponses dont disposaient leurs destinataires. Il pouvait arriver qu’il les rachète à des prix parfois exorbitants. Mais ce qui était important pour lui, c’était de récupérer la copie. C’est la compilation de ces copies qui constitue l’ouvrage.
En réalité, la question du disciple mouride à Cheikh Ahmadou Bamba se présente comme suit : « Est-il permis à quelqu’un qui a déjà un guide, de l’abandonner, une fois qu’il rencontre un autre qui gagne plus sa confiance et son estime ? ». Avant d’apporter la réponse de Serigne Touba, insistons sommairement sur ce qu’est le mouridisme.
Le mouridisme est très ancien. Le concept même traverse toute l’histoire de la littérature des maîtres savants. On retrouve le terme mouride à plusieurs reprises dans Diawahirul mahân’nî de Cheikh Ahmad Tidjane, dans Ihyaa houloumou dîn de Imâm Ghazali, dans les écrits de Dassôkhi, Mouhamed Wafâ et d’autres. Dans toutes les confréries, on retrouve le concept mouride. C’est celui qui n’a comme seul désir, seule préoccupation, qu’ALLAH (que Sa Grandeur soit exaltée). Pour satisfaire son désir et sa préoccupation, l’aspirant (le mouride) doit maintenant trouver quelqu’un qui connaît bien la voie.
Avant de répondre à la question principale, Cheikh Ahmadou Bamba lui définit d’abord ce qu’est un guide ?
Il lui dit : « selon les érudits, il existe trois (03) sortes de guides : Cheikhou Tahlim, Cheikhou Tarbiya, Cheikhou Tarqiya (le guide enseignant, le guide éducateur, le guide qui élève l’âme) ».
I. Le guide enseignant (Cheikhou Tahlim) doit remplir 3 critères :
Il doit avoir :

  • Un savoir puisé du Coran et de la tradition prophétique (Sunnah) fortifié par une raison pure et véridique capable de fournir des indications et des références justes.
  • Un langage clair et cohérent.
  • Une raison pure pour discerner le vrai du faux. Ne jamais prendre tout comme une vérité. La connaissance livresque doit s’accompagner d’une faculté de discernement, car un livre n’est jamais neutre. L’auteur peut y dissimuler son appartenance idéologique ou politique. C’est pourquoi le guide enseignant doit tout d’abord répondre à ces questions avant d’enseigner un ouvrage : qui en est l’auteur, dans quel contexte écrit-il ? A qui s’adresse il ? Quel est son sujet ?

En plus de ces 3 critères, le guide enseignant doit :

    • Craindre ALLAH dans son cœur, ses paroles et ses actes.
    • Être modeste dans la quête effrénée du savoir et accepter la vérité où il la trouve et d’où qu’elle vienne.
    • Eviter certains milieux dont la fréquentation pourrait laisser des doutes sur sa probité.

II. Le guide éducateur de l’âme (Cheikhou Tarbiya)
Le deuxième guide doit aussi remplir trois (3) critères :

  • Il doit connaître ce qu’est l’âme ? Ce qui lui donne la force et ce qui l’affaiblit ? Quelle est la voie qu’elle doit emprunter pour avoir la satisfaction de notre Seigneur ? Comment aider le disciple à maîtriser ses propres pulsions et passions ?… Le guide éducateur doit pouvoir répondre à toutes ces questions pour être en mesure de purifier le cœur et l’âme du disciple.

Son savoir provient de l’expérience et de l’ésotérisme. L’expérience (tadjriba), parce que le guide lui-même doit d’abord passer par la lutte contre les plaisirs de son âme charnelle, maîtriser son âme charnelle, purifier son âme, bien connaître le chemin qui y mène avant d’y mener d’autres personnes. Le guide éducateur fortifie l’âme au détriment des plaisirs inspirés par le cœur. Car, comme le dit le Saint Coran « Au Jour du Jugement Dernier personne ne peut réussir sans un cœur saint ».
Le guide éducateur est comparable à un paysan qui veille sur son champ d’arachide en enlevant les herbes et les arbustes qui risquent de retarder la croissance des plantes. L’âme s’affaiblit, comme les plantes à cause des herbes et des arbustes. C’est pourquoi le guide éducateur doit bien connaître les composantes de l’âme, mais aussi le monde. Il doit être au parfum de l’actualité. Pour cela le guide éducateur doit comprendre le système des médias pour déceler ses inconvénients sur les musulmans.
Aujourd’hui tous les comportements notés chez les jeunes musulmans, sont véhiculés par les médias.
Une crise identitaire et une crise de repère gangrènent les musulmans. Par exemple, les coiffures des stars, leur mode d’habillement, leur façon de parler sont copiés par les jeunes qui délaissent de plus en plus les enseignements de l’Islam.
Avec les séries télévisées, les films, feuilletons, la dégradation des mœurs et des valeurs s’amplifie de jour en jour. Cependant, si tous les chefs religieux s’étaient réunis, ils pourraient lutter contre ces programmes de la télévision.
En Iran par exemple, la constitution donne une force à l’Ayyatolah. C’est pourquoi à travers son sermon de la prière de vendredi, il dénonce ce qu’il considère comme des pratiques anti-islamiques.
C’est tout à fait le contraire pour notre pays. Ici certains guides religieux ne parlent que pour leurs propres intérêts. A l’occasion de leurs cérémonies religieuses, ils adressent à l’Etat des remerciements, pour leur appui. Les soutiens qu’ils reçoivent les empêchent en effet de s’opposer à certaines pratiques gouvernementales contraires aux enseignements de l’Islam.
Les discours pour la défense des intérêts de l’Islam doivent aussi passer à travers les prières de vendredi. C’est pourquoi l’Islam l’a ordonné comme une obligation, pour servir d’occasion aux chefs religieux de rappeler les enseignements de l’Islam et attirer l’attention des musulmans sur la position de l’Islam par rapport à telle ou telle autre actualité. Le Prophète (P.S.L), de son vivant profitait de la prière commune du vendredi pour rappeler aux musulmans, les enseignements de l’Islam.
Donc le guide éducateur doit être en mesure de freiner toutes ces influences extérieures pour qu’elles n’aient aucun impact sur ses disciples.

  • Il doit connaître la Sharia (la loi) et les bonnes habitudes, connaissances puisées dans les livres ou acquises par l’expérience.

Le guide éducateur est comme un médecin. Il a plusieurs patients et de nombreux médicaments. Chaque médicament est destiné à guérir une maladie. Le médecin doit donc bien reconnaître les symptômes des maladies et les médicaments à prescrire.
Il doit aussi être en mesure de connaître la dose adéquate pour telle ou telle autre personne, car les corps se différencient du point de vue anatomique, les âmes aussi se différencient par leur puissance et leur force.
Il y a des âmes qui peuvent entendre certaines paroles et d’autres non. Certaines peuvent accomplir tel ou tel autre acte et d’autres non. C’est pourquoi le guide éducateur doit être en mesure de reconnaître le poids de chaque âme, ce qui lui permettra de saisir la voie dans laquelle il doit la faire passer pour la purifier. C’est la raison pour laquelle Imam Ghazali dit qu’on ne doit ordonner au disciple que ce que son âme est capable de subir, sinon on risque de le perdre.
En guise d’exemple dans l’interdiction de l’alcool le Saint Coran est passé par trois (3) étapes, de degrés différents.
Dans un premier temps il dit : « Dans l’alcool il y a un danger, il y a un bienfait, mais les dangers sont plus nombreux ».
A l’avènement de ce verset, ceux qui sont conscients ont abandonné l’alcool complètement pour éviter les dangers.
Dans un second temps, il dit : « Abstenez-vous de boire de l’alcool entre deux prières ».
L’intervalle entre deux prières étant court, certains le laissent pour de bon.
Et enfin, il dit : « C’est maintenant prohibé pour tout musulman ».

Donc, c’est un devoir pour le disciple de suivre scrupuleusement les recommandations de son guide et ne jamais en négliger aucune.
Mais, le disciple ne doit pas suivre n’importe quelle recommandation. Il y a certains guides qui se couvrent du manteau de « c’est mon grand-père qui a été dans le voyage de la mer ». Ainsi, ils donnent des recommandations que l’Islam n’agréées point. Ces guides ne doivent pas être suivis. On doit seulement suivre ceux dont les paroles et les actes sont en étroite conformité avec l’Islam.

  • Le troisième critère est proche du précédent. Le guide doit être en mesure de connaître l’impact que peut avoir un acte ou une parole sur le disciple. Dans l’ouvrage Anwaaroul Qoudsiyi, Imaam Chahrâni raconte qu’un jour le Prophète (P.S.L) avait rassemblé certains de ses compagnons pour leur parler. Avant de commencer l’entretien, il demanda qu’on vérifiât si une personne étrangère au groupe n’était pas dans l’assistance. Quand ses compagnons lui répondirent, non, il leur demandèrent de refermer la porte et il commença à parler. En effet, toutes les âmes n’ont pas la même dimension. C’est pourquoi le guide éducateur doit connaître pour chaque âme, la voie de sa purification. C’est la raison pour laquelle il habituait certains à la prière, et d’autres au jeûne, d’autres à l’aumône etc. Un jour Abdallah Ibn Omar traversa et le Prophète (P.S.L) dit : « Il serait bon pour cet homme d’être assidu dans les prières nocturnes ».

Notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée) montrera au guide éducateur la voie de purification pour chaque âme. Il revient maintenant au disciple de respecter et de suivre scrupuleusement les recommandations du guide sans arrières pensées, sans doute. Il ne doit non plus se préoccuper des recommandations données à un autre disciple. Serigne Touba disait : « Quand je donne une recommandation à quelqu’un, je la fait accompagner de quelque chose que je dépose quelque part. Ce qui me prouve que le disciple a fait cette recommandation, c’est que quand je regarde cette chose, je ne la retrouve plus à sa place parce qu’elle est allée sur lui. Par contre quand je la retrouve à sa place, cela me prouve que le disciple n’a pas accompli la recommandation ».
Le guide éducateur ne demande rien sans motifs. S’il demandait de déplacer un livre d’une place à une autre, il y a un motif que le disciple peut même ignorer. Pour chacune de ses recommandations, il faut les accomplir convenablement et s’attendre à d’autres, tout en sachant qu’on n’a pas encore ce qu’on cherche, c’est-à-dire l’Agrément d’ALLAH.
Il y’a un Saint qui n’avait pas accompli le pèlerinage à la Mecque. Ses disciples lui demandèrent le pourquoi, ce qui n’est pas, d’ailleurs, le devoir d’un disciple. Le guide leur répondit : « C’est au moment où les autres sont entrain de dormir que je tourne autour de la maison sacrée ». Un autre saint dit : « C’est la maison sacrée qui tourne autour de moi et non le contraire ».
Le disciple doit suivre scrupuleusement les recommandations du guide sans esprit critique sur les actes et paroles de ce dernier. Le disciple doit être comme un aveugle qu’on guide pour traverser un pont de 30 cm de large en dessous duquel il y a des fossés, très grands et très profonds. L’aveugle doit suivre les directives de son guide pour éviter de tomber dans ces fossés.  En guise d’exemple, il y a un Saint qui était assis avec trois de ses disciples. Une femme d’une beauté extraordinaire les traversa et entra dans la chambre du Saint. Aussitôt, ce dernier prit congé de ses disciples et rejoignit la femme dans la chambre. Quelques temps après, il en ressortit et demanda à l’un d’eux de lui apporter un récipient d’eau. Ce dernier eut des doutes, et ainsi il partit. L’autre eut des doutes, mais resta et le troisième n’eut aucun doute. Il leur expliqua que c’était pour les éprouver, pour savoir qui d’entre eux avait plus de confiance à son endroit. En réalité, la femme était un ange.
Mais ici, on parle du véritable saint. Malheureusement certains hommes, couverts du manteau d’un saint ou d’un guide religieux abusent de ces pratiques. Et souvent les disciples le prennent comme normal, alors qu’ils ne le font que pour leur propre plaisir. Toutefois, c’est le disciple qui doit avoir de l’éveil et la faculté de discernement entre ceux qui suivent leurs propres passions et ceux qui guident les Hommes uniquement pour la cause d’ALLAH.
Le guide éducateur doit donc comprendre les impacts que peut avoir l’influence du milieu étranger sur son disciple. Il ne doit pas non plus suivre ses propres passions. Il doit être juste, équitable, croyant et sincère. Il doit se détourner de tout ce qui est illicite. Il doit avoir un comportement exemplaire devant ses disciples, lesquels doivent aussi, être des références dans les bonnes habitudes, les bons comportements et la discipline.
C’est pour cela que Khalioun Chakhafiyou (que Dieu l’agrée) dit : « Si le savant n’a pas de bons comportements, son savoir ne lui sera d’aucune utilité, car il ne pourra pas servir de modèle à imiter ». Le savant doit apprendre les bons comportements chez un bon guide qui doit les puiser dans le Saint Coran et la tradition prophétique. Certes, les enseignements du Saint Coran et ceux du Prophète (P.S.L)  sont très vastes, mais le guide doit les maîtriser et en, faire les règles de sa conduite.

Le guide éducateur purifie le cœur et l’âme du disciple. Le Saint Coran dit à ce propos :
« Le bienheureux à l’Au-delà est celui qui purifie son cœur et le prive de tout ce qui n’est pas agréé par notre Seigneur. Le malheureux est celui qui suit ses propres passions (qu’ALLAH nous en préserve). »
Si le guide réunit ces critères, il revient maintenant au disciple de le suivre avec une ferme conviction afin de pouvoir accéder aux bienfaits apparents et cachés dont notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée)  lui a gratifiés.
Si vous remarquez, avant votre rencontre avec le véritable guide, vous étiez musulmans pratiquants, respectant les cinq piliers de l’Islam. Mais après votre rencontre avec cet homme de Dieu, ce que vous ressentez comme amour à l’égard d’ALLAH, le plaisir que vous éprouvez dans la pratique des actes d’adoration, la crainte envers notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée) ; vous ne le ressentiez pas avant. C’est ce qui vous prouve que ce guide a des bienfaits et des secrets lui venant du Seigneur.
En effet, les Saints héritent du Prophète (P.S.L) sur tous les plans (apparent et caché). Mais chacun n’hérite qu’en fonction de ses capacités. Car la lumière prophétique, (Al haqiqatul Mouhammadiyya) est un ‘’profond puits intarissable’’ dans lequel les hommes de Dieu et les Saints se sont abreuvés.
Il reste maintenant le troisième guide. C’est celui qui fait monter l’âme, qui l’élève vers différentes stations mystiques.
III. Le guide qui élève l’âme (Cheikhou tarqiya)

  • On reconnaît ce guide de vue. Le simple regard qu’on a de lui nous pousse à aspirer au bien et à accroître nos actes de piété.

Précisons que l’individu peut être un guide enseignant seulement ou un guide éducateur seulement ou un guide qui élève l’âme seulement. Mais aussi, un seul homme peut être les trois guides à la fois.
Parmi les critères du guide qui élève l’âme :

  • Quand on s’assoit avec lui ou quand on lui rend visite on éprouve plus d’amour, plus de crainte envers notre Seigneur et plus de plaisir à suivre Ses recommandations et à se démarquer de Ses interdits.

Donc, ce guide est plus élevé que les deux premiers. Comme le dit un disciple à propos de Mouhammad Ibn Wassih. « Si nous sentions un peu de faiblesse dans notre cœur, nous nous rendions chez lui pour avoir plus de force dans nos pratiques religieuses ». En effet, du temps du Prophète (P.S.L) un de ses compagnons du nom de Anzala rencontra un jour Abou Bakr et lui dit : « Vraiment Anzala est un hypocrite ! ». Abou Bakr lui demanda : « Pourquoi dis tu cela ? ». Anzala de répondre : « J’ai remarqué que quand je suis devant le Prophète (P.S.L), en écoutant ses sermons, j’ai comme l’impression d’être en face du Paradis et de l’Enfer. En ce moment je me détache complètement du bas monde. Mais lorsque je quitte le Prophète (P.S.L) pour me rendre au marché pour vaquer à mes occupations commerciales, j’ai comme l’impression que j’éprouve encore quelque chose du bas monde ».
Abou Bakr ne lui répondit pas, bien qu’il pût le faire. Mais il prit par la  main et l’amena chez le Prophète (P.S.L). Ils se présentèrent devant lui et Abou Bakr l’expliqua au Prophète (P.S.L). Il leur dit : « vous devez multiplier les rencontres que vous faites avec moi !». C’est pourquoi, il est recommandé au disciple d’être fréquent chez son guide pour éviter de tomber dans les pièges de Satan, ce qui serait une grande perte pour lui.

  • Le guide qui élève l’âme rappelle notre Seigneur. Sa rencontre élève le disciple, par la lumière qu’il fait pénétrer dans le cœur de ce dernier et un savoir caché que le disciple n’espérait pas avoir de son vivant. Ce guide élève l’âme pour lui redonner sa véritable nature qui est celle agréée par notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée).

Ces trois (3) sortes de guides ont leur fondement dans le Saint Coran et la Sunnah. Pour le guide enseignant, il doit impérativement se doter d’un savoir avant de l’enseigner et on ne peut avoir de savoir sans pour autant l’apprendre. Sa crainte envers ALLAH doit être avérée car : « Le Saint Coran est une lumière dans le cœur de celui qui craint notre Seigneur. »
Imaam Ghazali dit sans son ouvrage Mîn hadjoul haabidîn : « La connaissance livresque est très importante, car elle permet à l’individu de pouvoir adorer son Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée), mais le vrai guide est celui qui purifie le cœur et l’âme. Il conduit à une crainte sincère envers ALLAH. Il recommande l’adoration de notre Seigneur et un détournement de tous Ses interdits ».
Quant au guide éducateur, son fondement est également défini par le Saint Coran : « Suit celui dont le cœur, les paroles et les actes n’indiquent qu’ALLAH. Si tu le fais, tu seras comme lui. »

Aussi le guide éducateur en plus de ce qu’il te recommande de suivre les prescriptions divines, il doit aussi t’exhorter au travail. Car l’individu doit travailler pour gagner sa vie et préserver sa foi, aider ses parents et investir dans le sentier d’ALLAH. C’est pourquoi l’adoration d’ALLAH et le travail doivent aller de paire. Ainsi, il est permis au disciple de s’entretenir, de temps à temps, avec son guide à propos de son travail. Mais certains pensent que le travail et l’adoration sont incompatibles. Non ! Tout travail qui ne dégrade pas la foi, qui aide à soutenir financièrement ses parents et à dépenser dans le sentier d’ALLAH est un moyen d’adorer notre Seigneur. Dans ce cas ce travail atteint le rang de zikr.
Le Prophète (P.S.L) disait à ce propos: « Adorez Dieu comme si vous devez  mourir demain, travaillez comme si vous ne devez point mourir ! »
On doit respecter le travail car il fait partie des actes de dévotion. En effet, le Prophète (P.S.L) exhortait ses compagnons au travail et à l’adoration.
Le guide qui élève l’âme est au sommet de la pyramide des guides. Son fondement, c’est le Prophète (P.S.L). Anass dit : « Lorsque le Prophète est disparu, aussitôt nous sentîmes une faiblesse inimaginable ».
Il existe des êtres humains dont le simple regard, sur leur face, est un bienfait incommensurable. Ce sont des êtres de lumière, de miséricorde, de bienfaits, de bénédiction comme le Prophète (P.S.L). C’est pourquoi leur rencontre donne plus d’amour à l’égard d’ALLAH, plus de force dans les actes d’adoration, plus d’espérance et plus de maîtrise de ses appétits charnels. En effet, ces hommes sont les héritiers du Prophète (P.S.L). C’est pourquoi donc Anass dit : « Le fait que nous voyions la personne du Prophète (P.S.L) de son vivant nous était d’une utilité inimaginable. » L’héritier du Prophète (P.S.L) a aussi cette même valeur pour avoir puisé dans la lumière prophétique. C’est la raison pour laquelle on dit que le fait de regarder le visage d’un élu d’ALLAH est un acte d’adoration, de même que s’asseoir avec lui, ce qui conduit directement à la miséricorde divine.
De même, les rencontres que j’entretiens avec vous ont la même signification. Ce qui en ressort comme bienfaits, grâces et miséricorde, est incroyable. En effet, notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée) se glorifie de mes disciples auprès de Ses anges. IL leur dit :
« Regardez mes créatures, il ont une seule préoccupation sur terre : M’adorer. Ils se sont détournés de la vie et de ses plaisirs, ils parcourent des kilomètres et des kilomètres à la quête de Mon Agrément, ils suivent Mes recommandations, ils s’éloignent de Mes interdits. Donc que DOIS-JE faire pour eux ? ». Ceci est un hadith authentique. Mais pour celui qui sait voir ce qui est caché, il le comprend facilement.
Donc il est un devoir pour le disciple de savoir ce qu’il veut et où il peut l’acquérir. Suivre les recommandations de notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée), c’est ce qui est de plus important sur terre. Si notre Seigneur (que Sa Grandeur soit exaltée) nous en donne la conviction par Sa Miséricorde, nous devons en retour Le remercier et Lui rendre Grâce pour qu’IL accroisse davantage Sa miséricorde, Ses grâces sur nous et raffermisse notre foi.
Quiconque rencontre un guide qui réunit ces trois (3) critères, doit le suivre assidûment. Si par malheur, Satan le pousse à l’abandonner pour aller vers un autre  faux guide, il ne pourra plus jamais rencontrer le Pardon et la Miséricorde d’ALLAH. Si le disciple rencontre en premier lieu un guide qui ne réunit pas ces critères, ce qui est du reste le plus fréquent, qu’il l’abandonne et qu’il aille chercher celui qui les réunit.
Voilà donc, brièvement résumée, la réponse que je voudrais apporter à la question de ce disciple qui est comme je vous l’ai dit au début, la réponse de Serigne Touba. Elle figure aux pages 129-130-131 de l’ouvrage édité par Serigne Abdoul Ahad ibn Serigne Souhaïbou sur les consignes de Serigne Abdoul Ahad Mbacké ibn Serigne Touba. Quiconque désire avoir des informations sur ce sujet, telles sont les références du texte.
Que la Paix et la Bénédiction de notre Seigneur soient sur vous !